QUAND LE TEMPS D’UN CONCERT EN « LIVE »  LE PHILHARMONIQUE DE STUTTGART S’INVITE A LA MAISON !

Publié le 4 Août 2022

 

Lorsqu’on rêve tout seul, ce n’est qu’un rêve alors que lorsqu’on rêve à plusieurs c’est déjà une réalité.

J’ajouterai à ce souvenir égaré d’une lecture lointaine ce répons : « Un rêve transformé en réalité c’est un autre rêve. 

DU BEAU MONDE

Et nous ne sommes pas loin d’une trentaine de personnes à pouvoir témoigner de cette merveilleuse expérience fruit d’une technique élaborée.

"Les moments musicaux de la villa Marguerite.".

 

On connaissait celle de l’hologramme électoral que d’aucuns ont qualifié d’incroyable bifurcation politique et dans le décryptage duquel nous ne nous aventurons pas cette fois, préférant au résultat escompté la sensation inouïe et ô combien exaltante d’une rencontre à domicile d’un véritable orchestre laissant à un artiste, bien réel celui-là, le soin de prêter son talent à un programme dont n’auraient pas  - par exemple - à rougir les concepteurs de l’un des plus prestigieux festivals de l’été : celui de la Roque-d’Anthéron en Provence - Alpes Côte d’Azur dans le parc du Château de Florans. Un festival international de piano. L’un des plus réputés au monde. La liste est aussi riche que longue des pianistes qui ont enchanté ce cadre pastoral : il y a ceux qui sont partis mais qui ont singulièrement imprégné ce lieu mythique. Je pense à Nelson Freire et Radu Lupu. Mais la liste n’est pas exhaustive de Nicolaï Lugansky à Alexandre Kantorow, Anne Queffélec et autres Lucas Debargue, Benjamin Grosvenor ou Arcadi Volodos. Du beau monde et plus encore. 

Entre commentaires et illustrations musicales, ultimes réglages avant le début de notre concert en "live".

Une sorte de Wimbledon ou dans un autre genre des années 60, l’emblématique Woodstock de la musique dirigé, à La Roque, par René Martin.

La  Roque-d’Anthéron où l’on se doit, tant faire ce peut, de participer sinon d’assister.

Aujourd’hui, le progrès qui ne connait plus de limites ouvre la porte à tous les challenges.

En tous domaines.

Jusqu’à pouvoir acheter virtuellement des œuvres d’art, via ces NFT ou « non fungible tokens » (Jeton non fongible interchangeable) une abréviation sinon un langage barbare auquel il faudra pourtant bien finir par s’habituer.

Car ainsi va la société humaine partisane du jamais assez vite et du jamais assez loin.

Mais revenons à nos modestes intentions et en l’occurrence à cette envie de partager avec quelques amis une expérience un peu singulière : convier à la maison un ensemble orchestral comme d’autres engagent un chef étoilé pour élaborer un menu d’exception et bluffer de façon sympathique les amis.

Nous souhaitions quant faire autrement et pour une fois aller au-delà de la pratique habituelle. Faire en sorte que cette fois ce n’est pas l’orchestre qui suit l’interprète mais l’inverse. Exercice de haut vol et nécessité absolue de suivre l’orchestre et ses tempos.

 Michel Chanard, entre deux récitals et concerts, s’en est fait une spécialité originale.

Sous l'oeil impavide du David la maison sous les arbres attend ses invités.

Pour organiser avec lui et  depuis des années des rencontres musicales tant en France qu’au Maroc , je m’attendais au pire dans le genre. Mais c’était sans compter avec son professionnalisme et une passion pour l’originalité que je partage avec lui depuis quelques années.

Sa dernière proposition frisait pourtant le délire :

« Je t’amène cette fois, chez toi et au complet le philharmonique de Stuttgart ! »  (1)

 MYSTERIEUX DIALOGUE

Et notre ami d’énumérer une liste impressionnante d’œuvres exécutées par les orchestres les plus renommés. Pas seulement pour entendre chez soi – l’industrie du disque a fait depuis son chemin – mais en la circonstance il apparaissait clairement que nous devenions partie prenante dans l’exécution des œuvres choisies.

Une chaîne stéréo et des enceintes d’une extrême qualité – en l’occurrence des Cabasse – y contribuant.

Le rendu est alors autrement impressionnant lorsqu’en parfaite – et je dirais miraculeuse osmose – l’orchestre dirigé par Emil Kahn et en l’occurrence Michel Chanard au piano, comme il est de mise dans tout concerto, engagent un singulier et mystérieux dialogue.

Une trentaine d'invités sont attendus pour apprécier le philharmonique de Stuttgart et le pianiste Michel Chanard.

De J.S Bach avec le concerto pour piano et cordes N° 5 en Fa mineur BWV 1056, à Beethoven avec son magistral et révolutionnaire concerto pour piano et orchestre N°5 ( n’oublions pas que nous sommes en conflit avec l’Autriche)  mais surtout l’Adagio de cette œuvre, simple et prenante méditation - qui n’est pas sans rappeler le Benedictus de la Missa Solemnis -  où le piano donne discrètement le change à l’émotion créée par la masse orchestrale sinon une offrande musicale d’une noblesse et d’une élévation spirituelle remarquables en passant par le concerto pour piano N°23 en La majeur K 488 de Mozart qu’Olivier Messiaen plaçait au tout premier rang des 22 concertos pour piano, assurant :

« C’est sûrement le plus parfait de  tous, sinon le plus beau ! »

 Dont acte d’autant que nous partageons ce sentiment notamment avec l’Adagio joué dans la tonalité de fa dièse mineur ( exceptionnel dans la musique mozartienne) qui constitue le cœur de l’œuvre :

« La beauté de ce chant ne souffre pas de discussion. Même insensible, qui n’en serait ému aux larmes ? »  écrivait Henri Ghéon, poète et auteur.

CHARME ET RÊVE

Un improbable avatar technique en cours de concert apporta la preuve s’il en était que si pour l’homme la perfection n’est pas évidente, la modernité si raffinée et pointue soit-elle n’échappe pas à la règle.

Rassurant :  d’autant que l’interprète et pianiste Michel Chanard, le préposé à la délicate technique Philippe Jayat, et moi-même en présentateur soudain pris de court, avons courtement pris notre mal en patience récompensé à la reprise par les applaudissements de l’assistance séduite.

Le charme et le rêve signés Ludovico Einaudi.

Avec Ludovico Einaudi, compositeur et pianiste suisse, en manière de « bis »,  le charme et le rêve prenaient une autre dimension. Sans l’orchestre, cette fois, mais favorisant une intensité émotionnelle qui ne faisait qu’ajouter au charme d’une soirée qui s’acheva, comme de coutume, autour d’un substantiel buffet dînatoire.

Histoire de partager ce rare instant musical. Et de substituer, aux nourritures culturelles et spirituelles, les nourritures terrestres.   

Bernard Vadon 

  1. L’orchestre philharmonique de Stuttgart a été créé en 1924. Le chef Jacques Guyonnet a confié à son propos :

« Je n’ai aimé que deux orchestres symphoniques, le national du Brésil avec lequel la folie, le désordre, l’improvisation et le talent se mariaient pour donner de superbes concerts et le philharmonique de Stuttgart, en particulier avec lequel j’ai trouvé un immense respect du chef et du compositeur, ce qui ne fut jamais le cas à  Genève et pas souvent dans les pays latins. »

Aujourd’hui, Gabriel Feltz, l’un des chefs allemands les plus remarquables, grand défenseur des musiques du XIX e et XX e siècles dans le répertoire lyrique et symphonique, préside à ses destinées. Son contrat a été renouvelé jusqu’en 2024/2025.

L’orchestre pour notre soirée était placé sous la direction d’Emil Kahn.

Je m’attendais au pire dans le genre. Mais c’était sans compter avec son professionnalisme et une passion pour l’originalité que je partage avec lui depuis quelques années.

Rédigé par Bernard Vadon

Publié dans #J - 2 - B ( Journal )

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