MARRAKECH : BEETHOVEN INTENSEMENT ! Deuxième partie .
Publié le 12 Mars 2020

Schumann a également écrit une transcription mais l’autre soir Michel Chanard a interprété
la transcription de Franz Listz un exercice toujours particulier et difficile pour les pianistes qui avec leurs deux mains doivent suppléer tout un orchestre – de 20 à 100 musiciens – et recréer le rendu de ce dernier.
La sonate no 14 en do dièse mineur, dite « Au Clair de Lune » composée en 1801 et publiée en 1802 avec une dédicace à la comtesse Giulietta Guicciardi, jeune femme de dix-sept ans dont le musicien semble avoir été amoureux décrit dans le premier mouvement une marche lente qui incita à la cataloguer de musique de deuil. Mais en réalité elle peut aussi traduire les élans amoureux de son compositeur.
Elle a illustré musicalement le film « Le Pianiste » réalisé par Roman Polanski et retraçant le parcours de Wladyslaw Szpilman, célèbre pianiste juif polonais superbement interprété à l’écran par Adrien Baudry. Palme d’Or à Cannes ce film a obtenu sept César et trois Oscars en 2003 :
« C’est le regard bouleversant d'un monde consumé et Polanski se libère en composant cette intime partition, résonant sur la plus belle des notes celle de l'espoir. »
« LETTRE A ÉLISE »
A priori, aucune jeune femme de l'entourage du compositeur - qui n’était pas insensible au charme féminin - ne portait le prénom d'Élise du nom de la bagatelle en la mineur que tout un chacun a dû entendre au moins une fois dans sa vie.
Selon une des hypothèses les plus probables, Beethoven aurait appelé ce morceau Für Therese (« Pour Thérèse ») prénom que portaient en revanche deux femmes dont une de ses élèves et qui comptèrent énormément dans la vie sentimentale du compositeur. Une autre hypothèse rapporte que la dédicataire pourrait être aussi la soprano Elisabeth Röckel dont le nom de baptême était « Maria Eva Elise ».
Au cinéma, on retrouve cette sonate dans l’émouvant film de Luchino Visconti, « Mort à Venise » inspiré du livre de Thomas Mann et tourné dans le décor du mythique Grand Hôtel des Bains du Lido à Venise avec à l’affiche Dirk Bogarde et la sublime Silvano Mangano.
Artur Schnabel, Wilhlem Kempff, Alfred Brendel, Alexis Weissenberg et Philippe Entremont ont immortalisé cette magnifique sonate que Michel Chanard - Premier prix d’excellence de piano à Paris, qui depuis des années effectue des tournées et donne des récitals en Europe, au Canada et au Maroc.Spécialisé dans l’accompagnement de solistes lyriques et d’ensemble vocaux et d’orchestres.
Compositeur de musique religieuse, vocale et instrumentale dont une œuvre commune avec Bernard Vadon. Il a également enregistré plusieurs CD – a interprété l’autre soir.

LA PATHETIQUE
La sonate Pathétique marque une période durant laquelle Beethoven a affirmé son style. Il veut aussi prouver aux musiciens viennois, tels Mozart et Haydn, qu’il avait un bagage classique suffisant pour pouvoir écrire une musique dite « traditionnelle ».
Cette fois encore le célèbre Adagio a été repris au cinéma et dans la publicité notamment le 3e mouvement dans Beethoven Virus, une série télévisée sud-coréenne réalisée par Lee Jae-gyu
Le Grave du premier mouvement tout comme l’Allegro bénéficient dans mes souvenirs de la pâte quasi orchestrale de mon talentueux ami Bruno-Leonardo Gelber, incroyablement engagé et qui dans son interprétation nous tient véritablement en haleine. Notamment – même si j’apprécie infiniment le bel adagio -
dans le Rondo final qui offre une démonstration de grand piano romantique dans laquelle Michel Chanard n’a pas l’autre soir démérité.

SYMPHONIE N°6 DITE « LA PASTORALE »
Dans cette œuvre Beethoven anticipe sur la fameuse définition confiée par l’écrivain et philosophe suisse Amiel :
« Chaque paysage est un état d'âme »
Composée en même temps que la Cinquième symphonie, la Pastorale donne en fait la clé d'une double interprétation psychologique évoquant l'homme aux prises avec le destin mais aussi face à la nature. Tandis qu'il lutte avec le destin et finit par le terrasser, il s'abandonnera finalement à la nature.
Le film Soleil Vert réalisé par Richard Fleischer en est une belle et remarquable illustration. En effet, librement inspiré du roman de Harry Harrison, ce récit de fiction traduisant un monde utopique sombre ou dystopie, combine à la fois le genre du film policier et de la science-fiction. Cette transcription de la Sixième symphonie de Beethoven créent une singulière et cependant belle atmosphère
SIX CENTS MESURES !
De nombreux grands pianistes du XXe siècle ont joué en public ce concerto N°5 « L’Empereur » et l'ont aussi enregistré de Schnabel à Fischer en passant par Horowitz, Kempff, Serkin, Arrau, Brendel, Pollini, Gould et Rubinstein.
Ce second mouvement interprété par Michel Chanard a été également été emprunté au cinéma par les frères Dardenne et Rainer Maria Fassbinder.
Les deuxième et troisième mouvements font aussi partie de la bande sonore du film Ludwig van B. de Bernard Rose.
A lui seul, le premier mouvement compte la bagatelle de presque six cents mesures et avec cette oeuvre Beethoven invente le grand concerto symphonique qui servira de modèle à Liszt, et Brahms, notamment mais aussi à bien d'autres musiciens du XIXe siècle.

L'Ode à la joie
Nommée également Hymne à la joie cette ode s’appuie sur un poème de Friedrich Von Schiller écrivain et dramaturge allemand qu'une forte amitié liait à Goethe et qui associa sa poésie à une réflexion sur la vie et sur l'art.
Cet Hymne est surtout connu comme le final du quatrième et dernier mouvement de la 9e Symphonie de Beethoven, devenu l'hymne officiel de l'Union européenne dont la première interprétation officielle fut confiée à Herbert von Karajan.
A la création de la 9e symphonie, en 1824, Beethoven, sourd, n'entendit pas l'ovation du public car il était atteint, on s’en souvient de surdité depuis l'âge de 26 ans.
Alors, comment a t-il pu continuer à composer?
Tout simplement en serrant un crayon entre ses dents. Ce qui lui permettait de ressentir les vibrations des notes par résonnance.
Avant cette dernière interprétation reprise en final par l’assistance et précédant un succulent et apéritif dînatoire préparé par Mina Aarab et proposé par Philippe Hugo l’une des invitées, Catherine Cherubini portant le nom d’un célèbre compositeur sans en être, précision utile, la descendante directe, lut quelques lignes du poème de Schiller.
Bernard Vadon
DEMANDEZ LE PROGRAMME !
1/ 7ème symphonie - deuxième mouvement –
2/ Sonate N°14 dite « Clair de Lune » - 1er mouvement
3/ « La Lettre à Élise » bagatelle en la mineur
4/ Sonate N°8 « Pathétique »
6/ 6ème Symphonie dite « Pastorale »
7/ Concert N° 5 dit « L’Empereur » 2ème mouvement
FINAL : « Ode à la Joie » transcription pour piano