MAROC : demain est déjà un autre jour. Déroute calamiteuse des islamistes !

Publié le 13 Septembre 2021

Le Maroc d’hier, sans pour autant verser dans une forme de passéisme aussi facile que stérile, n’est évidemment plus celui du temps présent. Une manière de lapalissade.

Ce qui n’exclut pas pour autant le sentiment de nostalgie que peuvent ressentir de façon parfaitement légitime ceux qui ont vécu le temps d’avant. Nous en sommes. Et cela, après quarante ans de fidélité à un pays où la notion d’accueil n’est pas une philosophie de circonstance.

Ceux qui nous succèderont  trouveront demain autant de raisons de partager ce sentiment intime. Sinon d’attachement.

Autant dire qu’en coulisses nous avons partagé les mille et une vicissitudes du peuple marocain et toujours dans une forme de respect qu’impose une situation d’hôte. Singulièrement les toutes récentes.

Grâce lui soit donc rendue.

 

ENTRE TRADITIONS ET MODERNITÉ

Mais retour au temps présent.

En l’occurrence au Maroc, pays toujours aussi surprenant, partagé entre le respect louable des traditions et un besoin, sinon une volonté d’aspirer à la modernité.

Ce fusain de ma collection privée auquel je tiens tout particulièrement, témoigne de la belle personnalité du roi Mohammed V.

L’exécutif royal, des rois Hassan II à Mohammed VI, dans la mouvance d’un Mohammed V  - leur père et grand-père - dont le passage aux affaires reste exemplaire, considéré comme le « père de la nation marocaine moderne » (Abb al-Watan al-Maghribi), décoré de l'ordre des Compagnons de la Libération par le général De Gaulle, alors président du gouvernement provisoire de la République française,  qui a ouvert la voie. Ce même Mohammed V, lors de la fête du Trône en 1944, s'adressant aux juifs d’alors et leur déclarant solennellement :

« Tout comme les musulmans, vous êtes mes sujets et comme tels, je vous protège et vous aime, croyez bien que vous trouverez toujours en moi l'aide dont vous avez besoin. Les musulmans sont et ont toujours été vos frères et vos amis ».

Ce qui pourrait expliquer la normalisation récente des relations de Rabat avec Israël -  prérogative royale qui  a porté un coup fatal au PJD  -  mais aussi un signe de bonne volonté dans cette partie du monde cruellement meurtrie.  

D’ailleurs, le premier ministre israélien, Benyamin Netanyahou, n’a pas manqué de saluer un accord « historique » (sic) disant que son pays allait alors mettre en place des bureaux de liaison, puis des relations diplomatiques  et des vols directs entre les deux pays.

Un bureau diplomatique existait de 1994 à 2002. Le roi Hassan II soutenait alors le processus de paix marqué par les accords israélo-palestiniens d’Oslo, en 1993.

SAHARA OCCIDENTAL ET SOUVERAINETÉ
Sur la table des négociations et des relations diplomatiques, la reconnaissance de la souveraineté du Maroc sur le Sahara Occidental est également d’une actualité brûlante. Au premier rang, les États-Unis d’Amérique. La France quant à elle ayant toujours été favorable à un Sahara occidental marocain. Sans oublier les monarchies du golfe.

Sur la table des négociations et des relations diplomatiques ...

Historiquement, cette ancienne colonie espagnole est à la fois revendiquée par les Marocains et les indépendantistes sahraoui du Front Polisario soutenus par Algérie.

Après 16 ans de guerre, un cessez-le-feu est entré en vigueur en 1991, avec la définition d’une zone tampon contrôlée par des Casques bleus. Depuis, les négociations sont au point mort.

Un référendum a été repoussé en raison d’un différend entre Rabat et le Polisario sur la composition du corps électoral et le statut du territoire. En l’absence d’un règlement définitif, le Sahara occidental est à ce jour considéré par l’O.N.U.  – c’est leur formule - comme un « territoire non autonome ». 

L'exceptionnelle beauté d'un lieu prisé et en trois dimensions ...

Rabat a néanmoins multiplié les actions diplomatiques pour asseoir sa position, avec l’installation de consulats et l’organisation d’événements internationaux au Sahara occidental contrôlé, à 80% sur la façade atlantique, par les marocains qui ont édifié un mur de sable et de sécurité  de 2700 kms et qu'ils entretiennent intelligemment. Dans la foulée et depuis 2019, de nombreux pays africains ont ouvert des représentations diplomatiques, notamment dans les villes de Laayoune et Dakhla.

Affaire certes complexe à suivre par les nouveaux responsables de la politique marocaine sous l’autorité royale s’entend qui a toujours défendu le choix d’une Afrique subsaharienne.. Étant entendu que c’est l’intégration du Maghreb arabe dans la mondialisation qui est en question.

Le Maroc qui s’emploie à développer cette région, s’impose, dans ce bras de fer, comme le maillon fort avec lequel il faudra un jour définitivement compter. Qu’il s’agisse d’autonomie ou d’autodétermination. A ce jour et au-delà d’un leadership quelque peu éculé,  c’est bien le dialogue qui prévaut. La stabilité du Maroc étant aujourd’hui un atout majeur et comme l’a fait remarquer un observateur averti :

« l’ONU doit sortir de son silence mais elle ne peut pas continuer à appeler à discuter des acteurs qui n’ont jamais accepté de le faire. »

ISLAMISTES AU TAPIS !

Nouveau retour au Maroc, avec les dernières élections législatives régionales et communales, et la victoire éclatante des partis libéraux du Rassemblement national des indépendants (RNI) et du Parti authenticité et modernité (PAM), qui envoient  tout de go le parti islamique de la justice et du développement (PJD) au tapis et par voie de conséquence dans l’opposition.

Le roi Mohammed VI nommant officiellement M. Aziz Akhannouch, Premier ministre du Maroc. 

Une défaite cuisante et inattendue tout au moins au regard des chiffres qui devrait permettre de rebattre les cartes sur l’échiquier politique national avec la nomination, par le roi Mohammed VI,  de M. Aziz Akhannouch, un businessman milliardaire, chef du parti RNI, proche du Palais, qui, ce dernier 8 septembre, a battu à plate couture les islamistes :

« Les Marocains aiment les personnes qui travaillent, qui réussissent car ils y voient des modèles d’ascension sociale » aurait déclaré Aziz Akhannouch au lendemain de sa victoire électorale.

Dont acte.

En tout cas - et c’est tant mieux pour l’avenir du pays – le temps n’est plus où  M. Akannouch, en 2018, eut, on s’en souvient,  quelques tracas lors de la campagne de boycott contre la vie chère avec pour cibles ses stations Afriquia de distribution de carburant. C’était hier.

Les jeunes - et les filles en particulier - étaient au rendez-vous des urnes.

Manifestement, aujourd’hui  et surtout demain devraient être différents et les marocains, par le truchement des urnes , grâce aussi à leur participation massive ont confié l’avenir du pays  à un nouveau chef de gouvernement et à son équipe, ensemble, soucieux d’une autre dynamique. En clair, d’un avenir.

COURAGE POLITIQUE

Concrètement ,  le Parti de la justice et du développement (PJD), qui dirigeait des gouvernements de coalition depuis dix ans sort des urnes laminé et ne conserve que douze sièges sur les 125 qu’il détenait dans le parlement sortant :

 « Le Palais n’a jamais voulu du PJD. Tout a été fait pour évincer ce parti dit islamiste, à commencer par la nouvelle loi électorale qui leur était défavorable. La déception est à la mesure des grandes attentes, pas seulement chez leurs partisans mais aussi auprès de franges de la classe moyenne qui avaient voté pour des élus qu’ils espéraient intègres et à même de lutter contre la corruption et le despotisme »  relève Mounia Bennani-Chraïbi, politologue à l’université suisse de Lausanne.

M. Aziz Akhannouch : un modèle d'ascension sociale.

Alors même que les éditions nocturnes de la télévision française dévoilaient, entre autres nouvelles de la nuit,  la désintégration de la mouvance islamiste au Maroc, d’aucuns sur les plateaux n’ont pas manqué d’élargir le débat et souligner le courage politique, civique et finalement exemplaire des marocains.  

ET l’AVENIR ?

Dans cette fin de règne on serait tentés, par extension, de paraphraser l’Histoire occidentale à propos de la phrase célèbre qu’aurait prononcé Winston Churchill durant la première guerre mondiale. Celui-ci assimilait en effet les soldats français à des lions conduits par des ânes, en l’occurrence leurs généraux ; ou encore, en référence au maréchal Joffre, le « vainqueur de la Marne » -  qui réquisitionna les taxis parisiens pour acheminer des hommes au front et que la foule ovationna le 14 juillet 1919 sous l’Arc de triomphe avant ses funérailles nationales …  en dépit de ses comportements un peu troubles – qui pourrait tout aussi bien être à l’origine de cette phrase sévère et terrible :

« Des lions gouvernés par des ânes ! »

Les femmes en tête : Fatima-Zahra Mansouri a retrouvé son fauteuil de maire de Marrakech.

Aujourd’hui, le peuple marocain, les femmes en tête, reprend le flambeau pour ne pas dire « la lampe » (symbole des islamistes) qui en dépit de leurs promesses ne fut pas très éclairante en matière de développement et autres avancées sociales.

Les ânes ont été chassés et les lions sont enfin lâchés et placés sous une gouvernance autrement déterminée.

Acceptons-en l’augure.

« L’avenir n’est pas ce qui va arriver, mais ce que nous allons faire » écrivait Henri Bergson.

 

Bernard VADON