RÉCHAUFFEMENT CLIMATIQUE : AU-DELÀ D’UN ÉGOISME SANS BORNES ET D’UN INCONSCIENT COLLECTIF PATENTÉ, UNE QUASI IMPARABLE FATALITÉ.
Publié le 21 Mai 2022
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Pénurie d’eau, exode, malnutrition, extinction d’espèces : la vie sur terre inéluctablement transformée par le dérèglement climatique.
Constat dramatique mais quasi sans appel :
Quel que soit le rythme de réduction des émissions de gaz à effet de serre, les impacts dévastateurs du réchauffement sur la nature et l’humanité qui en dépend vont s’accélérer confirment les scientifiques rattachés au GIEC. Et cela, histoire de fixer les esprits, bien avant 2050.
Pour preuve, le projet de rapport de 4000 pages (!) rédigé par le GIEC (Groupe d’experts intergouvernementaux sur l’évolution du climat) qui fut officiellement dévoilé en février dernier et qui ne laisse guère de place sinon pas de place aux atermoiements de quelques beaux esprits béats. Une vision apocalyptique même si un éventuel espoir pourrait venir de mesures aussi drastiques qu’immédiates. On peut rêver !
En tout cas, parmi les conclusions de ce rapport, on note un abaissement du seuil au-delà duquel le réchauffement peut être considéré comme acceptable.
HISTORIQUEMENT
Souvenons-nous qu’en 2015 l’accord de Paris conseillait une limite de réchauffement à 2 °C par rapport à l’ère préindustrielle et si possible à 1,5 °C. Dépasser ce seuil pourrait entraîner « progressivement, des conséquences graves, pendant des siècles, et parfois irréversibles » fait remarquer le GIEC. Quant à l’Organisation météorologique mondiale, la probabilité que ce seuil de 1,5 °C sur une année soit dépassé dès 2025 est déjà de 40 %.
Comme dirait l’autre, il n’y a plus guère d’espoir.
En clair, que le climat ait changé fait malheureusement partie de ces évidences qui chaque jour nous saute aux yeux.
Ainsi, historiquement, tandis que la hausse des températures moyennes depuis le milieu du XIXe siècle atteint 1,1 °C, les effets sont déjà graves et seront de plus en plus violents, même si les émissions de CO2 sont freinées. Et les êtres vivants – humains ou non – les moins à blâmer pour ces émissions, seront ceux qui en souffriront le plus.
Comme en matière de conflits armés : en témoigne aujourd’hui et cruellement celui qui sévit en Ukraine. Une forme d’injustice intolérable.
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Espèces en sursis ... triste et dramatique !
Quant à certaines espèces animales et variétés de plantes, c’est déjà trop tard car, même à 1,5 °C, les conditions de vie vont changer au-delà de la capacité de certains organismes à s’adapter.
Ce n’est pas moi qui le dit mais toujours ce fameux rapport citant, en illustration, les récifs coralliens, dont un demi-milliard de personnes dépendent. Quant aux espèces en sursis figurent en priorité les animaux de l’Arctique, territoire qui se réchauffe trois fois plus vite que la moyenne :
« De l’agriculture à l’élevage en passant par la pêche et l’aquaculture, dans tous les systèmes de production alimentaire, les pertes soudaines s’accroissent dont les aléas climatiques comme principale cause. A ce stade, l’humanité n’est pas armée pour faire face à la dégradation certaine de la situation. Et les niveaux actuels d’adaptation seront insuffisants pour répondre aux futurs risques climatiques » note encore le GIEC.
Nous voilà plus que jamais prévenus.
EFFETS EN CASCADE
Et si nous n’étions pas pleinement convaincus, la limite de la hausse à 2 °C impacterait jusqu’à 80 millions de personnes supplémentaires affamées et cela d’ici à 2050 et 130 millions d’autres pourraient sombrer dans la pauvreté extrême d’ici à dix ans.
En 2050, des centaines de millions d’habitants de villes côtières seront, quant à eux, menacés par des vagues submersions plus fréquentes, provoquées par la hausse du niveau de la mer avec pour conséquence immédiate des migrations importantes.
Toujours avec une augmentation limitée à 1,5 °C, dans les villes, 350 millions d’habitants supplémentaires seront victimes de pénuries d’eau et 400 millions, au-delà de 2 °C. Un petit demi-degré supplémentaire porterait à 420 millions le nombre de personnes menacées par des canicules extrêmes. Et pour faire encore bonne mesure dans le catastrophisme, les coûts d’adaptation pour l’Afrique devraient augmenter de dizaines de milliards de dollars par an au-delà de 2 °C .
Sans compter avec le danger croissant générant lui aussi des effets en cascade :
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De la canicule à la sècheresse en passant par les incendies ...
Ainsi, certaines régions (Est du Brésil, Asie du Sud-Est, Chine centrale) et presque toutes les zones côtières pourraient être frappées par trois ou quatre catastrophes météorologiques simultanées. Il s’y ajouteront la canicule, la sécheresse, les cyclones, les incendies, les inondations et les maladies transportées par les moustiques.
La destruction des habitats, la surexploitation des ressources, la pollution et la propagation des maladies s’ajoutant aux incertitudes liées aux « points de bascule », éléments-clés dont la modification substantielle, pourraient entraîner le système climatique vers un changement violent et irrémédiable.
Autre conséquence, et non des moindres liée à ces 2 °C de réchauffement, la fonte des calottes glaciaires du Groenland et de l’Antarctique de l’Ouest - qui contiennent assez d’eau pour provoquer une hausse du niveau de la mer de 13 mètres - conduirait à un point de non-retour :
« Pour ces raisons, chaque fraction d’un degré compte alors qu’un autre point de rupture pourrait voir l’Amazonie – un des poumons de la planète avec les océans – transformée en savane. » relève encore le GIEC.
Face à ces problèmes systémiques, aucun remède miracle unique. Sinon, une lueur d’espoir placée dans la conservation et la restauration des mangroves et des forêts sous-marines de kelp, qualifiées de puits de « carbone bleu ». Elles ont la singularité d’accroître le stockage du carbone et de protéger des submersions, tout en fournissant un habitat à de nombreuses espèces et de la nourriture aux populations côtières.
Pourtant, dans ce tableau on ne peut guère plus inquiétant, le GIEC pense que l’humanité peut encore orienter sa destinée vers un avenir meilleur en prenant, dès à présent, des mesures fortes pour freiner l’emballement de la deuxième moitié du siècle :
« Nous avons besoin d’une transformation radicale des processus et des comportements à tous les niveaux : individus, communautés, entreprises, institutions et gouvernements. Nous devons redéfinir notre mode de vie et de consommation. »
AU TEMPS DES DINOSAURES
Au-delà de l’intérêt indéniable que peuvent susciter les diverses initiatives anti-réchauffement climatique, essentielles et révélatrices de préoccupations humaines, il est intéressant de noter que les enjeux de ce problème vital, à notre modeste échelle, seraient totalement insignifiants. Surprenant, mais c’est un fait dument constaté .
En effet, si l’on en croit les scientifiques, la concentration en CO2 qui existait à l’époque des dinosaures était alors six fois supérieure à ce qu’elle est aujourd’hui et la Terre, toujours selon eux, aurait connu une quantité de réchauffements cycliques bien supérieurs à celui qui nous préoccupe aujourd’hui.
A peine réconfortant lorsqu’on sait ce qui se passe au quotidien et à nos portes. Et surtout ce qui nous attend.
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"A plus ou moins brève échéance la vie sur terre est condamnée .."
Selon Arnaud de Senilhes, auteur d’un texte surprenant et détaillé sur la Création de l’Univers, le temps et Dieu visant à nous ouvrir les portes du monde qui nous entoure (1) - :
« Ce qui est significatif, c’est la réaction de l’humanité dans son ensemble face à cette catastrophe annoncée, face à ce nouveau « stimuli » qui l’oblige à réagir. Le réchauffement climatique n’est rien au regard des temps géologiques, mais à celui de l’évolution de l’humanité, c’est un déclencheur. Il renouvelle notre instinct de survie. Pour la première fois, cet instinct de survie qui est l’une des caractéristiques essentielles de la vie sous toutes ses formes, prend chez les humains non seulement une dimension collective, cela s’est déjà vu, une dimension institutionnelle - c’est plus rare, mais cela a déjà aussi existé - mais surtout une dimension quasi mondiale. »
Nous voilà rassurés !
Même si l’on peut être légitimement perplexe sur l’efficacité finale de nos bonnes résolutions, force est de constater que, une fois encore, nous progressons vers quelque chose de totalement nouveau : une prise de conscience collective et institutionnelle des nécessités de notre survie au niveau de l’ensemble de notre planète.
Pour Arnaud de Senilhes, je le cite :
« Quoi qu’il en soit, à plus ou moins longue échéance la vie sur Terre est condamnée et nous n’y pouvons rigoureusement rien. Cela fait partie, avec le recherche du beau, la guerre, la générosité, l’appétit scientifique et artistique, la maladie, la compassion, les aspirations spirituelles et religieuses et mille et une autres choses, des stimulations et des stress auxquels il faut que l’humanité soit soumise pour progresser. »
Sacré programme de survie mais la pilule est amère !
Comme l’écrivait Jean d’Ormesson et en manière de consolation :
« Il y a dans l’espérance comme un reflet de l’éternité. Un reflet ironique. »
Bernard VADON
1 - « il était temps » par Arnaud de Senilhes - Éditions Télémaque