Fête de la Toussaint : jusqu’au bout de l’amour …

Publié le 2 Novembre 2020

Pour Marcel Proust, l’art véritable n’a que faire des proclamations et s’accomplit dans le silence.

En ce dernier matin de Toussaint, rien n’était plus comme d’habitude. Sinon que le silence était omniprésent. Jusqu’à devenir pesant.

Depuis notre résidence confinée, dans la campagne environnante des sanctuaires quasi déserts de Lourdes et de Lestelle-Betharam généreusement jaunissante aux prémices d’un automne naissant, il y avait dans l’air comme du Sisley, ce maître incontesté de l’impressionnisme dont il fut l’un des fondateurs avec Claude Monet lequel, humblement,  confessait n’avoir rien à dire sinon manifester son intérêt pour la peinture, son jardin et ses fleurs. Le vrai bonheur.

Donc, en ce matin de Toussaint, la célébration impressionniste de la nature trouvait sa raison d’être au coeur même des Béatitudes que délivre l’évangéliste conformément à la liturgie du moment.

Difficile de ne pas établir une corrélation quant à cette manière d’incantation à préconiser la miséricorde en filigrane de l’insupportable et sauvage violence qui actuellement secoue et afflige notre société. Jusqu’à la tétaniser.

Le Christ : Lumière du Paradis ....

Une sorte de défi scandaleux lancé à la plus élémentaire raison. A n’y rien comprendre. Et pourtant …  affirment les Béatitudes (extrait) :

« Heureux les pauvres en esprit,
car le Royaume des Cieux est à eux.
Heureux les doux,
car ils recevront la terre en héritage.
Heureux les affligés,
car ils seront consolés.
Heureux les affamés et assoiffés de la justice,
car ils seront rassasiés.
Heureux les miséricordieux,
car ils obtiendront 
miséricorde.

Heureux les cœurs purs,
car ils verront Dieu.
Heureux les artisans de paix,
car ils seront appelés fils de Dieu.
Heureux les persécutés pour la justice,
car le Royaume des Cieux est à eux. »

TUTTI FRATELLI

Un message qui trouve son fondement dans cette incroyable espérance qui anime et motive les chrétiens. Mais pas exclusivement.

Cette beauté qui sauvera le monde

En somme, la foi dont la prière fondamentale au Père est la parfaite et divine illustration : « Adveniat Regnum Tuum », comme l’affirme, dans sa devise pastorale, mon ami Son Éminence le Cardinal Cristobal Lopez Romero, actuellement Archevêque de Rabat.
Confinement oblige, aggravé par les tristes événements qui viennent de mettre à une incompréhensive et douloureuse épreuve la communauté catholique de France, les responsables de l’émission télévisée « Le Jour du Seigneur » avait en cette circonstance choisi la simple mais accueillante Chapelle de la Maison franciscaine de la Clarté Dieu à Orsay – ordre des frères mineurs attachés au charisme souhaité par Saint François et que le pape actuel jésuite certes mais sensible à la démarche franciscaine a réitéré dans sa dernière encyclique « Tutti Fratelli »   - pour honorer le texte de l’Apocalypse de Saint Jean :

 «   J’ai vu la foule de tous les saints. C’est une foule si nombreuse que personne ne peut la compter. Une foule de toutes les nations, de toutes les races, de tous les peuples, de toutes les langues. »

UNE OEUVRE PROPHÉTIQUE

 La célébration de cette Toussaint 2020 pas tout à fait comme les précédentes revêtait cependant une autre mais tout autant exceptionnelle forme de solennité. Riche de signification. Mais étrangement grave. Une singularité que le frère et chapelain de la Clarté Dieu, Benoit Dubigeon, concélébrant avec le frère dominicain Thierry Hubert, producteur de l’émission « Le Jour du Seigneur ,» ne manqua pas de mettre en exergue dans sa présentation de l’événement liturgique et plus tard dans son homélie.

Comment ne pas faire référence à Olivier Messiaen et à l’une de ses œuvres musicales évocatrice de la Jérusalem céleste.

Notamment, un cycle de 11 pièces intitulé « Éclairs sur l’Au-delà » dont l’une a précisément pour titre « Le Christ, Lumière du Paradis. » que l’on a pu comparer aux tableaux de Fra Angelico et que l’on a estimé comme étant le testament musical et spirituel du grand compositeur catholique. Une émouvante et belle illustration de cet événement dominical.

Le Pic du Midi depuis la maison : l'amour dont les saints se rassasient pour l'éternité.

Une oeuvre prophétique qui résonne dans la mémoire de l’Église mais aussi et tout particulièrement en ces temps difficiles, qui touche le coeur et l’esprit de tant d’hommes et de femmes assoiffés de cette "beauté qui sauvera le monde" selon les paroles de Dostoïevski.  Une démarche humaine et spirituelle jusqu’au bout de l’amour.

En tout cas, un encouragement à promouvoir la beauté de la vérité, de la sainteté et de l’amour dont  les saints se rassasient pour l’éternité.

Tel était le message spirituel de cette fête de la Toussaint 2020.

A chacun, selon ses (ou sa) sensibilités d’en saisir toute l’infinie portée.

Bernard VADON

 

 

 

 

 

 

 

Rédigé par Bernard Vadon

Publié dans #J - 2 - B ( Journal )

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