DANS LE DROIT FIL DU DÉRÈGLEMENT CLIMATIQUE L’EFFONDREMENT DE LA FRANCE EST MALHEUREUSEMENT UNE TRISTE RÉALITÉ !

Publié le 9 Novembre 2022

 "Deviens le grand oeil fixe – celui du grand cèdre de notre parc - ouvert sur le grand tout." (Victor Hugo « Les Contemplations » )

 

A n’y plus rien comprendre sinon que l’état de la France pose de plus en plus problème. Et cela, en dépit d’un gouvernement qui semble avoir fait des fake-news ( nouvelles mensongères en français châtié ou plus simplement en bon français) une fâcheuse mais bien pratique méthode de communication.

En ce début d’année, un ouvrage « Le vrai État de la France » signé Agnès Verdier-Molinié, directrice de la Fondation IFRAP chargée d’évaluer les administrations et les politiques publiques et qu’à cette occasion j’avais présenté sur mon blog, est particulièrement édifiant sur le véritable état, en son sens manière d’être, de notre pays.

L’effondrement de la France est malheureusement une triste réalité !

Qu’à cela ne tienne, nos responsables politiques n’en ont cure et « vogue la galère » dans un contexte géopolitique où nous semblons figurer de façon de plus en plus artificielle. N’en déplaise à certains thuriféraires du système en place.

Notre surprenant président est partout présent. Reconnaissons sa dynamique à se trouver sur tous les plateaux. Et les réseaux.

Une singulière propension à paraître. C’est dans l’air du temps. Il n’est pas le seul à en user et même en abuser.

Qu’importe si la maison brûle ( pour rappeler une expression reprise par Jacques Chirac il y a 20 ans )  … notre suffisance nous portent permanence à regarder ailleurs.

Qu’importe aussi le flacon pourvu qu’on ait l’ivresse pour reprendre cette fois la célèbre citation d’Alfred de Musset et par extension  celle qui procure « enchantement, contentement et ravissement ».

VINGT TROISIÈME PLACE !

Sur ce chapitre, notre estimé président ne ménage pas sa peine quitte à passer son temps à remettre cent fois et plus encore si nécessaire,  son ouvrage sur le métier.

D’aucuns en sont restés aux promesses électorales qui n’engagent – comme le disait Henri Queuille plusieurs fois ministre sous la Troisième République -  que ceux qui les écoutent !

Sans parler de ces statistiques trafiquées auxquelles on peut faire dire tout et n’importe quoi.

Pire : selon Agnès Verdier-Molinié, la France figure à la 23ème place pour ce qui relève de la richesse par habitant. Des chiffres on ne plus sérieux ( source FMI) qui donnent (ce ne sont pas les seuls marqueurs dans cette analyse sans concessions)  le véritable état de la France.

Dans le même temps alors que prend fin l’opération Barkhane et que nous plions définitivement bagages au Mali poursuivis par les quolibets de la population, le président enchaîne son numéro de prestidigitateur en Égypte, à Charm-El- Cheikh, dans le cadre d’une COP de plus en plus vacillante et négligée mais où il convient toutefois de faire bonne figure et de garder son sang-froid en dépit des défis climatiques du moment de plus en plus compliqués.

En la circonstance, le personnage a du répondant.

Les pyramides ne sont pas loin et le miracle égyptien de l’époque un exemple … si toutefois on veut bien oublier les milliers de victimes dont on ne semble pas avoir tellement tirer la leçon d’humanité élémentaire qui devrait s’imposer.

La prochaine coupe du monde de football au Qatar et ses sacrifiés de l’orgueil, ces hommes de l’ombre venus par besoin et pour beaucoup morts sur ces chantiers de la honte, en sont une triste et lamentable illustration.

Et nous sommes en 2022. !

Cela dit, revenons à nos moutons : il faut impérativement sauver la planète au nom d’un thermomètre devenu fou et qui n'en finit pas de délirer.

EXEMPLAIRE

Pour le président français, c’est le moment d’en appeler à la responsabilité et à la solidarité. (sic)

La France une fois encore se veut exemplaire même si elle aurait intérêt à faire le ménage chez elle avant de regarder ailleurs et de s’abstenir une fois pour toutes de jouer aux donneuses de leçon. Arrêter de regarder ailleurs pour reprendre la deuxième partie de la phrase de Jacques Chirac ( inspirée, précisons-le quand même et par honnêteté intellectuelle, d’un certain Jean-Paul Deléage, historien des sciences de l’environnement ).

Bref, après avoir rendu à César (on connait la suite de la citation ) revenons à une actualité brûlante. Le moins que l’on dire, après les dramatiques incendies qui se déclenchèrent un peu partout dans le monde où la France – particulièrement dans le Sud et en Aquitaine -  ne fut pas épargnée, c’est que l’alerte n’a pas été seulement chaude mais qu’elle a ajouté à une prise conscience générale. Il était temps !

Sur ce chapitre France 2, l’autre soir, a une fois encore tenté (en vain) de nous estomaquer et surtout, à cette occasion, de réunir quelques copains en nous gratifiant d’une émission sur le thème récurrent de ces arbres qu’on abat. Manifestement désolant.

Louable démarche certes mais nos espoirs ont été quelque peu déçus par le panel singulier des invités.

Jusqu’à ce professeur incapable d’identifier, sur photos, trois arbres iconiques et Yannick Noah ignorant que d’un point de vue autrement botanique, les palmiers ne sont pas des arbres mais des monocotylédones, en clair des « herbes géantes ».

Quant au ministre commis pour la circonstance, outre le fait de louer la mandature actuelle pour son action en ce domaine, il n’a pu que jouer les équilibristes.

LOURDE RESPONSABILITÉ

A ce stade du débat, je ne peux m’empêcher d’évoquer Jean-Louis Etienne et son livre particulièrement inspirant sur la question intitulé (Tiens, tiens ! ) « Aux arbres citoyens » dans le sillage du philosophe américain Henry David Thoreau mais aussi de faire référence à Jean-Paul Pelras, rédacteur en chef du journal « L’Agri » journaliste et écrivain, saisissant à chaud la balle au bond et qui dans sa « lettre » à Hugo Clément, Yannick Noah, Marion Cotillard et Cyril Dion catalogués « d’experts » (selon lui) en agroforesterie, n’y va également  pas avec le dos de la cuillère pour égratigner au passage, je le cite :

« Les écologistes Hulot, Voynet, Duflot, Mamère ont tout fait, moyennant quelques places dans les ministères, pour que soit sacrifié le nucléaire, mais aussi, depuis que Pompili et Wargon ont condamné le fioul et le gaz en interdisant à 4 millions de ménages de remplacer leurs chaudières. »

Outre l’intervention de Élise Lucet ( que venait-elle faire dans cette étrange galère pilotée par l’inévitable et soûlante Léa Salamé ) un quarteron d’invités privilégiés en prend tout autant pour son grade :

« Il va sans dire que Marion Cotillard et Yannick Noah sont logiquement désignés pour en appeler à notre générosité » note Jean-Paul Pelras.

Laissant entendre que les émoluments respectifs de l’actrice égérie de Chanel et ceux du tennisman-artiste de variétés égérie de Bourjois, de surcroit récemment autoproclamé “chef” d’un village camerounais, n’ont rien à voir avec ceux d’un simple lambda.

 

 

"Écouter l'arbre qui pousse plutôt que l'arbre qui tombe."  notre grand cèdre a tout lieu d'être rassuré quant à sa pérennité.

Quant à la forêt, objet du débat, comment ne pas se réjouir de la mise au point de Jean-Paul Pelras :

« Cette forêt française qui est pourtant passée de 8,5 millions d’hectares en 1850 à 16,8 millions en 2019 retrouvant, comme l’indique la filière bois, le niveau approximatif des forêts du Moyen Âge. Cette forêt française qui représente désormais “près de 31 % du territoire métropolitain et continue de s’accroître par expansion naturelle à un rythme moyen de 85 000 hectares par an depuis 1985, ce qui correspond à l’équivalent de trois forêts de Fontainebleau ou à plus de 100 000 terrains de foot chaque année…”

Mais retour aux prémices de cette affaire et laissons Jacques Chirac prendre autrement  et à nouveau la main :

«  Lourde sera la responsabilité de ceux qui refuseront de  combattre le changement climatique. Et nous ne pourrons pas dire que nous ne savions pas. Prenons garde que le XXe siècle ne devienne, pour  les générations futures, celui d’un crime de l’humanité contre la vie. » avertissait alors l’ancien président.

Une admonestation qui n’a pas pris une ride et la confirmation de l’état des lieux entérinée, au mois de novembre 2014, par le 5ème rapport du GIEC qui pointait du doigt l’être humain comme principal responsable du changement climatique.

Ce même GIEC qui affirmait quatre années plus tard, haut et fort, que le réchauffement planétaire de 1,5°C était inquiétant.

Les rapports qui suivirent ne feront qu’entériner cette certitude. Notamment, celui du groupe de travail N°2 du GIEC, paru en février 2022, contribution à l'AR6, intitulé "Impacts, Adaptation et Vulnérabilité" .

Aujourd’hui, les rapports alarmants s'accumulent, inlassablement, et les émissions continuent à augmenter.... 

Enfin, l’Accord de Paris, en 2015, lors de la COP 21 – prolongement du protocole de Kyoto – ouvrit une nouvelle voie pour la communauté internationale dans la perspective de contenir le réchauffement climatique bien en-dessous de +2°C  et le limiter à +1,5°C.

Au-delà des beaux discours dont notre président s’est fait le champion, qu’en est-il de cette COP qui fait couler de moins en moins d’encre ?

SOLIDARITÉ OU SUICIDE

Luiz Inacio Lula da Silva Lula, le président fraîchement élu de la république fédérative du Brésil - plus communément nommé Lula - fera le déplacement afin de donner le change à son prédécesseur qui ne voulait même pas entendre parler de ces COP « sans intérêt ».  De la même façon, sauf surprise de dernière minute, le président de la Chine, championne toutes catégories, ou presque, en matière de pollution qui a cependant  programmé la neutralité carbone pour 2050, n’assistera pas à cette conférence internationale placée sous l’égide des Nations unies. Tout comme Vladimir Poutine, absent pour raison de guerre en Ukraine. Pas plus que Narendra Modi, le Premier ministre indien et futur président du G20. Enfin et pour faire encore bionne mesure, Joe Biden n’a prévu de s’y rendre qu’à l’issue des élections de mi-mandat aux États unis.

Selon Antonio Guterres, secrétaire général des Nations unies :

« L’humanité doit choisir entre solidarité et suicide collectif. »

Ce dernier encourageant à la création d’un pacte historique entre les économies développées et en développement.

Car, l’un des enjeux du sommet sera de réussir à faire payer les pays riches pour les «pertes et dommages» subis par les pays en développement, en première ligne face aux conséquences inévitables du changement climatique.

Pas évident.

« La nécessité de ne pas prendre la guerre en Ukraine comme une excuse pour reculer sur les objectifs climatiques, ne doit pas constituer un prétexte pour passer à côté des attentes des pays du Sud qui n’ont toujours pas de réponses de la part des pays riches sur leurs demandes de financement pour faire face au changement climatique.» estiment les responsables du Réseau action climat.

Et d’ajouter, combien l’annonce par Emmanuel Macron de «contrats politiques et financiers» pour protéger les écosystèmes des pays du Sud n’était pas convaincante et laisse plutôt craindre l’utilisation accrue de crédits de compensation carbone»

Un mécanisme financier au demeurant très contesté. 

ALLÔ MAMAN BOBO !

«Certains projets de compensation ont des effets néfastes sur la biodiversité et les droits humains (plantations de monocultures, accaparement de terres et expropriation auprès de communautés locales)».  Quant à comprendre la cohérence de la politique du chef de l’État en matière environnementale n’est pas chose aisée», tacle l’ONG.

Si Greenpeace France se félicite de l’annonce sur l’interdiction de l’exploitation minière en eaux profondes - une très bonne nouvelle selon elle - l’organisation regrette cependant un discours global «creux», et «un immobilisme coupable au regard de l’urgence à agir».

"Il y a plus dans les forêts que dans les livres" écrivait Saint-Bernard. Chaque jour, pour nous, en témoigne.

L’association de défense de l’environnement déplore pour sa part  un «bilan national désastreux sur le climat».

En outre, «aucune mesure précise n’a été prononcée dans le discours du président français à propos des émissions de CO2 françaises ou européennes, pourtant beaucoup trop élevées», affirme de son côté Clément Sénéchal, chargé de campagne climat de Greenpeace France.

Autre actrice de ce vaudeville, hier amusant mais aujourd’hui affligeant, la  toute jeune militante écologique suédoise Greta Thunberg, fille d’un couple d’artistes, qui s’est offert la tribune de l’O.N.U. comme caisse de résonance à ses critiques acerbes contre les politiques associés aux adultes :

« Il nous faut une nouvelle façon de penser. Le système politique que vous, les adultes, avez créé n'est que compétition. Vous trichez dès que vous pouvez car tout ce qui compte, c'est de gagner. Nous devons coopérer et partager ce qui reste des ressources de la planète d'une façon juste. »

« Allô ! Maman, Bobo » version Alain Souchon !

En tout état de cause, Greta ne fera pas le déplacement à Charm-el-Cheikh qualifiant ces conférences de « machines à greenwashing » (technique de marketing dans le but de se donner une image écologique trompeuse).

Si célèbre soit-elle (aux yeux de certains)  la petite ne manque pas d’air !

Tout comme – dans une autre forme de délire -  le président des Émirats arabes unis, Mohamed Ben Zayed Al Nahyane (MBZ) qui n’y est pas allé de main morte dans le déni de son impact climatique en affirmant, sans rire :

«Notre planète se trouve à un tournant. Le monde doit s’unir pour lutter contre le changement climatique tout en assurant la diversité économique et la quête de solutions technologiques».

Pourquoi pas, mais l’émir d’Abou-Dabi, tout en considérant que son pays est aussi un producteur responsable d’énergie (sic) affirme avec un égal aplomb que son gaz et son pétrole sont parmi les énergies fossiles «qui émettent le moins de carbone» !

Lorsque l’on sait que le charbon est  le combustible fossile le plus intensif ; et que, pour chaque tonne de charbon brûlé, sont produites environ 2,5 tonnes de dioxyde de carbone ; que de tous les différents types de combustibles fossiles, le charbon est celui qui produit le plus de dioxyde de carbone, on se pince pour conjurer le rêve tout en cherchant un refuge mental en se remémorant, par exemple, Sigmund Freud qui estimait qu’Il existe deux variétés d’inconscient : les faits psychiques latents, mais susceptibles de devenir conscients, et les faits psychiques refoulés qui, comme tels et livrés à eux-mêmes, sont incapables d’arriver à la conscience.

Dans tous les cas de figure, ceci pourrait (peut-être) expliquer cela.

 

Bernard VADON

 

« Le vrai État de la France » (les citoyens ont le droit de savoir) de Agnès Verdier-Molinié.(Éditions de l’Observatoire)

« Aux arbres citoyens » Jean-Louis Etienne (Éditions Paulsen).