En illustration d’un confinement à la manière du "Petit Prince" : « S’il vous plait (dessine-moi) … pardon, écris-moi le mot liberté ! " 

Publié le 27 Avril 2020

A vous, nos sœurs, nos frères et nos amis musulmans fidèles à une religion différente de la nôtre mais nous tous réunis à la croisée d’une foi universelle, dans l’adoration d’un Dieu Unique.

Après notre temps de Pâques marqué du signe de l’espérance et lui aussi vécu dans l’exiguïté du confinement, il en sera ainsi pour ce ramadan d’exception, le mois de Chaâbane passé.  

 

Une allégorie de la liberté ....

Au-delà des difficultés et des privations, en tout cas dans le respect des règles établies, ce mois sacré sera quand même un temps fort, inspirateur de respect, de tolérance et de renouveau dans un monde cruel et fou, en proie à une violence quotidienne au mépris des valeurs humaines les plus élémentaires.

ABSURDITÉ

Ce nouveau fléau – comme le confessait Albert Camus après la parution de « La Peste » cet ouvrage qu’on redécouvre aujourd’hui - mettant en évidence et en marge de la foi, la confrontation de l’homme à l’absurdité de son existence et à la précarité de la condition humaine, une œuvre qui défie un monde aussi pitoyable que sans pitié.  

Zone interdite !

Au-delà de la double métaphore de ce livre, en fait, une allégorie du nazisme, il s’avère bien que ce Covid 19 qui bouleverse directement nos habitudes et surtout nos existences, ne semble pas être dénué d’une forme de perspicacité sinon d’intelligence dans sa diabolique entreprise. 

Pour l’heure, ce virus inconnu au bataillon des coronas apparait bien mystérieux, se dérobant à la curiosité scientifique et bien déterminé à terrasser, au moins le temps d’une pandémie, l’orgueil humain démesuré, sorte de transposition intellectuelle de circonstance, un remake biblique de Goliath envoyé par les Philistins contre le peuple d’Israël. 

Reste à savoir à présent si de la foule tétanisée émergera un David qui, à l’instar du récit rapporté par le bibliste, viendra au nom de Dieu – tant pis pour les républicains de cœur et autres thuriféraires de l’icône Robespierre - comme sauveur de son peuple attestant ainsi de la logique divine à savoir que ce n’est pas la force qui compte mais la capacité du cœur, la grandeur de la foi.

Je vous rassure, comme pour La Peste de Camus, l’allégorie s’arrête là.

Une musique soufie magnifique de spiritualité et venue de nulle part.

Sinon, et c’est peut-être l’enseignement que la raison conseillera à terme à savoir combien les hommes regardent l’apparence pendant que le Seigneur regarde le coeur.

Entre autres livre, la Peste, l’Étranger et le Mythe de Sisyphe, de quoi nourrir ces moments de plus en plus insupportables que nous impose le confinement.

RAMADAN MUBARAK

En tout cas, comment ne pas être avec vous chers adeptes du prophète Mahomet et en union de prière et d’amitié alors que à l’aube naissante les oiseaux s’invitent au chapitre musical de la ville inhabituellement convertie au silence. Confinement impose.

C’est le temps du sehar, le premier repas diurne de la communauté musulmane, alors que le jour se prépare, en prélude aux mélodieuses psalmodies en plain-chant d’un muezzin, depuis la foultitude des minarets disséminés en médina, donnant la mesure de ce que sera ce nouvel acte de résistance aux facilités offertes par la modernité.

Tout en se laissant enivrer par les ultimes et envoûtants effluves des galants de nuit en pâmoison, et en savourant en fond sonore les accents de « l’apologétique de l’ivresse et de l’épicurisme » portés par une musique soufie magnifique de spiritualité et venue de nulle part.

Dans la recherche d’une foi intérieure. Et surtout en priant à sa façon

Une quiétude étrange ...

Rien n’est plus important sinon le souvenir que nous garderons, en qualité de confinés étrangers, de certains vrais moments forts notamment celui d’une cité – en l’occurrence Marrakech - sous influence lunaire et miraculeusement revenue à ce temps d’hier qui remémore aux amoureux d’un fabuleux passé oublié combien il est bon de vivre dans une sorte de quiétude étrange sinon de torpeur non moins étrange qui enveloppe la ville jusqu’à la nuit tombée, envahis par un irrépressible sentiment d’angoisse sinon de peur intellectuelle. 

Un irrésistible sentiment d'angoisse.

De cette mélancolie dont Victor Hugo écrivait que c’est le bonheur d’être triste.

Alors, c’est vrai que la tentation était grande d’en appeler au « Petit Prince » de Saint Exupéry et de l’autre côté de nos grilles virtuelles lui demander de nous écrire un mot sacré : celui de liberté sans laquelle nous le savons que trop : il n’est point de vrai bonheur !

Bernard Vadon

Rédigé par Bernard Vadon

Publié dans #J - 2 - B ( Journal )

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