A QUOI SERT LE PAPE ? A PLUS QU’ON IMAGINE !

Publié le 24 Septembre 2015

Pour ce qui est du luxe vous repasserez !
Pour ce qui est du luxe vous repasserez !

Le voyage papal à Cuba et aux Etats-Unis est une excellente occasion pour rappeler que s’il est un attribut dont le pape François ne s’accommode pas, c’est bien celui de conformiste.

Depuis son élection au siège de Saint Pierre alors même qu’avec un rare sens de l’humilité il souhaitait, avant de donner la sienne, la bénédiction mais surtout la prière de ceux qui le découvraient, François, comme on a maintenant coutume de le nommer, n’a de cesse de surprendre. Son choix de se déplacer en Fiat 500 L témoigne une fois encore de son peu d’intérêt pour le luxe que pourrait pourtant lui permettre sa situation. Bel exemple de modestie pour tous les pseudos grands de ce monde sans oublier l’armée de ceux qui fondent leur pouvoir au prorata de leur compte en banque.

Homme de grande foi sinon de foi exceptionnelle mais au demeurant peu enclin à profiter des avantages liés au « poste » sensible que lui ont confié ses pairs, il reste fidèle à son image de serviteur d’une religion dont il se plait en permanence à rappeler les exigences et les devoirs. Souvent avec une rare volonté, sinon une vive détermination, et de les faire partager par une curie romaine dont les membres auraient parfois la fâcheuse tendance – en tout cas pour certains – de croire en une infaillibilité uniquement et canoniquement dévolue au successeur de Pierre, lequel, au demeurant, aurait plutôt tendance à n’y pas faire cas.

Son fameux « qui suis-je pour juger les autres » a marqué les esprits chagrins et les thuriféraires du sérail.

Quant à sa pastorale et la manière de l’appliquer, elle n’a effectivement pas fini de nous étonner.

Comme certains de ses prédécesseurs et non des moindres – en particulier Jean-Paul II – il ne fait pas de doute que son pontificat marquera par sa singularité.

A quoi sert le pape ?

Un leitmotiv qui ne manque pas de nourrir les réseaux sociaux.

D’aucuns ne se privant pas de contester la part que prennent ces autorités d’ordre moral dans le fonctionnement sociétal.

Injuste appréciation pour celui – Jean-Paul II par exemple - dont l’influence, dans l’effondrement du mur de Berlin, fut essentielle.

François a pris la relève côté ouest, cette fois, avec ce voyage historique de Cuba aux Etats-Unis - dont il foule le sol pour la première fois - opportunément placé sous le signe de la réconciliation.

Une normalisation souhaitée des relations entre Cuba et les Etats-Unis … un exemple surtout de réconciliation pour le monde entier, selon les propres termes du pape :

« Le monde a besoin de réconciliation devant la troisième guerre mondiale en morceaux que nous sommes en train de vivre », a-t-il justifié.

« Un monde assoiffé de paix », avait-il indiqué plus tôt à la presse dans l’avion qui l’emmenait vers le nouveau monde.

Prenant à nouveau à témoin Jean-Paul II dont il se plait à rappeler les paroles prophétiques qu’il prononça en 1998 :

«Que Cuba avec tout son magnifique potentiel s’ouvre au monde et que le monde s’ouvre à Cuba. »

Et François d’évoquer ce qu’il nomme la vocation naturelle de l’île véritable point de rencontre pour que tous les peuples se réunissent dans l’amitié.

Valoriser la compassion

Aux Etats-Unis, c’est en leader de la paix qu’il s’est présenté à sa descente d’avion accueilli avec les honneurs légitimes que l’on destine à un authentique chef d’Etat, celui du Vatican.

L’objectif, durant ce périple américain, est de valoriser la compassion et cette propension quasi naturelle des américains à l’accueil. Au delà du fait regrettable que l’un des pays parmi les plus riches de la planète est aussi et paradoxalement un foyer d’extrême pauvreté.

Ce qui ne retire en rien à l’exemple de diversité ethnique propre à cette nation. Un sujet sensible qui n’a pas échappé à celui qui fut archevêque de Buenos Aires et qui, à ce titre, sait de quoi il parle alors même que le phénomène de la migration touche actuellement une bonne partie de la planète dont la vieille Europe.

Aux dires du cardinal Pietro Parolin, secrétaire d’État du Saint-Siège, qui accompagne le pape :

«Tout cela peut véritablement constituer une base, un patrimoine social et culturel à partir duquel affronter également les défis actuels de la migration et résoudre les cas qui sont douloureusement ouverts. »

Une affirmation dans le droit fil de la pensée des évêques américains favorables au projet de réforme du système migratoire aux Etats-Unis avec, en filigrane et notamment les conditions « inhumaines » de ceux qui traversent la frontière mexicaine.

Une fois encore, le pape ne se gêne pas pour stigmatiser les trafics d’armes et de drogue sans oublier l’omniprésence du « dieu argent », de la spéculation financière et du « capitalisme sauvage qui a enseigné la logique du profit à tout prix ».

Une attaque en règle qu’il tempère, en réponse à ses objecteurs, en affirmant combien la liberté d’entreprendre n’a rien de contradictoire avec la doctrine sociale de l’Eglise. Une réponse également à ceux qui le classent à gauche alors qu’il prétend simplement s’en tenir à la doctrine sociale de l’Eglise.

A quoi sert le pape ?

La partie n’était pas pour autant gagnée dans l’enceinte du mythique Congrès américain. Surtout lorsqu’il est question de certains autres secteurs sensibles dont la défense de la vie et l’évolution des mœurs. Elle le sera encore moins lors de son intervention attendue devant l’assemblée « onusienne ».

C’est tout l’art d’un homme pétrit de sensibilité franciscaine et formé à l’éthique jésuite.

Un subtil mélange.

Ne parlons pas de sa conception originale, mais de circonstance, de l’écologie dite « intégrale » et si bien définie dans son encyclique:« Laudato Si ».

Une vision du problème qui dérange les climato sceptiques et autres républicains et démocrates qui ne voient pas d’un très bon œil certaines prises de positions vaticanes dont la reprise du dialogue avec les cubains mais aussi l’accord du nucléaire avec les iraniens, la reconnaissance de l’Etat Palestinien sans oublier les nouvelles normes sociétales en matière de mœurs notamment.

Ceux là ont été sans nul doute pris de court par ce pape qui ne mâche pas ses mots quand il s’agit de la défense de l’identité humaine et de son élémentaire respect.

Egalement de la protection de celle qu’il a coutume de nommer joliment : « la maison commune ».

Qu’importe le flacon empli par les pisses vinaigre qui renvoient un peu vite le pontife à ses chères études théologiques. François n’en a cure, quelque peu adepte sympathique et drôle du : « Parle toujours, tu m’intéresses ! ».

Son style et son modèle de vie, qui vont à l’encontre du trop célèbre slogan des nantis en tous genres (faites ce que je dis et pas ce que fais), lui permettent, chaque fois et fort de son incontestable popularité, de faire mouche. En témoignent ses multiples pieds de nez à une société souvent vaniteuse qui confond facilement orgueil et fierté.

A quoi sert un pape ?

Celui-là, en tout cas, est à lui seul et au travers de ses actes, de son comportement et de sa conception du monde, une édifiante et belle réponse.

Bernard VADON

De Cuba aux Etats Unis ... du souci de réconcilier les deux nations à la joie de rencontrer une famille unie.De Cuba aux Etats Unis ... du souci de réconcilier les deux nations à la joie de rencontrer une famille unie.
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De Cuba aux Etats Unis ... du souci de réconcilier les deux nations à la joie de rencontrer une famille unie.De Cuba aux Etats Unis ... du souci de réconcilier les deux nations à la joie de rencontrer une famille unie.

De Cuba aux Etats Unis ... du souci de réconcilier les deux nations à la joie de rencontrer une famille unie.

Rédigé par Bernard Vadon

Publié dans #J - 2 - B ( Journal )

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