AUX J.M.J de Lisbonne, le pape François défie la conjoncture et assène une règle suprême  : « À travers les crises, Dieu nous dit que nous ne sommes pas les maîtres de l’histoire ! »

Publié le 6 Août 2023

« Comme Saint Ignace de Loyola, laissons-nous conquérir par le Seigneur Jésus et, guidés par lui, mettons-nous au service du prochain ».

Fils spirituel du saint espagnol, Saint Ignace de Loyola, fondateur de la Compagnie de Jésus (« les Jésuites ») le pape François, contre vents et marées, défie une conjoncture dévastatrice dans tous les domaines.

En tout cas, un pape que l’on ne peut que respecter. Et surtout admirer.

RESPECTABILITÉ

Des propos que je tenais déjà il y a presque 10 ans et qui, à ce jour, n’ont pas vieilli.

Pourtant, les médias, tous confondus, ne se privent pas, et à deux doigts de le stigmatiser, sinon de mettre en exergue l’âge du pontife pour eux canonique, autrement dit « dépassé »,  plutôt que l’autre signification plutôt axée sur la "respectabilité".

Lorsqu’ils n’en rajoutent pas avec l’état de santé de l’intéressé oubliant que la précaire santé des plus grands saints : de Marguerite Marie mais aussi des Bienheureux Frédéric Ozanam,  la petite Thérèse et  bien sûr saint Jean-Paul II sans parler de l’incroyable Marthe Robin clouée durant des années sur son lit de souffrance et replacée dans l’actualité après la reconnaissance de « l’héroïcité de ses vertus » par le pape François en vue de sa béatification.

Finalement, il est plus important dans un contexte où l’argent est roi, de noter qu’à l’instar de ses  prédécesseurs – et peut-être plus encore que ces derniers -  le pape François vit chichement, ne roule pas carrosse, déjoue la stratégie de sa garde rapprochée - souvent très inquiète pour la sécurité du pontife - et remet à l’heure certaines pendules ; et pointe les principes de pseudo respectabilité en vigueur.

Un pape également conscient de la fragilité de l’existence au point d’avoir préparé sa lettre d’abdication au cas où son état ne lui permettrait plus de remplir sa mission.

MOUVEMENTS DE L’ESPRIT

Retour sur image.

Lorsqu’il était archevêque à Buenos Aires, Il s’invitait souvent dans les maisons pour échanger autour d’un maté, une infusion venue des Amérindiens guaranis. Quant à l’élection du cardinal Jorge Bergoglio, elle avait  été fêtée, au pays de Messi et de Maradona, comme une Coupe du monde de football.

Il n’a pas tellement changé du moins dans ses intentions.

Les « mouvements de l’esprit », comme disait Saint-Ignace- de-Loyola, n’ont pas épargné l’un de ses plus éminents acteurs mitrés, un certain Jorge Bergoglio devenu pape alors qu’il ne le souhaitait pas.

Surprenant personnage. Comme ses prédécesseurs et singulièrement Saint-Jean-Paul II qui fut d’une autre façon inspiré par le « souffle de l’Esprit » au travers de cette réalité extraordinaire que représentent aujourd’hui les J.M.J (journées mondiales de la jeunesse) dont il fut, en 1954, l’initiateur.

Un pari fou pour certains, une gageure pour d’autres, je dirais plutôt, sans vouloir choquer ceux qui n’y croient pas ou pire qui méchamment ou stupidement s’en moquent, un miracle. Mieux « un signe » des temps.

Même s’il s’est manifesté, dans ce Portugal accueillant, des opposants soulignant le coût de l’événement. Ces derniers oubliant les indéniables retombées économiques à court et à moyen terme reconnues par des portugais autrement réalistes et intellectuellement honnêtes.

Le Pape, un chef d’État  - celui du Vatican et « sans divisions » (selon la fameuse formule de Staline questionnant en 1935 Pierre Laval  - la personnalité la plus importante du régime de Vichy : « Le Pape, combien de divisions ? ») un souverain pontife qui, par son audience et la portée morale de ses propos, doit faire rêver plus d’un de ses homologues de par le monde..

Car, le Vatican n’a jamais eu de divisions et n’en aura jamais. Ce n’est pas son objectif. En revanche, avec ses près de quatre milliards de fidèles en constante croissance, le christianisme peut revendiquer la première place en terme de croyants sinon de pratiquants.

Les pisse-vinaigre de circonstance peuvent à ce titre revoir leur copie.

Le « vieux » pape – comme ils disent - tient le coup et les jeunes ne s’y trompent pas qui viennent auprès de lui et en confiance – ce qui n’est pas le cas de l’ensemble des dirigeants de la planète – pour le rencontrer et surtout écouter sa parole.

Des jeunes qui par milliers chantent et dansent certes, mais qui prient et vibrent  avec leurs âmes.

Vous saisissez la différence ?

Pour cette messe de clôture des J.M.J. à Lisbonne, ce dernier dimanche 6 août, aura marqué les esprits et demain les mémoires. Un million et demi de jeunes – rassemblement impressionnant par sa qualité -  venus de tous pays – 200 nations parmi lesquelles plus de 40.000 Français – étaient présents. De jeunes catholiques parfaitement au fait de ce que l’avenir leur réserve dans un monde en folie, où la plupart des valeurs ne sont plus qu’un souvenir d’antan.

Dans son homélie de circonstance, le pape François affichant une forme remarquable contrairement aux commentaires calamiteux sur sa santé a donné la mesure de son pari. Un pape alerte, improvisant comme c’est de en plus le cas dans des propos de circonstance à l’adresse de jeunes séduits par ce "jeune" souverain pontife qui, étrangement, leur ressemble dans la recherche d’un monde où doit prévaloir l’amour. Et particulièrement,  l’amour des autres et aux autres.

Captivant et magnifique.

Paradoxalement, ce pape octogénaire, plus qu’un symbole, représente pour eux une raison de ne pas désespérer.

Personne n’a oublié ses « coups de gueule » contre un système mondial et singulièrement européen qui a tout simplement oublié l’essentiel : la vie mais pas seulement. La vie d’autrui surtout.

Ce pape qui appelle les jeunes « à semer la pagaille » est un meneur. Un sacré (le terme est approprié) meneur !

Non pas – comme cela fut lamentablement et dernièrement encore le cas, en France notamment – la guerre et la violence dont l’imbécilité n’est plus à démontrer mais cette invitation à la paix et au respect de l’autre.

DE FATIMA A LOURDES

Alors que les églises se vident, la pratique, via la télévision et la radio a pris la modernité galopante  en marche. Particulièrement avec cette belle émission intitulé « Le Jour du Seigneur » qui, précisément, en ce dimanche 6 août relayait la fête de la Transfiguration du Seigneur, cet événement rappelant  le jour où, sur le mont Thabor, le Christ Jésus, devant ses Apôtres Pierre, Jacques et Jean, manifesta sa gloire de Fils bien-aimé du Père, en présence de Moïse et d'Élie apportant le témoignage de la Loi et des Prophètes. Un moment fort qui aura enthousiasmé la jeune communauté catholique dans l’immense « Parque Tejo » de Lisbonne à dessein rebaptisé « Champ de Grâce ».

La veille, à un peu plus de 100 kilomètres de là, le sanctuaire de Fatima s’était un court temps et en présence de 200.000 fidèles, approprié la vedette.

Un lieu d’adoration et de conversion – cher au pape Jean-Paul II qui s’y rendit après l’attentat dont il fut victime – en complément de celui de Lourdes où plus que la guérison de l’esprit, on vient solliciter les guérisons physiques.

Fatima, célèbre par ses trois petits voyants auxquels, en 1917, la Vierge Marie est apparue, leur confiant trois secrets dont un concernant étrangement la Russie sans oublier Lourdes riche, au travers de Bernadette Soubirous et des apparitions mariales, d’une grande ferveur du peuple de Dieu. Sans exclusive.

En 2017, le pape François s’était déjà rendu à Fatima à l’occasion de la canonisation de deux des trois jeunes bergers.

TRISTESSE

La réflexion sur la famille constituait encore l'un des morceaux de choix de ce temps d’échanges, à même de pousser certains traditionalistes et autant de progressistes à la faute. Le tout sur fond de polémique larvée, avantageusement entretenue par les médias en recherche du scoop vendeur.

Le vote sur l’euthanasie dernièrement adopté par un pays à majorité catholique avait de quoi secouer les consciences.

Le pape François ne s’est pas caché derrière son petit doigt pour signifier vigoureusement sa réprobation. Sa tristesse.

Qui n’a pas connu l’ambiance des conférences de rédaction peut avoir quelques difficultés à comprendre le sens de cette recherche du sensationnel. En ces lieux feutrés où se concocte l’information, on ne plaisante pas avec une actualité souvent passée à la moulinette par la volonté d’un rédacteur en chef qui devra rendre des comptes à sa direction.

Gare à lui s’il ne fait pas le bon choix.

Je parle en connaissance de cause. 

Le pape est un prétexte médiatique de prédilection et chacun de ses faits et gestes est décortiqué. Parfois, non sans délectation par ses détracteurs.

Qu’importe le flacon, l’ivresse de Dieu ne connait pas de limites.

On sait que François, sur certains principes majeurs, ne fait pas dans la dentelle et ne s’embarrasse pas pour appeler un chat, un chat. D’ailleurs, les plus exigeants s’en délectent..

De quoi défriser, au passage, les prélats les plus aguerris aux turbulences d’une curie déstabilisée par ce pontife courageux,  instigateur d’une doctrine tout simplement conforme aux principes d’une église – son église – qui ne tourne pas le dos aux publicains, aux prostituées et aux laissés pour compte de tous bords. Par exemple. Mais aussi d’une doctrine évangélique qui n’accepte pas les compromis. Surtout lorsqu’ils sont tordus.

UNE NECESSITÉ

Un pontife qui n’a pas accepté les clés de l’Église pour en fermer les portes mais au contraire pour les ouvrir toutes grandes à ceux qui sont dans le besoin moral et matériel. Même si, hier encore, il déclarait encore en réponse à ses détracteurs que les portes de l’église, au sens sacré du terme, ne sont pas assez grandes pour accueillir tout le monde.

Comme certains rêveurs l’ont un peu naïvement suggéré, il ne vendra pas pour autant les ors du Vatican … d’abord, parce qu’il n’en a pas le pouvoir (mais oui) et que, de toutes façons, le partage éventuel des richesses se situe à un autre niveau humain !

Manifestement, un pape d’exception venu de l’autre bout du monde et qui s’emploie, sans ménagement, à faire le ménage parmi certains dignitaires socialement nantis et finalement asservis au matérialisme au point d’en oublier les notions élémentaires de compassion et de miséricorde qu’il leur appartient pourtant de mettre en pratique.

Il faut y ajouter la tâche vitale dévolue à la planète en raison de sa détérioration accélérée et quasi systématique. L’encyclique « Laudate Si » est plus qu’un signe. Une nécessité.

Un pape d’exception, animé d’un rare discernement spirituel qu’il recommande et qui reste en adéquation morale avec ses prédécesseurs Benoit XVI et surtout Saint Jean Paul II lequel, lors d’un mémorable discours au stade de Casablanca (où il avait été invité le 19 août 1985 par le Roi Hasan II), affirmait, en homme de paix réaliste et visionnaire, combien les chrétiens et les musulmans avaient de choses en commun en qualité d’hommes et de croyants.

Suivez mon regard.  Notamment, du côté du Moyen-Orient et autres théâtres de guerre pour attester d’une regrettable preuve du contraire

En 1985, Saint Jean-Paul II lançant son fameux « N’ayez pas peur ! » aujourd’hui revendiqué par le pape François qui, au moment de l’Angelus, a pris le temps, sous des applaudissements nourris, d’annoncer pour 2027 l’organisation des prochaines J.M.J à Séoul en Corée du Sud.

« Nous vivons dans le même monde marqué par de nombreux signes d’espérance mais aussi par de multiple signes d’angoisse. Abraham est pour nous un même modèle de foi en Dieu, de soumission à sa volonté et de confiance en sa bonté. (..) Dans ce monde, il y a des frontières et des divisions entre les hommes ainsi que des incompréhensions entre les générations, il y a également du racisme, des guerres et des injustices comme il y a aussi la faim, le gaspillage et le chômage. (..) Certains risquent de se décourager, d’autres de se résigner et d’autres encore de vouloir tout changer par la violence ou par des solutions extrêmes alors que la sagesse et l’amour sont les seuls leviers du renouveau désiré. » estimait alors Jean-Paul II.

C’était il y a 30 ans qu’est-ce qui a vraiment changé ?

CHARISME

Aujourd’hui, si, effectivement et malheureusement rien n’a changé dans le comportement de nos semblables, François, en fidèle successeur de Pierre et notamment dans le même esprit que son illustre prédécesseur Saint Jean-Paul II, continue, avec une obstination louable, d’en appeler à un monde plus humain plus juste et plus fraternel où chacun doit trouver sa place dans la dignité et la liberté.

Comme l’a écrit un journaliste lors de ces J.M.J. :

« En encourageant les participants des cinq continents à transmettre le message d’amour de Dieu, le pape François a semé les germes d’un profond rajeunissement de la foi chrétienne, dont ces centaines de milliers de jeunes seront les témoins et les ambassadeurs aux quatre coins du monde. »

Le charisme de l’un vaut bien celui de l’autre. Et c’est bien ce qui enthousiasme les croyants mais aussi les non-croyants en recherche d’une paix au demeurant introuvable mais séduits par ce pape argentin conscient des ravages causés par la misère physique et morale. Par l’inanition et l’inconstance de ses pairs en leur qualité de gouvernants.

Suivez à nouveau mon regard.

Un pape qui, incontestablement, a vécu et de ce fait connait son sujet. Un pape qui entend séparer la lumière des ténèbres. En somme, un pape plus que jamais de circonstance. Mieux, n homme de paix au sens le plus large du terme.

En tout cas et personnellement,  un pape que j’aime !

 

Bernard VADON

 

 

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Rédigé par Bernard Vadon

Publié dans #J - 2 - B ( Journal )

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