LE PAPE FRANÇOIS A MARSEILLE : AU-DELÀ DU CHOC DES IMAGES …  CELUI DES MAUX !

Publié le 25 Septembre 2023

Le pape François a-t-il lu ou entendu Marguerite Yourcenar lorsque celle-ci s’était avisée, lors d’un entretien, de faire une escale sur le mot mer et d’exprimer à ce propos son ressenti sous la forme d’une confidence … « Et puis la mer … On a le sentiment d’être sur une frontière entre l’univers et le monde humain. » ?

La question reste entière. Pourtant, aux prémices de son court mais fructueux voyage pastoral « à Marseille mais pas en France », une subtilité de langage dont le pontife argentin – enfant d’émigrés italiens – a le secret, c’est devant le Mémorial dédié aux marins et migrants disparus en mer que le pape François a souhaité – outre son temps de prière à Notre Dame de la Garde -  inviter à faire silence.

Une relève manifestement assurée ...

Un précieux temps générateur de « compassion et de prières » avant le retour à la réalité et aux évidences du moment. Dans la mouvance d’un Paul Claudel et de son ode à Marie : « Je vois l’église ouverte, il faut entrer. Mère de Jésus-Christ, je ne viens pas prier.
Je n’ai rien à offrir et rien à demander. Je viens seulement, Mère, vous regarder pleurer de bonheur ; savoir que je suis votre fils et que vous êtes là. »

SILENCE ET PRIERE

« La mer se trouve devant nous ; elle est source de vie, mais aussi un lieu qui évoque la tragédie des naufrages causant la mort. Nous sommes réunis en mémoire de ceux qui n’ont pas survécu, qui n’ont pas été sauvés. Ne nous habituons pas à considérer les naufrages comme des faits divers et les morts en mer comme des numéros : non, ce sont des noms et des prénoms, ce sont des visages et des histoires, ce sont des vies brisées et des rêves anéantis.

Je pense à tant de frères et sœurs noyés dans la peur, avec les espérances qu’ils portaient dans leur cœur. Devant un tel drame, les mots ne servent à rien, mais des actes. Mais avant cela, il faut de l’humanité (…).

Et le pape d’insister à nouveau : 

« Devant un tel drame, les mots ne servent à rien, mais des actes. Mais avant cela, il faut de l’humanité, il faut du silence, des larmes, de la compassion et de la prière. »

Avant de poursuivre sa réflexion sur ce même thème :

« Trop de personnes, fuyant les conflits, la pauvreté et les catastrophes environnementales, trouvent dans les flots de la Méditerranée le rejet définitif de leur quête d’un avenir meilleur. C’est ainsi que cette mer magnifique est devenue un immense cimetière où de nombreux frères et sœurs se trouvent même privés du droit à une tombe, et où seule est ensevelie la dignité humaine. »

Dans un livre-témoignage émouvant introduisant le terrible mot de naufrage. Une histoire écrite sous la dictée par un écrivain journaliste intitulée Fratellino et racontée au pape François le protagoniste, à la fin d’un voyage mouvementé qui le mène de la République de Guinée à l’Europe, écrit :

« Quand tu es assis sur la mer, tu es à un carrefour.

D’un côté, il y a la vie, de l’autre, la mort. Il n’y a pas d’autre issue. » 

Tout un drame en quelques mots.

UN TEMPS D’EXCEPTION

Ce pourrait être une introduction poignante à ce voyage apostolique à Marseille marqué par la session conclusive des Rencontres méditerranéennes. Journées également mémorables par la grand-messe célébrée par le pape dans l’impressionnant stade vélodrome de la ville miraculeusement, et en seulement une journée, transformé en authentique cathédrale à ciel ouvert.  

Une nouvelle démonstration de ce que rien n’est impossible à Dieu !

Notre Dame de la Garde ... 

Là, samedi après-midi, se retrouvèrent plus de soixante mille fidèles dans une ambiance de joie et de bonheur spirituel authentiques. Un climat singulier auquel le pape François, à chacune de ses apparitions, n’est pas totalement étranger. Et en tout cas pas insensible. Quant au terme de miracle, il n’est également pas exagéré tant le mystère est palpable.

Même si ses prédécesseurs – notamment saint Jean-Paul II – détenaient cette singulière faculté de mobilisation spirituelle.

Certes, ses frères, comme François les nomme avec infiniment de sollicitude, avaient leur part légitime dans la finalité de cet événement.

Notamment, le sympathique et avenant cardinal archevêque de Marseille, son éminence Jean-Marc Aveline – dont on raconte volontiers qu’il aurait l’oreille du pape -  et qui confie avoir eu l’insigne privilège de voir la larme (de bonheur) couler sur la joue de Notre Dame de la Garde, la bien nommée.

S.E. le cardinal Archevêque de Rabat.

Sans oublier la cohorte de ses confrères, évêques mais aussi prêtres, diacres et religieuses sans oublier le grand nombre de tous ceux et celles, indispensables petites mains (sans que ce terme soit péjoratif) sans lesquelles l’Église ne serait pas ce qu’elle est.

Sans oublier un autre hôte de marque, le cardinal Cristobal Lopez Romero, Archevêque de Rabat au Maroc, pays gravement touché par le séisme du 8 septembre dernier. Notre ami Cristobal est aussi président de la Conférence épiscopale d’Afrique du Nord et porteur de l’idée d’un « synode sur la Méditerranée à l’image de celui sur l’Amazonie. » Il a eu l’honneur et surtout la joie de participer à la grand-messe du vélodrome où « la présence réelle » du Christ lors de l’élévation de l’hostie et du calice empli d’un vin naturel récolté sur les côteaux de Loire et à l’improbable nom du domaine : La Bénissons-Dieu.      

Un temps fort et unique qui contribuait à faire réfléchir sur cette belle réflexion de Saint Augustin d’Hippone :

 « Crois et tu comprendras ; la foi précède, l’intelligence suit ».

En d’autres termes autrement clairs, la compréhension est la récompense de la foi. Ne cherche pas à comprendre pour croire, mais crois afin de comprendre, parce que si tu ne crois pas, tu ne comprendras pas.  

ACCUEIL MUTUEL ET FRATERNEL

Pour le pape François, nous sommes à un carrefour : 

« D’un côté la fraternité, qui féconde de bonté la communauté humaine; de l’autre, l’indifférence, qui ensanglante la Méditerranée. » 

S.E. le cardinal J.M. Aveline archevêque de Marseille prépare l'encensement ...

Nous sommes surtout à un carrefour de civilisations. Au choix : ou bien la culture de l’humanité et de la fraternité, ou la culture de l’indifférence : que chacun s’arrange comme il le peut.

Nous ne pouvons pas nous résigner à voir des êtres humains traités comme des monnaies d’échange, emprisonnés et torturés de manière atroce – nous savons que, bien souvent, lorsque nous les renvoyons, ils sont destinés à être torturés et emprisonnés – nous ne pouvons plus assister aux tragédies des naufrages provoqués par des trafics odieux et le fanatisme de l’indifférence. L’indifférence devient fanatique. Les personnes qui risquent de se noyer, lorsqu’elles sont abandonnées sur les flots, doivent être secourues. C’est un devoir d’humanité, c’est un devoir de civilisation ! »

Sur ces principes de base, le pape ne mâche pas ses mots. En nous laissant toutefois une chance. Et pas n’importe quelle chance :

« Le Ciel nous bénira si, sur terre comme sur mer, nous savons prendre soin des plus faibles, si nous savons surmonter la paralysie de la peur et le désintérêt qui condamne à mort, avec des gants de velours. Et en cela, en tant que représentants des diverses religions, nous devons être exemplaires. Dieu, en effet, a béni Abraham qui a été appelé à quitter sa terre d’origine et « il partit sans savoir où il allait » .

Selon le souverain pontife, aux racines des trois monothéismes méditerranéens se trouvent l’hospitalité et l’amour de l’étranger. Cela est vital si, comme notre père Abraham, nous rêvons d’un avenir prospère. 

Et d’inviter à se souvenir de l’éternel et incontournable refrain de la Bible sur un thème fort et récurrent  :

« L’orphelin, la veuve et le migrant, l’étranger ».

Et François de s’étendre sur le sujet :

« L’orphelin, la veuve et l’étranger : ce sont ceux que Dieu nous ordonne de protéger. Croyants, nous devons donc être exemplaires dans l’accueil mutuel et fraternel. Souvent les relations entre les groupes religieux ne sont pas faciles, à cause du virus de l’extrémisme et du fléau idéologique du fondamentalisme qui rongent la vie réelle des communautés. »

Pendant la grand-messe le pape François assisté par le cardinal Cristobal Lopez Romero lors des intercessions.

 

Faisant référence à Saint Césaire d’Arles à propos duquel, le pape affirme :

« Je voudrais, à cet égard, faire écho à ce qu’écrivait cet homme de Dieu qui vivait non loin d’ici, à Arles : Que personne ne garde dans son cœur des sentiments de haine pour son prochain, mais d’amour, car celui qui hait ne serait-ce qu’un seul homme ne pourra pas se tenir tranquille devant Dieu. Dieu n’entend pas sa prière tant qu’il garde de la colère dans son cœur »

Aujourd’hui, Marseille, caractérisée par un riche pluralisme religieux diversifié, se trouve elle aussi à un carrefour. »

En somme, pour le pape, c’est aussi le moment du choix : rencontre ou confrontation. 

Dans les Écritures, le roi David, ayant établi son royaume, décida de transporter l’Arche d’Alliance à Jérusalem. Après avoir convoqué le peuple, il se leva et partit pour aller la prendre. Sur le trajet, il dansait devant elle avec le peuple, exultant de joie à la présence du Seigneur. C’est sur cette scène en arrière-plan que l’évangéliste, en l’occurrence Luc, évoque la visite de Marie à sa cousine Élisabeth en filigrane de la Visitation de l’Ange :

« Marie elle aussi se lève et part vers la région de Jérusalem et, lorsqu’elle entre dans la maison d’Élisabeth, l’enfant que celle-ci porte en son sein, tressaille de joie en reconnaissant l’arrivée du Messie, se met à danser comme le fit David devant l’Arche. »

Pour François, Marie est présentée comme la véritable Arche d’Alliance qui introduit le Seigneur incarné dans le monde. Elle est la jeune Vierge qui va à la rencontre de la vieille femme stérile et, en portant Jésus, elle devient le signe de la visite de Dieu vainqueur de toute stérilité. Elle est la Mère qui monte vers les montagnes de Juda pour nous dire que Dieu se met en route vers nous, pour nous chercher avec son amour et nous faire exulter de joie. C’est Dieu qui se met en route. Chez ces deux femmes, Marie et Élisabeth, la visite de Dieu se dévoile à l’humanité : l’une est jeune et l’autre âgée, l’une est vierge et l’autre stérile, et pourtant elles sont toutes deux enceintes alors que c’est impossible.

TRESSAILLIR …

Telle est l’œuvre de Dieu dans notre vie : Il rend possible même ce qui semble impossible ; Il engendre la vie, même dans la stérilité :

« Demandons-nous avec sincérité de cœur : croyons-nous que Dieu est à l’œuvre dans notre vie ? Croyons-nous que le Seigneur, de manière cachée et souvent imprévisible, agit dans l’histoire, accomplit des merveilles et est à l’œuvre également dans nos sociétés marquées par le sécularisme mondain et par une certaine indifférence religieuse ? Il y a un moyen de discerner si nous avons cette confiance dans le Seigneur. Quel est ce moyen ? L’Évangile dit que « lorsque Élisabeth entendit la salutation de Marie, l’enfant tressaillit en elle. Voilà le signe : tressaillir. Celui qui croit, qui prie, qui accueille le Seigneur tressaille dans l’Esprit, sent que quelque chose bouge à l’intérieur, il “danse” de joie. Et je voudrais m’arrêter sur le tressaillement de la foi. »

Et le Saint Père d’aller sémantiquement plus avant dans son enseignement :

« L’expérience de foi provoque avant tout un tressaillement devant la vie. Tressaillir c’est être “touché à l’intérieur”, avoir un frémissement intérieur, sentir que quelque chose bouge dans notre cœur. C’est le contraire d’un cœur plat, froid, installé dans la vie tranquille, qui se blinde dans l’indifférence et devient imperméable, qui s’endurcit, insensible à toute chose et à tout le monde, même au tragique rejet de la vie humaine qui est aujourd’hui refusée à nombre de personnes qui émigrent, à nombre d’enfants qui ne sont pas encore nés, et à nombre de personnes âgées abandonnées. Un cœur froid et plat traîne la vie de manière mécanique, sans passion, sans élan, sans désir. Et on peut tomber malade de tout cela dans notre société européenne : le cynisme, le désenchantement, la résignation, l’incertitude, un sentiment général de tristesse – tout à la fois : la tristesse, cette tristesse dissimulée dans les cœurs -. Quelqu’un les a appelées “passions tristes” : c’est une vie sans tressaillement. »

« Celui qui est né à la foi, en revanche, reconnaît la présence du Seigneur, comme l’enfant dans le sein d’Élisabeth. Il reconnaît son œuvre dans le fleurissement des jours et il reçoit un regard nouveau pour voir la réalité. Même au milieu des difficultés, des problèmes et des souffrances, il perçoit quotidiennement la visite de Dieu et se sent accompagné et soutenu par Lui. Face au mystère de la vie personnelle et aux défis de la société, celui qui croit connaît un tressaillement, une passion, un rêve à cultiver, un intérêt qui pousse à s’engager personnellement. Maintenant, chacun d’entre nous peut se demander : est-ce que je ressens ces choses ? Est-ce que j’ai ces choses ? Celui qui est ainsi sait que le Seigneur est présent en toute chose, qu’il appelle, qu’il invite à témoigner de l’Évangile pour édifier avec douceur, à travers les dons et les charismes reçus, un monde nouveau. »

Ainsi, l’expérience de la foi, en plus d’un tressaillement devant la vie, provoque aussi un tressaillement devant le prochain.

Qui a parlé de la main de Dieu ?

« Dans le mystère de la Visitation, en effet, nous voyons que la visite de Dieu n’a pas lieu à travers des événements célestes extraordinaires, mais dans la simplicité d’une rencontre. Dieu vient sur le seuil d’une maison de famille, dans la tendre étreinte entre deux femmes, dans le croisement de deux grossesses pleines d’émerveillement et d’espérance. Et, dans cette rencontre, il y a la sollicitude de Marie, l’émerveillement d’Élisabeth, la joie du partage. »

EPIDEMIE DE L’INDIFFERENCE !

 L’Archi-diocèse de Marseille a été le premier au monde à avoir été consacré au Sacré-Cœur de Jésus. C’était en 1720, au cours d’une épidémie de peste :

« Vous avez donc à cœur d’être aussi des signes de la tendresse de Dieu dans «  l' épidémie de l’indifférence » actuelle.

Merci pour votre service, doux et déterminé, qui témoigne de la proximité et de la compassion du Seigneur !

Chers frères et sœurs, je porterai dans mon cœur les rencontres de ces journées. Que Notre Dame de la Garde veille sur cette ville, mosaïque d’espérance, sur toutes vos familles et sur chacun de vous. Je vous bénis. S’il vous plaît, n’oubliez pas de prier pour moi. Ce travail n’est pas facile ! Merci. » interpelle le pape.

VERITE ET VIE

Pour le pape François, le port de Marseille est aussi une « porte de la foi"  et la foi vient de la mer, comme l’évoque la suggestive tradition marseillaise de la chandeleur avec la procession maritime. Lazare, dans l’Évangile, est l’ami de Jésus, mais c’est aussi le nom du protagoniste d’une parabole très actuelle qui ouvre les yeux sur l’inégalité qui ronge la fraternité et nous parle de la prédilection du Seigneur pour les pauvres.

Et le pape François d’enfoncer le clou :

« Eh bien, nous chrétiens qui croyons au Dieu fait homme, à l’homme unique et inimitable qui, sur les rives de la Méditerranée, s’est dit chemin, vérité et vie, nous ne pouvons pas accepter que les voies de la rencontre soient fermées. Ne fermons pas les voies de la rencontre, s’il vous plaît ! Nous ne pouvons accepter que la vérité du dieu argent l’emporte sur la dignité de l’homme, que la vie se transforme en mort ! L’Église, en confessant que Dieu, en Jésus Christ, « s’est en quelque sorte uni à tout homme »), croit, avec saint Jean-Paul II, que son chemin est l’homme Elle adore Dieu et sert les plus fragiles qui sont ses trésors. Adorer Dieu et servir le prochain, voilà ce qui compte : non pas la pertinence sociale ou l’importance numérique, mais la fidélité au Seigneur et à l’homme ! »

Voilà en tout cas, et selon François, le témoignage chrétien ; et d’ajouter que bien souvent, il est héroïque. 

« Dans ce style de vie scandaleusement évangélique, l’Église retrouve le port sûr auquel accoster et d’où repartir pour tisser des liens avec les personnes de tous les peuples, en recherchant partout les traces de l’Esprit et en offrant ce qu’elle a reçu par grâce. Voilà la réalité la plus pure de l’Église sur laquelle Bernanos écrivait : « Tout ce grand appareil de sagesse, de force, de souple discipline, de magnificence et de majesté n’est rien de lui-même, si la charité ne l’anime ».

Le pape François échange avec S.E. le cardinal Jean-Marc Eveline.

Plus que ne le font les pays d’Europe et la France, l'impétueux pontife argentin, assène ses réflexions :

« Laissons-nous toucher par l’histoire de tant de nos frères et sœurs en difficulté qui ont le droit tant d’émigrer que de ne pas émigrer, et ne nous enfermons pas dans l’indifférence. L’histoire nous interpelle à un sursaut de conscience pour prévenir le naufrage de civilisation. L’avenir, en effet, ne sera pas dans la fermeture qui est un retour au passé, une inversion de marche sur le chemin de l’histoire. Contre le terrible fléau de l’exploitation des êtres humains, la solution n’est pas de rejeter, mais d’assurer, selon les possibilités de chacun, un grand nombre d’entrées légales et régulières, durables grâce à un accueil équitable de la part du continent européen, dans le cadre d’une collaboration avec les pays d’origine. Dire « assez » c’est au contraire fermer les yeux ; tenter maintenant de « se sauver » se transformera demain en tragédie. »

Le conseil de François est sans ambiguïté :

« Soyez une mer de bien, pour faire face aux pauvretés d’aujourd’hui avec une synergie solidaire ; soyez un port accueillant, pour embrasser ceux qui cherchent un avenir meilleur ; soyez un phare de paix, pour anéantir, à travers la culture de la rencontre, les abîmes ténébreux de la violence et de la guerre. Sur la mer actuelle des conflits, nous sommes ici pour valoriser la contribution de la Méditerranée, afin qu’elle redevienne un laboratoire de paix. Car telle est sa vocation : être un lieu où des pays et des réalités différentes se rencontrent sur la base de l’humanité que nous partageons tous, et non d’idéologies qui opposent. Oui, la Méditerranée exprime une pensée qui n’est pas uniforme ni idéologique, mais polyédrique et adhérente à la réalité ; une pensée vitale, ouverte et conciliante : une pensée communautaire, c’est le mot. Comme nous avons besoin de cela dans les circonstances actuelles où des nationalismes archaïques et belliqueux veulent faire disparaître le rêve de la communauté des nations ! Mais – rappelons-le – avec les armes on fait la guerre, pas la paix, et avec l’avidité du pouvoir on retourne toujours au passé, on ne construit pas l’avenir. »

 

 

 

 

 

 

 

 

TROIS REALITES

Le souverain pontife propose quelques réflexions autour de trois réalités qui caractérisent Marseille à savoir la mer, le port et le phare :

« La mer, une marée de peuples a fait de cette ville une mosaïque d’espérance, avec sa grande tradition multiethnique et multiculturelle, représentée par plus de soixante consulats présents sur son territoire. Marseille est une ville à la fois plurielle et singulière, car c’est sa pluralité, fruit de sa rencontre avec le monde, qui rend son histoire singulière. On entend souvent dire aujourd’hui que l’histoire de la Méditerranée est un entrelacement de conflits entre différentes civilisations, religions et visions. Nous n’ignorons pas les problèmes – il y en a – mais ne nous y trompons pas : les échanges entre peuples ont fait de la Méditerranée un berceau de civilisations, une mer qui regorge de trésors, au point que, comme l’écrivait un grand historien français, elle n’est pas « un paysage, mais d’innombrables paysages. Ce n’est pas une mer, mais une succession de mers » depuis des millénaires, tout s’y est engouffré, compliquant et enrichissant son histoire »

La mare nostrum est incontestablement un espace de rencontres entre les religions abrahamiques ainsi qu’entre les pensées grecque, latine et arabe, mais aussi entre la science, la philosophie et le droit, motifs auxquels s’ajoutent bien d’autres réalités. Elle a diffusé dans le monde la haute valeur de l’être humain, doté de liberté, ouvert à la vérité et en mal de salut, qui voit le monde comme une merveille à découvrir et un jardin à habiter, sous le signe d’un Dieu qui fait alliance avec les hommes.

Pour le Saint Père, le Lac de Tibériade (ou Mer de Galilée) est un lieu où se concentrait, à l’époque du Christ, une grande variété de peuples, de cultes et de traditions. C’est là, explique le pontife, dans la « Galilée des nations » traversée par la Route de la Mer, que se déroula la plus grande partie de la vie publique de Jésus. Un contexte multiforme et, à bien des égards, instable, fut le lieu de la proclamation universelle des Béatitudes, au nom d’un Dieu Père de tous, qui « fait lever son soleil sur les méchants et sur les bons, et fait tomber la pluie sur les justes et sur les injustes ». C’est aussi une invitation à élargir les frontières du cœur, en dépassant les barrières ethniques et culturelles. Voici donc la réponse qui vient de la Méditerranée : cette mer pérenne de Galilée invite à opposer la « convivialité des différences » à la division des conflits. La mare nostrum, au carrefour du Nord et du Sud, de l’Est et de l’Ouest, concentre les défis du monde entier comme en témoignent ses « cinq rives » sur lesquelles vous avez réfléchi : l’Afrique du Nord, le Proche-Orient, la mer Noire-Égée, les Balkans et l’Europe latine. Elle est à l’avant-poste de défis qui concernent tout le monde :

« Nous pensons au défi climatique, la Méditerranée représentant un hotspot où les changements se font sentir plus rapidement. Comme il est important de sauvegarder le maquis méditerranéen, écrin unique de biodiversité ! Bref, cette mer, environnement qui offre une approche unique de la complexité, est un « miroir du monde », et elle porte en elle une vocation mondiale à la fraternité, vocation unique et unique voie pour prévenir et surmonter les conflits. » prévient François.

Plus de 60.000 fidèles ...

Fondée par des navigateurs grecs venus d’Asie Mineure, le mythe la fait remonter à une histoire d’amour entre un marin émigré et une princesse locale. Marseille présente, dès ses origines, un caractère composite et cosmopolite : elle accueille en effet les richesses de la mer et donne une patrie à ceux qui n’en ont plus. A Marseille, malgré les difficultés, la convivialité est possible et elle est source de joie:  « Sur la carte, entre Nice et Montpellier, elle semble presque dessiner un sourire ; et j’aime à la considérer ainsi : Marseille est « le sourire de la Méditerranée. » fait remarquer le pontife.

Quelle belle image !

MOSAÏQUE D’ESPERANCE

Un grand Maire visionnaire de Florence – Giorgio La Pira -  voyait, quant à lui, dans la Méditerranée non pas une question conflictuelle, mais une réponse de paix, mieux encore, « le commencement et le fondement de la paix entre toutes les nations du monde » .

Il disait, notamment et précisément :

« La réponse […] est possible si l’on considère la vocation historique commune et pour ainsi dire permanente que la Providence a assignée dans le passé, assigne dans le présent et, en un certain sens, assignera dans l’avenir aux peuples et aux nations qui vivent sur les rives de ce mystérieux lac de Tibériade élargi qu’est la Méditerranée. »

Le pape François de par sa fonction et surtout sa personnalité est par excellence un homme de paix. Son cheminement de prêtre en témoigne. Par où commencer alors pour enraciner cette paix ? :

« Église et communauté civile, de l’écoute des pauvres qui sont à « s’embrasser, et non pas à compter » car ils sont des visages et non des numéros. Le changement de rythme de nos communautés qui consisterait à les traiter comme des frères dont nous devons connaître l’histoire, et non pas comme des problèmes gênants, en les expulsant, en les renvoyant chez eux ; il consiste à les accueillir, et non les cacher ; à les intégrer, et non s’en débarrasser ; à leur donner de la dignité. Et Marseille, je veux le répéter, est la capitale de l’intégration des peuples. C’est votre fierté ! »

Les gouvernants de la planète terre, toutes sensibilités confondues, pourraient en prendre de la graine … mais voilà !

Le pape poursuit cependant son raisonnement. De manière inflexible. Avec un entêtement louable :

« Aujourd’hui, la mer de la coexistence humaine est polluée par la précarité qui blesse même la splendide Marseille. Et là où il y a précarité il y a criminalité : là où il y a pauvreté matérielle, éducative, professionnelle, culturelle, religieuse, le terrain des mafias et des trafics illicites est déblayé. L’engagement des seules institutions ne suffit pas, il faut un sursaut de conscience pour dire « non » à l’illégalité et « oui » à la solidarité, ce qui n’est pas une goutte d’eau dans la mer, mais l’élément indispensable pour en purifier les eaux.

Pour le pape François, l’analyse est simple, peut-être trop simple, dans une société compliquée et surtout frileuse. Pour lui, le véritable mal social n’est pas tant l’augmentation des problèmes que le déclin de la prise en charge.

Et de poser assurément les questions qui fâchent :

Qui, aujourd’hui, est proche des jeunes livrés à eux-mêmes, proies faciles de la délinquance et de la prostitution ?

Qui les prend en charge ?

Qui est proche des personnes asservies par un travail qui devrait les rendre plus libres ?

Qui s’occupe des familles effrayées, qui ont peur de l’avenir et de mettre au monde de nouvelles créatures ?

Qui écoute les gémissements des personnes âgées isolées qui, au lieu d’être valorisées, sont parquées dans la perspective faussement digne d’une mort douce, en réalité plus salée que les eaux de la mer ?

Qui pense aux enfants à naître, rejetés au nom d’un faux droit au progrès, qui est au contraire une régression de l’individu ? 

Et François d’en rajouter … certainement au grand dam de ceux qui cherchent ses bonnes grâces en déclarant notamment, et par ce nouvel échappatoire, que « la France a pris sa part ». Un peu à la manière de Ponce Pilate. En tout cas, ce dernier voyage en est une nouvelle preuve :

« Qui regarde avec compassion au-delà de ses frontières pour entendre les cris de douleur qui montent d’Afrique du Nord et du Moyen-Orient ? Combien de personnes vivent plongées dans les violences et souffrent de situations d’injustice et de persécution ! Et je pense à tant de chrétiens, souvent contraints de quitter leur terre ou d’y vivre sans que leurs droits soient reconnus, sans qu’ils jouissent d’une citoyenneté à part entière. (…) Et puis il y a un cri de douleur qui résonne plus que tout autre, et qui transforme la « mare nostrum en mare mortuum », la Méditerranée, berceau de la civilisation en tombeau de la dignité. C’est le cri étouffé des frères et sœurs migrants, auxquels je voudrais consacrer mon attention en réfléchissant sur la deuxième image que nous offre Marseille, celle de son port. »

INVASION : LA HANTISE.

Nouveau plongeon dans une réalité dont aucun, auxquels elle s’adresse, n’ont de raison de n’enorgueillir. Suivez mon regard :

 « Le port de Marseille est depuis des siècles une porte grand-ouverte sur la mer, sur la France et sur l’Europe. C’est d’ici que beaucoup sont partis chercher du travail et un avenir à l’étranger, c’est d’ici que beaucoup ont franchi la porte du continent avec des bagages chargés d’espérance. Marseille a un grand port et elle est une grande porte qui ne peut être fermée. Plusieurs ports méditerranéens, en revanche, se sont fermés. Et deux mots ont résonné, alimentant la peur des gens : « invasion » et « urgence ». Et on ferme les ports. Mais ceux qui risquent leur vie en mer n’envahissent pas, ils cherchent hospitalité, ils cherchent la vie. Quant à l’urgence, le phénomène migratoire n’est pas tant une urgence momentanée, toujours bonne à susciter une propagande alarmiste, mais un fait de notre temps, un processus qui concerne trois continents autour de la Méditerranée et qui doit être géré avec une sage prévoyance, avec une responsabilité européenne capable de faire face aux difficultés objectives. Je regarde, ici, sur cette carte, les ports privilégiés pour les migrants : Chypre, la Grèce, Malte, l’Italie et l’Espagne… Ils font face à la Méditerranée et accueillent les migrants. La mare nostrum crie justice, avec ses rivages où, d’un côté, règnent l’opulence, le consumérisme et le gaspillage et, de l’autre, la pauvreté et la précarité. Là encore, la Méditerranée est un reflet du monde : le Sud qui se tourne vers le Nord, avec beaucoup de pays en développement, en proie à l’instabilité, aux régimes, aux guerres et à la désertification, qui regardent les plus aisés, dans un monde globalisé où nous sommes tous connectés mais où les fossés n’ont jamais été aussi profonds. "

Le concile Vatican II venait de se conclure lorsque saint Paul VI, dans l’encyclique « Populorum progressio »  écrivait :

« Les peuples de la faim interpellent aujourd’hui de façon dramatique les peuples de l’opulence. L’Église tressaille devant ce cri d’angoisse et appelle chacun à répondre avec amour à l’appel de son frère »

Et le Pape Montini d’énumérer alors « trois devoirs » des nations les plus développées, enracinés (sur la forme sinon sur le fond)  dans la fraternité humaine et surnaturelle :  Un « devoir de solidarité, c’est à dire l’aide que les nations riches doivent apporter aux pays en voie de développement ; un devoir de justice sociale, c’est-à-dire le redressement des relations commerciales défectueuses entre peuples forts et peuples faibles ; un devoir de charité universelle, c’est-à-dire la promotion d’un monde plus humain pour tous, où tous auront à donner et à recevoir, sans que le progrès des uns soit un obstacle au développement des autres »

LE DEVOIR DE L’ACCUEIL

À la lumière de l’Évangile et de ces considérations, Paul VI, en 1967, soulignait le « devoir de l’accueil », sur lequel il écrivait : « nous ne saurions trop insister ». Pie XII avait encouragé à cela quinze années auparavant en écrivant que : « La famille de Nazareth en exil, Jésus, Marie et Joseph émigrés en Egypte […] sont le modèle, l’exemple et le soutien de tous les émigrés et pèlerins de tous les temps et de tous les pays, de tous les réfugiés de toute condition qui, poussés par la persécution ou par le besoin, se voient contraints d’abandonner leur patrie, les personnes qui leurs sont chères, […] et se rendre en terre étrangère » (Const. ap. Exsul Familia de spirituali emigrantium cura, 1er août 1952).

« Certes, les difficultés d’accueil sont sous les yeux de tous. Les migrants doivent être accueillis, protégés ou accompagnés, promus et intégrés. Dans le cas contraire, le migrant se retrouve dans l’orbite de la société. Accueillis, accompagnés, promus et intégrés : tel est le style. Il est vrai qu’il n’est pas facile d’avoir ce style ou d’intégrer des personnes non attendues. Cependant le critère principal ne peut être le maintien de leur bien-être, mais la sauvegarde de la dignité humaine. Ceux qui se réfugient chez nous ne doivent pas être considérés comme un fardeau à porter. Si nous les considérons comme des frères, ils nous apparaîtront surtout comme des dons. »

Et le pape d’insister sur la Journée Mondiale du Migrant et du Réfugié  - comme il l’a réitéré, dimanche, depuis la fenêtre du Palais apostolique du Vatican, sur la Place Saint-Pierre,avec cette autre phrase « choc » : « Libre de choisir entre migrer ou rester ».  Avec ce rappel, en forme d’avertissement déguisé : que l’histoire invite aussi à un sursaut de conscience pour prévenir le naufrage de civilisation: 

« L’avenir, en effet, ne sera pas dans la fermeture qui est un retour au passé, une inversion de marche sur le chemin de l’histoire. Contre le terrible fléau de l’exploitation des êtres humains, la solution n’est pas de rejeter, mais d’assurer, selon les possibilités de chacun, un grand nombre d’entrées légales et régulières, durables grâce à un accueil équitable de la part du continent européen, dans le cadre d’une collaboration avec les pays d’origine. Dire « assez » c’est au contraire fermer les yeux ; tenter maintenant de « se sauver » se transformera demain en tragédie. Alors que les générations futures nous remercieront pour avoir su créer les conditions d’une intégration indispensable, elles nous accuseront pour n’avoir favorisé que des assimilations stériles. L’intégration, même des migrants, est difficile, mais clairvoyante : elle prépare l’avenir qui, qu’on le veuille ou non, se fera ensemble ou ne sera pas ; l’assimilation, qui ne tient pas compte des différences et reste rigide dans ses paradigmes, fait prévaloir l’idée sur la réalité et compromet l’avenir en augmentant les distances et en provoquant la ghettoïsation, provoquant hostilité et intolérance. Nous avons besoin de fraternité comme de pain. Le mot même « frère », dans sa dérivation indo-européenne, révèle une racine liée à la nutrition et à la subsistance. Nous ne nous soutiendrons qu’en nourrissant d’espérance les plus faibles, en les accueillant comme des frères. »

À cet égard, pour le saint Père, le port de Marseille est  une « porte de la foi ».

Les jeunes, ce sont eux qui indiquent les lumières de l'avenir.

Pour exemple encore  : les saints Marthe, Marie et Lazare n’ont-ils débarqué ici, et n’ont-ils pas semé l’Évangile sur ces terres ? Et de préciser que la foi vient de la mer, comme l’évoque la suggestive tradition marseillaise de la chandeleur avec la procession maritime.

Quant à Lazare, dans l’Évangile, c’est l’ami de Jésus, mais c’est aussi le nom du protagoniste d’une parabole très actuelle qui ouvre les yeux sur l’inégalité qui ronge la fraternité et nous parle de la prédilection du Seigneur pour les pauvres :

« Nous chrétiens qui croyons au Dieu fait homme, à l’homme unique et inimitable qui, sur les rives de la Méditerranée, s’est dit chemin, vérité et vie nous ne pouvons pas accepter que les voies de la rencontre soient fermées. Ne fermons pas les voies de la rencontre, s’il vous plaît ! Nous ne pouvons accepter que la vérité du dieu argent l’emporte sur la dignité de l’homme, que la vie se transforme en mort ! L’Église, en confessant que Dieu, en Jésus Christ, s’est en quelque sorte uni à tout homme, croit, avec saint Jean-Paul II, que son chemin est l’homme. Elle adore Dieu et sert les plus fragiles qui sont ses trésors. Adorer Dieu et servir le prochain, voilà ce qui compte : non pas la pertinence sociale ou l’importance numérique, mais la fidélité au Seigneur et à l’homme ! »

Pas évident mais voilà, selon François, un témoignage chrétien qui peut s’avérer héroïque :

« Je pense à saint Charles de Foucauld, le « frère universel », aux martyrs de l’Algérie, mais aussi à tant d’artisans de la charité d’aujourd’hui. Dans ce style de vie scandaleusement évangélique, l’Église retrouve le port sûr auquel accoster et d’où repartir pour tisser des liens avec les personnes de tous les peuples, en recherchant partout les traces de l’Esprit et en offrant ce qu’elle a reçu par grâce. Voilà la réalité la plus pure de l’Église, voilà – écrivait Bernanos – « l’Église des saints », ajoutant que « tout ce grand appareil de sagesse, de force, de souple discipline, de magnificence et de majesté n’est rien de lui-même, si la charité ne l’anime ». J’aime exalter cette perspicacité française, génie croyant et créatif qui a affirmé ces vérités à travers une multitude de gestes et d’écrits. Saint Césaire d’Arles pour le citer à nouveau mais également Pascal qui reconnaissait que « l’unique objet de l’Écriture est la charité » et que « la vérité hors de la charité, n’est pas Dieu ; elle est son image, et une idole qu’il ne faut point aimer, ni adorer »

« Pour cette raison, il est bon que les chrétiens ne viennent pas en deuxième position en matière de charité ; et que l’Évangile de la charité soit la magna charta de la pastorale. Nous ne sommes pas appelés à regretter les temps passés ou à redéfinir une importance ecclésiale, nous sommes appelés au témoignage : non pas broder l’Évangile de paroles, mais lui donner de la chair, non pas mesurer la visibilité, mais nous dépenser dans la gratuité, croyant que la mesure de Jésus est l’amour sans mesure. Saint Paul, l’Apôtre des nations qui passa une bonne partie de sa vie à traverser la Méditerranée, d’un port à l’autre, enseignait que pour accomplir la loi du Christ, il faut porter mutuellement le poids des uns des autres. Aussi, ne chargeons pas les personnes de fardeaux, mais soulageons leurs efforts au nom de l’Évangile de la miséricorde, pour distribuer avec joie le soulagement de Jésus à une humanité fatiguée et blessée. Que l’Église ne soit pas un ensemble de prescriptions, que l’Église soit un port d’espérance pour les personnes découragées. Élargissez vos cœurs, s’il vous plaît ! Que l’Église soit un port de ravitaillement, où les personnes se sentent encouragées à prendre le large dans la vie avec la force incomparable de la joie du Christ. » 

Quelles traces lumineuses pourraient alors orienter le cap des Églises dans la Méditerranée ?

Son éminence le cardinal Cristobal Lopez Romero durant la Sainte Messe.

Pour François, une Conférence ecclésiale de la Méditerranée, par exemple, permettrait de nouvelles possibilités d’échanges et donnerait une plus grande représentativité ecclésiale à la région. En pensant au port et au thème migratoire, il pourrait être profitable de travailler à une pastorale spécifique encore plus reliée, afin que les diocèses les plus exposés puissent assurer une meilleure assistance spirituelle et humaine aux sœurs et aux frères qui arrivent dans le besoin :

« Le phare, dans ce prestigieux Palais du Pharo qui porte bien son nom, me fait enfin penser surtout aux jeunes : ce sont eux la lumière qui indique la route de l’avenir. Marseille est une grande ville universitaire qui abrite quatre campus : sur les quelque 35000 étudiants qui les fréquentent, 5000 sont étrangers. Par où commencer à tisser des liens entre les cultures, sinon par l’université ? Là, les jeunes ne sont pas fascinés par les séductions du pouvoir, mais par le rêve de construire l’avenir. Que les universités méditerranéennes soient des laboratoires de rêves et des chantiers d’avenir, où les jeunes grandissent en se rencontrant, en se connaissant et en découvrant des cultures et des contextes à la fois proches et différents. On abat ainsi les préjugés, on guérit les blessures et on conjure des rhétoriques fondamentalistes. Faites attention à la prédication de tant de fondamentalismes qui sont à la mode aujourd’hui. »

Je ne peux m’empêcher de rappeler la devise du pape François en hommage à la miséricorde divine :

« miserando atque eligendo » « choisi parce que pardonné »

Bernard VADON

 

Rédigé par Bernard Vadon

Publié dans #Articles, #J - 2 - B ( Journal )

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