A Marrakech, bravant le confinement, notre solitude …  et nos convictions, des amis marocains ont honoré par le partage et durant « la Nuit du Destin »,le 3ème pilier de l’Islam.

Publié le 22 Mai 2020

« Nous l’avons certes, fait descendre (le Coran) pendant la nuit d’Al-Qadr. Et qui te dira ce qu’est la nuit d’Al-Qadr ? La nuit d’Al-Qadr est meilleure que mille mois. Durant celle-ci descendent les Anges ainsi que l’Esprit (Djibril), par permission de leur Seigneur pour tout ordre. Elle est paix et salut (bienfait de la part d’Allah, Exalté soit-Il, pour les croyants) jusqu’à l’apparition de l’aube.» (Coran 97/1-5)

 

Durant la nuit du destin - Laylat al-qadr - et comme l'explique la précédente sourate dite : « La détermination » :

 

« Les Anges et l’Esprit descendant par permission de leur Seigneur pour tout ordre. Elle est paix et salut jusqu’à l’apparition de l’aube."

 

En ce triste temps de confinement qui n’en finit plus, nous remercions nos amis musulmans d’avoir concrétisé la portée magique de cette nuit d’exception caractéristique par la texture particulière du ciel, d’une limpidité inhabituelle ;  et sa signification spirituelle par la révélation du Coran faite par l’Ange Gabriel au prophète Mohammed.

Un fusain (collection privée) représentant le Roi Mohammed V accueillant le pauvre sous le regard apaisant de l'Ange Gabriel et symbolisant de façon émouvante le troisième pilier de l'Islam.

 

Une nuit d’autant plus singulière au vu de la pandémie qui frappe la planète mais aussi par cette similitude dans l’accomplissement du mystère divin.

Lors de son voyage nocturne, jusqu’à la mosquée al-Aqsa de Jérusalem, le prophète Mohammed expérimenta, dit-on, le mystère de  « l’ascension » assortie du devoir canonique de la Zakat el-Fitr - l’aumône aux pauvres - avant la prière de l’Aïd (la fête). 

 

Un temps fort également d’exception chez les chrétiens qui célébraient, ce dernier jeudi 21 mai, l’Ascension du Seigneur Jésus-Christ. 

Événement scellant l'ultime rencontre de Jésus avec ses disciples après sa résurrection :

 « ils le virent s'élever et disparaître à leurs yeux dans une nuée. Et comme ils fixaient encore le ciel où Jésus s'en allait, voici que deux hommes en vêtements blancs se tenaient devant eux et disaient: "Galiléens, pourquoi restez-vous là à regarder vers le ciel ? Jésus, qui a été enlevé du milieu de vous, reviendra de la même manière que vous l'avez vu s'en aller vers le ciel". (Actes 1, 9-11).

 

Et cela, en avant-première du dimanche de la Pentecôte invitant à l’évangélisation et préparant la fondation de l’Église sous le signe de l’Esprit Saint sans lequel rien – et dans aucune religion monothéiste - ne serait. 

 

Dans notre solitude imposée par la pandémie, au terme des gestes traditionnels de l’encensement et de la lumière, agent d’espérance artificiellement retrouvée, nous avons donc communié avec nos amis marocains musulmans en appréciant l’offerte des mets de circonstance : 

 

« Nous l’avons certes, fait descendre (le Coran) pendant la nuit d’Al-Qadr. Et qui te dira ce qu’est la nuit d’Al-Qadr ? La nuit d’Al-Qadr est meilleure que mille mois. Durant celle-ci descendent les Anges ainsi que l’Esprit (Djibril), par permission de leur Seigneur pour tout ordre. Elle est paix et salut (bienfait de la part d’Allah, Exalté soit-Il, pour les croyants) jusqu’à l’apparition de l’aube.» (Coran 97/1-5)

Une nuit bénie et d’une haute spiritualité que Dieu évoque en ces termes : 

« Nous l’avons fait descendre (le Coran) en une nuit bénie». 

Durant ce temps de forte intensité spirituelle auquel les croyants se préparent avec joie, ferveur et enthousiasme, la nuit du destin qui précède de peu la fin du ramadan est aussi celle de l’événement sublime, la révélation et la descente du Coran, le miracle qui a façonné l’histoire ; une dévotion singulière qui au cours de cette nuit équivaut à mille mois de prières. Sans oublier D’autant la zakât, zakat ou encore zakaat, un mot arabe qui se traduit par « aumône légale », une belle illustration du troisième piliers de l'islam.

Le devoir canonique de la Zakat el-Fitr - l'aumône aux pauvres"  - avant la prière de l'Aïd (la fête). 

Une confirmation de foi et pour les chrétiens, la prière Saint Augustin qui en éclaire communément le chemin :

« Quelle est la première grâce que nous avons reçue ?

En marchant dans la foi nous marchons dans la grâce. Par quoi l’avons-nous méritée ? En vertu de quels mérites antérieurs ? 

Que personne ne se flatte,  que chacun revienne à sa conscience, qu’il scrute les replis de ses pensées, qu’il repasse la suite de ses actes, qu’il ne fasse pas attention à ce qu’il est,  s’il est déjà quelque chose, mais à ce qu’il a été pour être quelque chose : il trouvera qu’il n’était digne que de supplice et s’il est venu, lui, non pour punir les péchés, mais pour pardonner les péchés, c’est une grâce qui t’a été faite, ce n’est pas un salaire qui t’a été versé. Alors, pourquoi est-elle appelée grâce ?

Parce qu’elle est donnée gratuitement. Ce n’est pas par des mérites antérieurs en effet que tu as acheté ce que tu as reçu. Le pécheur a donc reçu cette première grâce, la rémission de ses péchés ».

Peut-être une meilleure compréhension quant à la recherche de la paix au travers de la récente requête du pape François invitant à s’associer à l’acte spirituel des musulmans par une journée de jeûne commun.

Bernard VADON