De « Paris brûle t-il ? » … à « Fluctuat nec mergitur ! » bis
Publié le 19 Novembre 2015
Est-ce peut-être une vengeance d'un contempteur qui par la magie informatique a réussi à se glisser dans le paragraphe "primo" de ce texte déjà publié et bizarrement transformer ou occulter ( allez savoir) le terme évidemment latin de ULTIMATUM ... et laisser en évidence un EAUX qui bien entendu ne veut rien dire.
Je mérite pour cela un involontaire pan sur le bec à la manière du Canard Enchaîné pourtant très vigilant sur les éventuelles erreurs typographiques ou autres.
Je demande donc pardon à mes fidèles lecteurs.
En ces temps de vive incertitude et de tensions alors même que Paris est touchée en plein cœur par le fait d’une violence, barbare, inexplicable et par voie de conséquence inexcusable, la devise de la capitale de la France répond à la réaction légitime de ses habitants : « fluctuat nec mergitur » … en d’autres termes « est battu par les flots mais ne sombre jamais » ou encore lorsque l’image s’applique à un bateau : » il flotte mais ne coule pas. »
Paris n’en est pas, d’ailleurs, comme la France à son premier combat et sa première victoire sur la folie de certains hommes et communautés dévoyées.
Mais au travers de ces drames revenons à notre propos concernant la lutte des pour et des contre le latin à l’école.
Il se trouvera bien un contempteur en puissance encouragé par la grande prêtresse commise à triturer notre éducation nationale (suivez mon regard) pour jeter aux oubliettes culturelles cette référence que nous devons à la corporation des Nautes (la corporation de l’eau) ; et qui, en cette période trouble affectant la capitale, caractérise parfaitement le courage et la volonté des parisiens de vivre. Tout simplement.
Sans pour autant quitter le sujet concernant justement le maintien du grec et du latin dans les programmes scolaires, un de mes bons amis et néanmoins lecteur assidu de mon blog, m’adresse la copie d’une allocation de fin d’année prononcée par un professeur du réputé lycée parisien Janson de Sailly à propos, justement, de ces pourfendeurs de notre belle culture.
IN EXTENSO
Humour, dérision, regrets infinis, nécessité d’en rajouter peut-être mais en tout cas un clin d’œil sans concession, lucide et révélateur de la volonté de certains (ou certaine) de vouloir trop en faire dans le but inavouable de marquer leur passage à la postérité au gré de réformettes plus enclines à faire du mal que du bien.
C’est donc avec la permission de mon correspondant que je restitue « in extenso » (eh oui, Madame le ministre, on n’en sort pas de ce fichu latin !) ce discours clôturant solennellement une fin d’année scolaire … latine en diable !
"Je regrette de ne pouvoir reprendre l’antique coutume à savoir de prononcer ce discours en latin mais, que voulez-vous, la mode est passée et il n’est personne, à l’heure actuelle, qui aurait le téméraire courage de le ressusciter. »
« Primo, comme disait un latiniste de mes amis, cela pourrait passer pour un ultimatum aux humanités modernes et ce serait ipso facto un véritable outrage au statuquo que de faire ex cathedra un pareil lapsus. »
Un court temps de répit ou « respectus » et vous laisser ainsi, Mmes et MM les contempteurs, reprendre votre respiration.
« Donc, secundo, il faut de plus en plus s’exprimer en français car c’est la condition sine qua non pour être persona grata.
« Tertio, il ne faut pas ajourner sine die la remise de l’exeat que vous attendez - soit dit, en a parte - comme nec plus ultra.
« Finis les pensums, finis les vetos : l’heure est aux accessits, aux ex æquo, et cætera.
« Dans un instant, vous serez récompensés au prorata de vos efforts. On proclamera orbi et urbi vos résultats, non point grosso modo, mais in extenso, et vous emporterez un palmarès que vous conserverez jalousement en duplicata, comme memento, première ébauche au sein de l’alma mater alias l’universalité de votre curriculum vitae.
« Vous partirez ad libitum les uns par l’omnibus, les autres pedibus cum jambis ; ou vice et versa.
« Aussi ne veux-je plus retarder votre sortie d’un seul alinéa ou d’un seul post-scriptum et parvenu à mon terminus, je me contente de vous dire simplement, in extrémis : mes chers amis, au revoir et belles vacances !»
ERRARE HUMANUM EST
Et notre professeur, qui ne manque décidément pas d’humour, de conseiller à Mme Najat Belkacem d’en prendre de la graine et de ne pas oublier qu’errare humanum est ; perseverare diabolicum !
Tout en apportant, en conclusion, quelques précisions à ces précédentes expressions latines dont la signification est souvent obscure pour le plus grand nombre en termes latins nota bene :
exeat : certificat de radiation, délivré par un collège ou un lycée attestant que l’élève a quitté l’établissement et qu’il est en règle (dettes soldées, manuels restitués, etc.) d’où quitus
alma mater : à l’origine, sainte mère. Aujourd’hui, le terme est essentiellement employé dans le monde de l’enseignement supérieur.
Ainsi, dans les pays anglophones, le terme est surtout employé pour désigner l’université dans laquelle une personne a fait ses études mais peut être aussi utilisé pour un collège ou un lycée.
ad libitum : caractère facultatif d’une partie vocale ou instrumentale ; liberté de mouvement laissée à l’exécutant dans un passage.
Le mot … in fine reviendrait aux belges considérant que si Mme Najat Vallaud Belkacem veut supprimer le latin au seul fait qu’il ne concerne que 18% des élèves alors pourquoi ne pas supprimer le Parti Socialiste qui ne représenterait que 18% des électeurs ?
A bon entendeur.
Bernard VADON