NOTRE-DAME DE PARIS : AU-DELÀ DU CONSUMERISME  ET DES MONDANITÉS, LE PAPE FRANÇOIS ASSUME UN CHOIX PASTORAL EN PRIVILÉGIANT LA CORSE PLUTÔT QUE PARIS. URBI ET ORBI ! »

Publié le 5 Décembre 2024

« Aujourd’hui, tout s’achète et se paie, et il semble que le sens même de la dignité dépende de ce que l’on peut obtenir par le pouvoir de l’argent. Nous sommes pressés d’accumuler, de consommer et de nous distraire, prisonniers d’un système dégradant qui ne nous permet pas de voir au-delà de nos besoins immédiats et mesquins. L’amour du Christ est en dehors de cet engrenage pervers et Lui seul peut nous libérer de cette fièvre où il n’y a plus de place pour un amour gratuit. Il est en mesure de donner du cœur à cette terre et de réinventer l’amour, là où nous pensons que la capacité d’aimer est définitivement morte.

L’Église aussi en a besoin pour ne pas remplacer l’amour du Christ par des structures dépassées, des obsessions d’un autre âge, adoration de sa propre mentalité, des fanatismes de toutes sortes qui finissent par prendre la place de l’amour gratuit de Dieu qui libère, vivifie, réjouit le cœur et nourrit les communautés. Un fleuve qui ne s’épuise pas, qui ne passe pas, qui s’offre toujours de nouveau à qui veut aimer, continue de jaillir de la blessure du côté du Christ. Seul son amour rendra possible une nouvelle humanité. »

ARROGANCE

Ce point final de la dernière encyclique « Dilexit Nos » ( « Il nous aimait ») du pape François pourrait, ô combien , mieux nous éclairer sur la décision - que d’ailleurs et personnellement nous approuvons - du pape François d’avoir décliné l’invitation - je dirais, méchamment, à parader - lors d’un événement certes important - le renouveau, sinon, et pour rester dans la note ecclésia athénienne de la résurrection, d’un monument mondialement mythique alors que la Vierge Marie, dans son extrême et infinie modestie, n’en demandait peut-être pas tant  … Mais bon, ne sombrons pas, à notre tour, dans le péché de présomption ou d’orgueil spirituel sinon d’arrogance, qui généralement, et de façon doctrinale, se produit lorsque quelqu'un s'appuie sur sa propre sagesse, ou sa force, plutôt que de dépendre, en l’occurrence, de Dieu. Seulement voilà….

Un pontificat compliqué par un monde déglingué mais le Saint-Père assume et gère ...

Les « mitrés » - particulièrement ceux d’origine française - au demeurant scandalisés, à l'issue de leur dernière conférence à Lourdes, par cette manière de rebuffade papale devraient être les premiers à se frapper la coulpe et à ne pas se confiner dans une sorte de complot de salon dont trop de Monsignors sont friands. Au grand dam du pontife.

Le dernier et remarquable film « Conclave »  - d’après l’œuvre de Robert Harris, superbement réalisé par Edward Berger avec à l’affiche l’excellent et convainquant Ralph Fiennes - en doyen des cardinaux - mais aussi Isabella Rossellini, redoutable Mère supérieure, à peine reconnaissable - dans lequel la Curie vaticane, par la magie cinématographique de Stéphane Fontaine, dévoile ces étranges coutumes que le pape François n’est pas le dernier à combattre au nom de cette spiritualité populaire qu’il privilégie. Une manière de prise de conscience qui amène à des choix certainement douloureux - au regard de certains incrédules sinon incroyants privilégiant le consumérisme ambiant - mais indispensables pour la préservation de la vraie foi.

Un grand film américano-britannique comme on les aime, par la qualité de ses images, la vision sinon la dimension de la démarche.

D’ailleurs, le rendu de la critique le confirme comme j’ai pu le découvrir par le satisfecit du public qui est un signe en soi. Ainsi, l'avis de ce spectateur privilégié :

« Il est des films qui ne se contentent pas de raconter une histoire, mais qui s’aventurent à recréer l’atmosphère d’un lieu, la texture d’une époque, l’inexprimable d’un moment suspendu entre le visible et l’indicible. Conclave, sous la direction attentive et rigoureuse d’Edward Berger, s’inscrit précisément dans cette catégorie. Dès les premières images, une lenteur majestueuse s’empare du récit, invitant le spectateur à pénétrer dans un univers où le sacré se mêle aux jeux opaques du pouvoir, comme l’ombre se confond à la lumière dans les plis baroques des tentures de la Chapelle Sixtine. La reconstitution des lieux frappe par son exactitude presque liturgique, chaque détail étant empreint d’un soin qui semble vouloir faire revivre non seulement un espace, mais une âme. Les fresques des murs, comme les plis des chasubles, évoquent à la fois la gloire immuable d’une institution et la fragilité des hommes qui l’habitent. Dans cet écrin solennel, les cardinaux, figures hiératiques et néanmoins profondément humaines, avancent comme des pièces sur un échiquier dont les règles, bien qu’écrites, sont toujours sujettes à une interprétation secrète. »

Ralph Fiennes alias Cardinal Lawrence : entre grâce et duplicité.

Et ce spectateur particulièrement séduit d’ajouter :

« Ralph Fiennes, dans le rôle du Cardinal Lawrence, incarne avec une subtilité rare cet équilibre délicat entre la grâce et la duplicité. Le choix des dialogues en latin – subtilement traduits en français pour l’auditoire contemporain – ajoute à la fois une authenticité et une distance, un peu comme si les personnages se dérobaient à la temporalité immédiate pour se hisser dans une sphère atemporelle où chaque mot devient une incantation. Ces passages, dont la musicalité semble convoquer une mémoire collective enfouie, raviront sans doute les spectateurs sensibles à la langue des premiers maîtres. »

Pour finalement conclure :

« Si Conclave touche, c’est parce qu’il interroge, sans lourdeur ni dogmatisme, la complexité des relations humaines dans un contexte où tout semble se jouer dans le secret. Les faux-semblants, les alliances de circonstance, les trahisons feutrées – ces "coups de Trafalgar" empreints de majesté – trouvent ici une résonance particulière, car ils sont enserrés dans une structure qui, par son immobilité apparente, accentue leur portée dramatique. Les thématiques de l’acceptation, de la foi et du doute, tout comme celles du rapport au sacré, apparaissent alors dans une lumière nouvelle, non pas comme des concepts abstraits, mais comme des expériences intimes où se reflètent les fractures d’un monde en perpétuel devenir. »

Mgr Jean-Paul Vesco : dans la mouvance du peuple de Dieu ...

Surtout lorsque le film se clôt sur une note inattendue, presque déroutante, rappelant que même au cœur des institutions les plus figées, souffle parfois un vent d’audace lorsque le choix du nouveau pape se porte que un cardinal de Kaboul  ... Mais nous ne dévoilerons pas la fin.

En tout cas, de quoi perturber l'obscurantisme de certains sinon une approche intéressante de ce que pourrait être l'aprés François. Ne serait-ce qu'au travers des nouvelles créations au sein d'un cardinalat manifestement rajeuni. Hier en Corse, avec François Bustillo - 56 ans - suivi maintenant de la création - ce samedi qui vient lors du consistoire convoqué par le pape - d'un nouveau cardinal en la personne de Mgr Jean-Paul Vesco - 62 ans - dominicain, archevêque d'Alger expliquant recevoir cette mission en tant qu'Algérien. Ainsi, après Marseille et la Corse et maintenant Alger, la preuve quasi irréfutable de ce que la Méditerranée représente dans les gènes et le coeur de l'actuel pontife. 

La pierre n'a point d'espoir que d'être autre chose qu'une pierre. Mais, de collaborer, elle s'assemble et devient temple,  écrivait Saint-Exupéry.

Et de conclure :

« Conclave, par sa réalisation soignée et sa profondeur narrative, s’inscrit comme une œuvre à la fois exigeante et universelle, un miroir tendu à notre humanité en quête d’absolu."    

Du beau, du grand, du vrai cinéma comme il nous arrive trop rarement d’en voir au cœur de la multitude des champs de « navets ».

HYPOCRISIE

Mais retour au fait du week-end avec l’ouverture - quelque peu tapageuse des portes de Notre-Dame de Paris - et du choix du pape de ne pas assister à cet événement. D’aucuns - à commencer par certains dignitaires de l’Église - n’étant pas les derniers à manifester parfois non sans une évidente hypocrisie leur désappointement. Les raisons pour une fois privilégiant le coeur sont multiples et évidentes.

Sans parler de ces choix éthiques d’origine française qui fâchent. Celui de la fin de vie, et de l’IVG, par exemple.  Sans parler de notre laïcité que le pape qualifie « d’exagérée ». Précisant lors d’un entretien :

« Je crois que dans certains pays comme en France, cette laïcité a une coloration héritée des Lumières beaucoup trop forte, qui construit un imaginaire collectif dans lequel les religions sont vues comme une sous-culture. »

Au-delà du tintamarre païen tel le spectacle affligeant et à connotation manifestement wokiste lors de l’ouverture des derniers J.O de Paris et des grands discours de circonstance,  mais aussi de certains états d’âmes et autres atermoiements,  le pape, comme ses prédécesseurs, reste le maître du jeu. D’aucuns diront, des horloges ou se réfugieront derrière l’injonction : Circulez, il n’y a rien à voir  sinon ces politiciens et gouvernants de tous poils qui hier encore usaient de l’anathème mais qui seront les premiers à jeter leurs griefs aux orties.  

Peut-être n'en demandait-elle pas tant ...

Certes, pour cette restauration de Notre-Dame de Paris beaucoup ont donné, parfois généreusement, et à ce titre, ils méritent la légitime reconnaissance d’un pays consacré à la Vierge Marie par la volonté du roi Louis XIII.

Le Ciel leur en sais gré. Tout comme la Vierge Marie. Tout cela confirmé par l’Histoire et  par la volonté du pape Pie XI lequel,  confirma l’acte officiel de cette consécration, reprenant presque, mot pour mot, les phrases du décret royal dans la première bulle de son pontificat, adressée à la France, instituée fille aînée de l’Église : 

"Nous déclarons et confirmons que la Vierge Marie, Mère de Dieu, a été régulièrement choisie, sous le titre de son Assomption dans le ciel, comme principale patronne de la France auprès de Dieu, avec les privilèges que comportent ce titre et cette dignité".

Ainsi, le vœu de Louis XIII illustre le vieil adage prononcé par Urbain II, au XIIe siècle : « Regnum Galliae, regnum Mariae » en français « le royaume de France est le royaume de Marie ». 

Et selon ces mêmes dispositions royales, ce vœu et les bienfaits de la Vierge seront effectivement célébrés, tous les 15 août, décrétés jours de Marie, chômés pour tous les Français.

Qui osera contester les racines chrétiennes de la France ? Et pourtant …

SYNODALEMENT VÔTRE !

Quant à la décision du pape de répondre aux attentes des corses en visitant leur île, elle dénote, chez le pontife, une volonté d’aller à l’essentiel : la mission pastorale. D’ailleurs, dans le document final du dernier Synode - publié ce dernier 26 octobre - il était bien spécifié que, dans le cadre de l‘assemblée synodale sur « la synodalité », le chemin synodal devrait dorénavant se poursuivre "dans les Églises locales", afin de mettre concrètement en œuvre, sur le terrain, le vaste processus initié en 2021 et censé rendre l’Église catholique plus participative et moins cléricale. En d‘autres termes, plus populaire. 

D’où, peut-être ( même si les voix du Vatican comme celles du Seigneur sont quasiment impénétrables ) la décision du pape de renoncer à un déplacement parisien pour un événement  un tantinet grand siècle. Et, à ce propos,  un habitué de la sphère vaticane de confier :

«Les festivités officielles à Paris pour la réouverture de Notre-Dame constituent tout ce que déteste le pape François en termes de mondanitésEn revanche, son déplacement en Corse correspond davantage à sa spiritualité car il est trés attaché à la promotion des périphéries, à la valorisation de la piété populaire et du peuple.»

Effectivement, le colloque organisé en Corse sur le thème de « La piété populaire en Méditerranée. » répond, en tous points et bien autrement, à la sensibilité affirmée du pape argentin ne souhaitant pas que l’inauguration de la cathédrale restaurée puisse avoir une connotation politique ou être exploitée comme telle par quelques opportunistes. Notamment, côté Élysée  dont le locataire devra s’exprimer sur le parvis de la cathédrale et non pas intra-muros comme le laissa entendre un temps la rumeur, ignorante du caractère affectataire des lieux. Jusqu’aux clés du sanctuaire que le président aurait peut-être bien aimer remettre en personne à l’archevêque de Paris. Mais celui-ci en étant l’unique détenteur, c’est à lui seul que reviendra la mission d’ouvrir, selon le rite, les portes de la cathédrale : d’abord, aux fidèles, et au public ensuite. Dieu merci, la laïcité a ses limites !

Ce qui n’a pas empêché le président, lors d’une visite pré-inaugurale d’y aller - pupitre blanc en bataille - de sa péroraison coutumière usant parfois de termes amphigouriques en un lieu où, canoniquement parlant, il eut mieux valu qu’il se taise. Et laissât parler la magie des lieux qu’un éclairage par trop intense contrariait quelque peu ; nuisant, à notre très humble avis, à la méditation de circonstance et au souvenir de cette parole prophétique du Christ rapportée par l’évangéliste et que le président aurait fort bien pu adapter à la situation, même si Jésus faisait indirectement référence au temple de son corps. Mais bon, cette fois encore, n’en rajoutons quand même pas :

«  Détruisez ce temple, et en trois jours je le relèverai. »

Les Juifs répliquant qu’il leur avait fallu quarante-six ans pour bâtir ce temple, et que lui, en trois jours, le relèverait. Le président, au lendemain de l’incendie d’avril 2019. aurait pu tout autant faire allusion à son défi d’alors de reconstruire, en cinq ans, ce joyau gothique.

Serait-ce donner raison à Charles Péguy discourant sur la philosophie cartésienne et estimant que l’argent est le maître de l’homme d’État …  ce même Péguy qui affirmait d’une façon autrement rassurante, je cite :

« Une tradition venue, montée du plus profond de la race, une histoire, un absolu, un honneur voulait que ce bâton de chaise fût bien fait. Toute partie, dans la chaise, qui ne se voyait pas, était exactement aussi parfaitement faite que ce qu’on voyait. C’est le principe même des cathédrales. » 

Comme certains de ses prédécesseurs Emmanuel Macron aura quand même marqué son nom dans la pierre présidentielle par une réalisation, reconnaissons-le, exceptionnelle.

Quant au grand absent, le pape, il affirme, dans sa dernière encyclique et sur le chapitre,  clairement et théologiquement, sa pensée :

« Plus encore qu’avec le jansénisme, on peut dire que nous sommes confrontés aujourd’hui à une forte avancée de la sécularisation qui aspire à un monde libéré de Dieu. En outre, diverses formes de religiosité privées de références à une relation personnelle avec un Dieu d’amour se multiplient dans la société, et sont de nouvelles manifestations d’une “spiritualité sans chair”. Cela est vrai. Mais je dois souligner qu’un dualisme janséniste préjudiciable renaît sous de nouveaux traits au sein même de l’Église. Il a acquis une nouvelle force au cours des dernières décennies. Il est une manifestation de ce gnosticisme qui ignorait la vérité du “salut de la chair” et qui fut dommageable à la spiritualité des premiers siècles de la foi chrétienne. C’est pourquoi je tourne mon regard vers le Cœur du Christ et je vous invite à renouveler votre dévotion. J’espère qu’elle pourra aussi toucher la sensibilité contemporaine et nous aider à faire face à ces dualismes anciens et nouveaux auxquels elle offre une réponse adéquate. » écrit le Saint Père.

Alors, pour quelles raisons avoir porté son choix sur l’île dite de beauté ... quand même en France pour taire les pisse-vinaigres de circonstance   ?

D’abord, c’est son droit assumé mais aussi parce que les liens entre la Corse et le Vatican ne datent pas d’hier. Assurément, ad minima, un peu d’Histoire s’impose.

En effet, l’introduction du christianisme sur l'île remonte à la fin du Ier, ou au début du IIe siècle. Mais il faudra attendre la fin du Ve siècle pour que la Corse connaisse une implantation chrétienne significative. Tenue sous l'autorité des Vandales d'environ 455 jusqu'au milieu du VIe siècle, l'île deviendra une terre d'exil pour de nombreux évêques d'Afrique du Nord, qui appliquaient alors une évangélisation systématique.

Autant dire que le christianisme, au long fil des siècles, va poursuivre son enracinement sur l’île et les premiers monastères verront le jour vers la fin du Vie siècle. Parallèlement et sous l’impulsion du pape Grégoire 1er , la lutte contre le paganise s’intensifiera. Ce dernier dans l’une de ses nombreuses lettres et notamment celle datée du 17 juin 601, invitait le clergé et le peuple d'Ajaccio à élire un nouvel évêque, attestant ainsi officiellement de l’existence de l’évêché d’Ajaccio.

En 754, Pépin le Bref, alors roi des Francs, signe avec le pape Etienne II (715-757) le traité de Quierzy par lequel il s'engage, contre reconnaissance de la dynastie carolingienne, à conquérir puis à offrir à la papauté des territoires détenus par le roi de Lombardie. Parmi ces terres, la Corse.

Au milieu du VIIe siècle, les Lombards conquièrent l'Italie, jusqu'ici sous contrôle de l'Empire Byzantin. La Corse, par extension, se retrouvera sous leur sphère d'influence. Mais, soucieuse de préserver son indépendance, la papauté se mettra derechef en quête d'un protecteur militaire qu'elle trouvera dans la dynastie carolingienne.

Historiquement encore, c’est à la fin du XVe siècle que sera créée la Guardia Corsa papale. Réunissant quelque 600 soldats insulaires, cette milice fut directement placée au service du pape, à Rome. Son objectif : assurer le maintien de l'ordre dans les États pontificaux à une époque où l'Italie est confrontée à des guerres incessantes. Une garde papale qui sera reconnue pour son efficacité, mais précipitamment dissoute, en 1664 à la suite d’un incident survenu entre des soldats corses et des Français chargés de la protection de l'ambassade de France, à Rome, deux ans plus tôt.

Enfin, c’est au XIXème siècle, que cinq cardinaux corses seront créés : Joseph Fesch, oncle de Napoléon Bonaparte suivi, en 1803, de Michele Viale-Prelà et de Dumenicu Savelli, en 1853 . Mais aussi de Lucien-Louis Bonaparte, petit-neveu de l'empereur, en 1868,  et enfin François Zigliara, en 1879.

Il faudra ensuite attendre 136 ans avant d'assister à la consécration d'un nouveau cardinal corse en la personne de Monseigneur Dominique Mamberti qui effectua l'essentiel de sa carrière, en entrant, en 1986, au service diplomatique du Saint-Siège. Élevé à la dignité épiscopale en 2002, il se verra attribué par le pape le titre d'archevêque titulaire de Sagone - évêché, fondé au VIe siècle, supprimé en 1801, puis réactivé en tant que diocèse in partibus (dépourvu de juridiction et portant le titre d'un évêché disparu).

Jusqu'en 2006, Monseigneur Mamberti remplira les fonctions de nonce apostolique avant d’occuper au Vatican les fonctions de secrétaire pour les relations avec les États. En quelque sorte, un ministre des Affaires étrangères. En novembre 2014, il sera nommé préfet du tribunal suprême de la Signature apostolique, la juridiction supérieure du Siège apostolique et cela, avant d'être créé cardinal, le 14 février 2015 aux côtés de 19 autres prélats.

ESPÉRANCE

Huit ans plus tard, c'est l'archevêque d'Ajaccio, François Bustillo, religieux franciscain conventuel (une des trois branches de la famille franciscaine) dont il a été, un temps, supérieur provincial avant d’être nommé responsable du convent franciscain de Lourde dans les Hautes-Pyrénées françaises, qui reçoit la barrette pourpre des mains du pape François. Nous sommes le 30 septembre 2023, sur le parvis de la basilique Saint-Pierre. Une nomination en forme de première pour la Corse car François Bustillo est, à ce jour, le seul évêque nommé cardinal alors qu'il effectue son épiscopat sur l'île.

Son éminence François Bustillo : stupide d'opposer Ajaccio et Paris qui sont à priori des terres françaises.

En fin de compte, un prélat dans le sillage d’un pape en questionnement permanent quant à sa raison d’être et d’agir, comme il est clairement spécifié dans sa dernière encyclique et que nous pourrions, avec un peu de modestie, la faire nôtre  :

  « Au lieu de rechercher des satisfactions superficielles et de jouer un rôle devant les autres il vaut mieux laisser surgir les questions décisives : qui suis-je vraiment, qu’est-ce que je cherche ? Quel sens je veux donner à ma vie, à mes choix ou à mes actions ? Pourquoi et dans quel but suis-je dans ce monde ? Comment est-ce que je veux donner de la valeur à mon existence lorsqu’elle s’achèvera ? Quel sens je veux donner à tout ce que je vis ? Qu'est-ce que je veux être devant les autres ? Qui suis-je devant Dieu ? Ces questions me ramènent à mon cœur. »

Selon le cardinal Bustillo, le Saint-Père veut rester « proche du peuple et fêter cette proximité en redonnant à l’Église corse un « enthousiasme missionnaire ».

De ce fait, le pape François souhaitait vivement participer au colloque populaire en Méditerranée en marquant son passage par un discours au Palais des congrès d’Ajaccio en présence des évêques d’Espagne, de Sardaigne, de Sicile, du sud de la France, mais aussi des juristes. Une intervention précédée d’un déjeuner puis d’une messe de clôture du colloque, présidée par le Saint Père avant son retour à Rome ; et peut-être, un bref serrement de mains avec le président français qui effectuerait, pour la circonstance, un saut en avion jusque sur le tarmac de l’aéroport insulaire. Histoire de sauver l’honneur …  même en apparence :

 « Cela signifie non seulement d’accueillir le chef de l’Église catholique avec panache mais aussi de lui faire découvrir un territoire, des foules enthousiastes et quelque 200 hommes d’Église. Il y a chez nous un élan des jeunes, qui reviennent vers l’Église, se font baptiser, confirmer, mais aussi des baptêmes d’adultes.  J’espère que la venue de François éveillera un enthousiasme missionnaire qui mobilisera l’Église ; qu’elle sera un point de repère pour la société incitant, entre autres à célébrer davantage de messes ; et qui donnera aux uns et aux autres des envies de s’informer. En tout cas, Il ne faut pas mettre en opposition le déplacement du pape en Corse avec la réouverture de Notre-Dame. » avait récemment déclaré - délicat sinon diplomate - le cardinal Bustillo qui situe à un autre niveau de réflexion et en un lieu où prime la simplicité,  le message spirituel ainsi que l’une de ses pierres angulaires, l’espérance : 

«L'espérance étant la capacité de croire que nous avons un potentiel, à titre personnel et en tant qu'institution, pour que le monde aille mieux. Il nous faut apporter une qualité d'être à l'homme occidental qui a perdu son GPS intérieur, dont l'être profond est aujourd'hui, et trop fréquemment, sans densité et malheureux.»

Bernard VADON

Rédigé par Bernard Vadon

Publié dans #J - 2 - B ( Journal )

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