Marrakech :  « La Paillote » à l’heure d’une réouverture inattendue.

Publié le 2 Juillet 2020

Le temps est venu de reprendre conscience ...

 

L’important, écrit et chante le poète, c’est la rose ! 

Au quasi terme d’une difficile période pandémique marquée, plus de trois et trop longs mois durant, d’un arrêt aussi brutal qu’imprévu – et peut-être, après coup, plus encore aujourd’hui – de toutes ces activités indispensables à la vie d’un pays mais aussi de toute une planète, le temps est venu de reprendre enfin conscience, au-delà de la légitime sauvegarde sanitaire justement ( mais aussi exagérément invoquées) en méditant la réflexion de l’écrivainpoètethéologien, et philosophe danoisSoren Kierkegaard, dont la pensée a exercé une influence considérable sur la philosophie, la théologie et la culture occidentale, et qui estimait :

"La vie n’est pas un problème à résoudre mais une réalité qui doit être « vécu ». 

 

 

Un lieu particulièrement dévolu à l'art et au plaisir de vivre .

 

Voilà pour le fond quant à la forme autrement cartésienne, c’est ce dernier mercredi d’un mois de juillet annonciateur en principe de gouvernances plus en phase avec les réalités quotidiennes et enfin responsables, que nous avons pu l’apprécier :  pour la circonstance, au restaurant « La Paillote » intégré au complexe Oasiria, aux portes de Marrakech, en un lieu particulier dévolu à l’art (et en particulier aux expositions d'artistes) ainsi qu'au plaisir de vivre, via la détente et la gastronomie et à l’heure d’une réouverture inattendue. 

Mais aussi en d’autres quartiers spécifiques de la ville dite ocre, dont le mythique Hivernage, où la réalité dépasse quelque peu la fiction en accueillant depuis peu, dans ses espaces hôteliers traditionnels, des touristes d’un autre type placés sous scrupuleuse surveillance policière. 

Le Covid19 est aussi passé par là.

Un partage de circonstance ..

 

 

BONHEUR RETROUVÉ

Fort heureusement avec infiniment de discrétion et d’amitié André Bos, le bien nommé, souhaitait, comme dans une symphonie d’un nouveau monde, redonner le « la » au premier violon de l’orchestre hôtelier reconstitué.

Un événement improvisé et pour cette raison sympathique  

Le temps, pour les invités à ce partage, de se congratuler de façon un peu étrange mais suffisamment explicite pour s’accorder sur le fait qu’en l’occurrence le malheur en matière relationnelle n’est peut-être pas totalement rédhibitoire pour un bonheur retrouvé.

 

En tout cas, l’autre soir, dans une atmosphère où la température diurne avait à peine laissé une once de fraîcheur à la nuit naissante, le site de la maintenant célèbre Paillote se prolongeait, comme hier, dans les jardins mitoyens sous les ondulations d’oliviers séculaires protégeant de l’air du soir quelques tables d’espace à manger.

Ambiance feutrée à peine troublée par quelques voix plus timbrées que d’autres et les furtives prestations de Youssef, le magicien de service, dispensateur d’énigmes.

Ambiance de paradis où, à l’exemple des naufragés de l’île perdue, on aimerait parfois oublier son chemin.

 

Orfèvre en la matière, André Bos a depuis longtemps fait ses preuves. 

Notamment sous le ciel espagnol. Là-bas, sa formule a patiemment mais sûrement forgé ses lettres de noblesse dans ce secteur ciblé du tourisme où l’eau, la terre et le ciel sont intimement mêlés.

Infatigable créateur, il n’a de cesse de surprendre par l’audace de ses réalisations. 

 

SURPRISE EN RÉSERVE

A Marrakech, après ces quelques mois de cessation involontaire d’activités, le secteur reprend pied.

Cependant, l’autre soir, un absent porteur ici de tradition séculaire – peut-être l’émotion d’un retour précipité et pour cela vecteur excusable de l’oubli – manquait à l’appel ou alors volontairement écarté par la savoureuse et typique sangria accompagnant la paella au menu – j’ai nommé le thé qui a l’avantage goûteux de fermer, dans ce pays, le ban des agapes institutionnelles. 

 

En attendant de nouvelles surprises

Et puis, pour ajouter encore à l’ambiance typique, un musicien, comme on en prit ici souvent l’initiative, aurait pu, par exemple, sous un arbre aux feuilles lissées par la brise de la nuit montante, ajouter au sortilège  - dont Alexandra David-Neel écrivait qu’il ne doit pas être approché si l’on veut qu’il subsiste - laisser courir ses doigts agiles sur les cordes d’un luth et dispenser une douce et fine mélodie qui aurait prolongé le rêve sous les discrètes lueurs des lanternes dissimulées pour certaines dans les massifs d’agaves, dernier clin d’œil à la mystérieuse Afrique.

Comme l’écrivait André Gide :

« L’art serait, malgré la plus parfaite explication, de réserver encore de la surprise. »

 

Bernard VADON