INCONTESTABLE AUTORITÉ MORALE AU RISQUE DE DÉPLAIRE, AU SEUL PRÉTEXTE D’UN MESSAGE ÉVANGÉLIQUE PARFOIS DÉRANGEANT, CE PAPE COURAGE EST SUR TOUS LES FRONTS !
Publié le 15 Mai 2022
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Le pape n’est actuellement pas en odeur de sainteté. Le moins que l’on puisse dire. En tout cas, au regard critique d’analystes dûment rétribués et autres excités des plateaux de télévision et éditorialistes plus aptes à refaire le monde en paroles qu’en actes. Il est vrai que François dérange de plus en plus. Et jusque dans ses propres rangs. Ne parlons pas d’une Curie romaine engoncée dans ses fâcheuses et confortables habitudes. L’exception dans le sérail consacré confirmant la règle. Sans parler des tenants d’une forme d’orthodoxie à leurs yeux moins débridée. Qu’importe si on passe à côté du message christique. UNIVERSELLE Du conflit ukrainien à la détérioration lente mais sûre du climat, en passant par la suffisance américaine qui entend se mêler de tout sous l’œil amusé des russes maîtres pour l’heure des horloges, sans parler des chinois qui seront prompts le moment venu à tirer les marrons du feu, le pape argentin se veut opérationnel et sur tous les fronts jusqu’à proposer à l’énigmatique et richissime patriarche de Moscou Kirill Premier - l’ange gardien et qui sait maudit de Vladimir Poutine et chef institutionalisé de l’église orthodoxe russe - une rencontre,aux fins d’en appeler à la paix et cela en dépit d’archaïques velléités d’ordre communautaire. Comme il le fit en 2016. Pour l’heure, le fort controversé patriarche n’en a cure. Et c’est vrai que le successeur de Pierre « sans divisions » ne fait pas le poids. En termes de missiles et autres armes de destruction, entendons-nois ! ![]() Eric Werner : un système productif où tout est sacrifié à la production ... Ce qui n’émeut pas plus le chef de l’Église catholique dont la pensée autrement universelle et crédible rejoindrait par préférence et dans un domaine économique et humain tout autant préoccupant, celle du philosophe et essayiste suisse, Éric Werner, lequel estimait : Dans le droit fil de ses illustres prédécesseurs, le pape François n‘a de cesse de dénoncer la folie qui s’empare et déchire un monde qui résolument tourne le dos aux plus élémentaires valeurs jusqu’à oublier les conditions sinon de sa propre survie en tous de celle de ses enfants. La terre continue de s’embraser et, comme le constatait il y a quelques années un ancien président de la république française, nous regardons ailleurs. Pour une fois, la fameuse phrase « rien n’est important, demain est une autre jour » nous revient tel un boomerang, dans la figure. François ne se prive pas pour autant de mettre les pieds dans le plat. Récemment, dans celui pour le moins empoisonné de l’OTAN - auquel en son temps le général de Gaulle tourna résolument le dos - avec pour cible une prépondérance américaine et des alliés qui n’ont jamais brillé dans l’art des échecs mais qui en revanche ne manque jamais de s’afficher en garant de la paix dans le monde … après avoir mis le feu aux poudres aux quatre coins de la planète quand ils n’ont pas froidement abandonné certains pays à leur triste sort. Du Vietnam hier au Moyen-Orient récemment. L’HIVER DÉMOGRAPHIQUE Le souverain pontife qui n’a de cesse de conseiller à son clergé de vivre et faire partager le message évangélique dans les rues et non pas dans la tiédeur des sacristies toujours aussi combatif dans la défense de l’humain et des plus vulnérables, dans un message pour le moins explicite adressé aux acteurs participant aux États généraux de la natalité organisés à Rome, le 12 mai dernier, par la Fondation pour la natalité et le forum italien des familles, exhortait sans ménagement l’Occident dans une jolie sinon poétique formule à ne pas capituler devant l’hiver démographique (sic) et à vivement et rapidement réagir à ce qu’il qualifie « d’urgence sociale » : « L’ignorer est une attitude myope car avec la baisse de la natalité, l’Italie, l’Europe et l’Occident appauvrissent leur avenir ». ![]() L'enfant c'est la vie ! Un message porté par trois femmes enceintes et dans lequel, sans détours ni faux fuyants comme à son habitude et au risque de bousculer quelques consciences, le pape braque le projecteur sur « la pauvreté tragique » de ceux qui ne parviennent pas à avoir d’enfants malgré leur désir : « De nombreux jeunes peinent à réaliser leur rêve familial. Leur désir s’effrite pour être remplacé par des substituts médiocres, comme les affaires, la voiture, les voyages, la protection jalouse de ses temps libres. Un désir au rabais qui se contente de peu » constate François. |
Et le chef de l’Église catholique d’inviter à espérer envers et contre tout, en dépit des chiffres qui empirent inexorablement d’année en année. Et parallèlement d’en appeler l’ensemble des acteurs sociétaux – institutionnels, médiatiques, culturels, économiques et sociaux – afin qu’ils favorisent, améliorent et mettent en œuvre des politiques concrètes pour relancer la natalité et la famille en dépassant si nécessaire les « barrières idéologiques : « C’est le moment de donner des réponses réelles aux familles et aux jeunes », insiste le pape, qui encourage à « recommencer à espérer dans la vie ». Et de citer l’Italie qui, avec 1,27 enfant par femme, en 2019, est l’un des derniers pays d’Europe en terme de natalité. Cette grave et vitale question engageant une autre préoccupation qui justifiera, en septembre prochain, la 108e Journée mondiale des migrants et des réfugiés. L’opportunité pour le chef de l’église catholique de revenir sur l’un de ses sujets de prédilection. Et à ce titre, de rappeler notamment que les migrations sont une opportunité de croissance pour tous. Fidèle à sa mission apostolique, insensible aux chants des sirènes et autres thuriféraires et pisse-vinaigre de circonstance, il va son chemin de vérité, celui du christ et de son Évangile avec pour objectif sinon l’éradication en tout cas l’atténuation des inégalités et des discriminations qui plombent le monde actuel. VOEU PIEUX Au-delà de l’écriture inclusive dont on nous rebat les oreilles, c’est aux yeux du pape l’inclusion des plus vulnérables qui doit primer. Une priorité qui doit dépasser le stade du vœu pieux : |
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Une opportunité de croissance culturelle et spirituelle. L’histoire nous enseigne que la contribution des migrants et des réfugiés a été fondamentale pour la croissance sociale et économique de nos sociétés. La présence de migrants et de réfugiés représente un grand défi, mais aussi une opportunité de croissance culturelle et spirituelle pour tous. Grâce à eux, nous avons la possibilité de mieux connaître le monde et la beauté de sa diversité et de découvrir la richesse contenue dans des religions et des spiritualités qui nous sont inconnues. Cela doit nous pousser à approfondir nos propres convictions.» estime le pape François qui sait un peu de quoi il parle pour être personnellement descendant d’une famille de migrants piémontais venus tenter leur chance en Argentine dans les années 30. Il considère aussi très positive l’arrivée de migrants et de réfugiés catholiques. Selon lui : « Elle offre une nouvelle énergie à la vie ecclésiale des communautés qui les accueillent car ils sont souvent porteurs de dynamiques revitalisantes et animateurs de célébrations vibrantes. Ce qui donne des occasions de vivre plus pleinement la catholicité du peuple de Dieu ». Et le souverain pontife d’inviter les jeunes en particulier à se mobiliser : «Pour que le projet de Dieu sur le monde puisse se réaliser et que son Royaume de justice, de fraternité et de paix arrive ». Lors de la conférence de presse relative à cette journée mondiale des migrants et des réfugiés , le Père Fabio Baggio, sous-secrétaire du Dicastère pour le service du développement humain intégral, a reconnu combien le défi de l’accueil des migrants peut créer des « répercussions sociales » et à ce titre il encourage à mieux comprendre les multiples contextes de migration. SIXIÈME CONTINENT A l’occasion de ce futur grand rassemblement , le sous-secrétaire du Dicastère s’inscrivant dans le contexte actuel de la guerre en Ukraine comme des autres mouvements de population qui marquent le panorama international actuel, se situe dans le projet du Saint Siège en considérant qu’il ne faut jamais laisser un pays seul face à ce défi, et que tout doit être assumé dans un esprit de coresponsabilité. La réconciliation et la reconstruction sont des conditions indispensables pour permettre un éventuel retour des réfugiés dans leur pays d’origine. « Les migrants constituent un « 6e continent » présage pour sa part le cardinal Francesco Montenegro, archevêque émérite d’Agrigente : « Il n’est pas possible de demeurer à l’extérieur de cet enjeu. La communauté chrétienne a la responsabilité de vivre aujourd’hui en cherchant à réaliser le projet de Dieu par la justice, la paix et le respect de la dignité de chaque personne. » ![]() C’était en 1848, il y a 175 ans, devant les membres de l’Assemblée nationale, une singulière prise de conscience de l’auteur des « Misérables», un ouvrage mythique dans lequel Victor Hugo prend la défense des opprimés, dénonce les injustices et décrit avec une incroyable précision la misère dont il est le témoin : « La grande erreur de notre temps a été de pencher, je dis plus ; de courber l'esprit des hommes vers la recherche du bien-être matériel. Il faut, et c'est à la grande mission spéciale du ministère de l'instruction publique, il faut relever l'esprit de l'homme, le tourner vers Dieu, vers la conscience, vers le beau, vers le juste et le vrai vers le désintéressé et le grand. C'est là ; et seulement là, que vous trouverez la paix de l'homme avec lui-même, et par conséquent la paix de l'homme avec la société. ». Cela ne vous inspire -t-il rien ? BERNARD VADON .
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