Spécialiste des maladies cardio-vasculaires, chercheur reconnu sur l’athérosclérose …  grand amateur de foot-ball et … « fan » de Johnny Hallyday, le professeur Jean-Charles Fruchart nous a quittés.

Publié le 22 Septembre 2024

L’utile sinon la nécessité - au travers de la démarche de la Fondation « Cœur et Diabète », s’imposa, il y a quelques années, avec l’organisation, à Marrakech, du premier dîner caritatif placé sous le Haut Patronage de S.M. le Roi Mohammed VI. Une initiative qui s’avéra d’une rare évidence, eu égard le grave contexte médical auquel le Maroc devait alors faire front.

Le prétexte, en tout cas, pour le professeur Jean-Charles Fruchart, président de la Fondation française « Cœur et diabète » aux côtés de son épouse, le docteur Jamila Fruchart, qui avait en charge, outre la responsabilité avec son époux de cette Fondation, de préciser les options de cette association de droit marocain alors soutenue par le Ministère de la Santé et les sociétés savantes marocaines pour lancer cette exceptionnelle opération. A laquelle j’avais eu l’honneur d’être associé.

CHIFFRES INQUIÉTANTS

Il s’avérait alors que les premières causes de mortalité dans le monde étaient consécutives à ces maladies cardio-vasculaires, derrière lesquelles se cachent des maladies métaboliques, favorisant, précisément, le développement de pathologies telles l’obésité et le diabète.

Celles-ci n’épargnant malheureusement pas le Maroc, le professeur Fruchart, en guise de preuves indubitables, éclaira opportunément son propos par des chiffres inquiétants puisque pas moins du tiers de la population du pays était touchée par une maladie de cœur !

D’où, à l’époque, la volonté des responsables de la Fondation « Cœur et diabète » d’informer, de façon très approfondie, les professionnels de la santé et de les soutenir en initiant des programmes de recherche et de prévention ; et cela,  tout en prônant une autre hygiène de vie mieux adaptée à la santé cardio-vasculaire.

Cela, c’était hier.

A l’occasion de cet événement, le professeur Jean-Charles Fruchart avait mis en évidence, et pour le plus vif intérêt de son auditoire, ses qualités de pédagogue au service d’une science complexe : la médecine. Ma tâche, par le truchement de l’information, consistant à en faire publiquement état. Il s’en suivra une relation avec le couple Fruchart, une relation, qui ne tarda pas à se transformer en une solide et sincère amitié. Le professeur se révélant, au fil des années, toujours aux côtés de son épouse, comme un ami prévenant et d’une extrême drôlerie. Un homme original et imprévisible. Anticonformiste, assurément.

Ainsi, rien n’aurait pu le priver du bonheur intense qu’il éprouvait lorsque, par exemple, était retransmis, à la télévision, un match de foot-ball opposant deux équipes, le plus souvent prestigieuses, ou lorsque se produisait sur une scène Johnny Hallyday  … mais oui ! Un artiste qu’il déifiait !

Je me souviens, à ce sujet, de sa joie quasi enfantine le jour où, à l’occasion de l’un de ses  anniversaires, je lui avais offert un inédit de Johnny.

Cela aussi, c’était Jean-Charles Fruchart. Simple dans le quotidien et d’un exceptionnel professionnalisme lorsqu’il était question de son métier. Je dirais plus tôt de sa vocation

Ne figurait-il pas, en 2013, sur la liste des 400 chercheurs les plus influents de la planète aux côtés de Philippe Froguel. Un autre confrère lillois !

Mais Jean-Charles Fruchart se révélait aussi dans sa vie personnelle comme un homme d’une extrême délicatesse : un époux particulièrement aimant dont les sentiments d’affection étaient destinés à Jamila, une femme tout aussi exceptionnelle qui avait fait vibrer son cœur au sein même de ce qui deviendrait leur lieu de vie professionnelle et qui s’avèrera être une épouse aussi adorée que précieuse. Jusqu’à la naissance de leurs deux filles qui révèleront alors un père aimant au sens le plus large et exceptionnel du terme. Un homme pour qui la famille était un incontournable facteur d’équilibre. De grand bonheur aussi.

RECONNU DANS LE MONDE

Le professeur Jean-Charles Fruchart était un homme éminemment reconnu dans le monde médical et scientifique. A ce propos, en 2008, le quotidien « La Voix du Nord » région de France dont il était issu et dont il parlait souvent, notait dans ses colonnes ses nombreuses références internationales et sa place parmi les plus grands chercheurs de tous les temps. Un grand initiateur qui s’impliquera dans la création d’entreprise bio-pharmaceutique. Genfit, notamment.

Puis, ce sera la découverte du mécanisme des fibrates et la mise au point d’un médicament indispensable dans le traitement du cholestérol qui influera plus encore sur sa renommée et sa célébrité dans la sphère médicale. Il initiera avec son équipe une nouvelle génération de médicaments particulièrement efficaces dans le traitement des maladies cardio-vasculaires, du diabète et de l’obésité. Nous sommes en 2008.

En 1992, il découvre que certaines molécules, lorsqu’elles sont activées, ont la faculté de modifier l’expression des gènes en augmentant le taux de bon cholestérol attentif à l’évolution des modes de vie. Ainsi, avait-il, bien avant d’autres chercheurs, anticipé l’augmentation de la mortalité liée aux maladies coronariennes et, dans le même temps, suscité un exceptionnel espoir chez les malades mais aussi auprès des professionnels de la santé et singulièrement de la pharmacie.  Sans oublier l’industrie concernée.

Une exceptionnelle destinée.

Dans les années 1970, il sera nommé maître de conférence et praticien hospitalier ; c’est en 1984, qu’il intègrera l’Institut Pasteur de Lille où il mettra en place une équipe, avec pour mission, l’étude des maladies cardiovasculaires et métaboliques. Un nouveau départ et non des moindres.

Parallèlement, il préfigure les travaux fondateurs sur l’athérosclérose et la lipoprotéinémie. Cela, dans la perspective de traitements contre l'obésité et les accidents athéromateux. Les équipes de recherche travaillant encore sur ces pathologies et en particulier, sur l’insuffisance cardiaque afin de mesurer et surtout de pallier, le risque de décès précoce chez les jeunes patients.

MARRAKECH AU BOUT DU CHEMIN

Officier de la Légion d’honneur et titulaire de la grande médaille d’or du Centenaire de l’Institut Pasteur de Lille, le professeur Jean-Charles Fruchart était né dans le nord de la France, à Cauchy -à- la- Tour, dans le Pas-de-Calais. Après une scolarité au lycée Louis Blaringhem de Béthune, il poursuivra ses études à l’Université de Lille où il obtiendra un doctorat de sciences pharmaceutiques et de biologie humaine. Toujours pour ses travaux, il obtient, en 1999, le prix Gallien ; et en 2003, la Médaille d’or de la Fondation pour la Recherche, Giovanni Lorenzini.

Au terme de cette existence aussi riche et exaltante sur le plan familial, humain et professionnel, auréolée de lauriers et de récompenses diverses, le professeur Jean-Charles Fruchart nous a récemment et malheureusement quittés. Le 17 septembre dernier, à Paris.

Il avait 78 ans.

Parmi ses dernières volontés, il avait manifesté le souhait de reposer sous le soleil du Maroc, à Marrakech où il résidait depuis quelques années. Un pays qu’il affectionnait profondément et dont son épouse est originaire. Le destin en a décidé autrement mais il y reviendra prochainement lors de son inhumation au cimetière européen de Marrakech et à l’occasion d’une cérémonie civile qui se déroulera le 27 septembre 2024 et qui suivra celle organisée le 25 septembre 2024 au Père Lachaise, à laquelle assistera, outre de nombreuses personnalités et amis, l’ancien ministre Philippe Douste-Blazy - plusieurs fois ministre, député et maire de lourdes et de Toulouse - ami fidèle de la famille :

« Vivre pour le meilleur / se vouloir pour tout se donner / [...] / Vivre pour vivre libre / Aimer tous ceux qu'on peut aimer / Encore et toujours ne vouloir que l'amour », chantait Johnny Halyday, son idole.

Des paroles de circonstance en guise de merveilleuse épitaphe !

Bernard Vadon

Un ultime hommage lui sera rendu le 25 septembre 2024 au cimetière du Père Lachaise à Paris, avant d'être inhumé à Marrakech, le 27 septembre.

 

 

 

 

 

  

 

 

  

 

 

 

 

 

Rédigé par Bernard Vadon

Publié dans #Articles, #J - 2 - B ( Journal )

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