MARRAKECH : BEETHOVEN INTENSEMENT ! RÉCITAL- COMMENTÉ AVEC MICHEL CHANARD ET BERNARD VADON

Publié le 12 Mars 2020

 

Le 250ème anniversaire de la naissance de Ludwig Van Beethoven est en cette année 2020 – il est né le 16 (ou le 17) décembre 1770  -  l’heureux prétexte à saisir la moindre opportunité pour le célébrer. Dans le monde entier tous les supports artistiques sont à ce titre monopolisés. Plus modestement et dans le cadre de la dernière journée de la femme, Michel Chanard et Bernard Vadon, à la résidence Katy’s dans le quartier de l’Hivernage à Marrakech, ont proposé un récital-commenté sur le thème de « Beethoven Intensément ».

L’occasion de rappeler que si les symphonies sont les plus « exploitées » il est en revanche d’autres pièces moins connues du grand public et qu’un seul film suffit parfois à révéler. Quand ce n’est pas un épisode historique. Par exemple, les quatre notes introductives de la symphonie N°5 en ut mineur op 67 – autrement nommée « Symphonie du Destin » créée à Vienne le 22 décembre 1808 -  et qui furent choisies, à dessein, en 1940, par la BBC pour annoncer les émissions clandestines des alliés.

« Ainsi, le destin frappe à la porte ! » aurait déclaré Beethoven …  plus d’un siècle auparavant !

Pour le critique de l’époque, un certain Hoffman : 

« Cette magnifique œuvre transporte l’auditeur à travers des climats grandissant jusqu’au royaume spirituel de l’infini. »

C’est aussi l’épreuve tragique pour Beethoven dont la surdité s’aggrave. Un mal terrible pour un musicien qui singulièrement sinon paradoxalement, ira de pair avec un talent grandissant.

Au-delà des grands rendez-vous académiques, le cinéma est aussi en pole position.. 

Entre « Fidelio » – son unique mais magnifique opéra - et la somptueuse « Missa Solemnis » s’impose la « titanesque » Neuvième Symphonie, une œuvre au demeurant simple mais aux structures complexes dont le maître, diminué par sa surdité, n’entendra jamais, ce 7 mai 1824 au théâtre Kartnector à Vienne,  la note finale préfigurant son grand départ. 

En effet, il n’a que 56 ans lorsqu’il rend le dernier soupir laissant échapper de ses lèvres brûlantes un ultime et poignant souhait :

« Au Ciel, j’entendrai ! »

Une monumentale ode à la joie – par ailleurs hymne européen - qui sera immortalisée en 1964 sur la pellicule par Maurice Béjart et son ballet dans l’ombre du Commandeur sur le thème de la fraternité humaine.

INCLASSABLE

Dernier grand représentant du classicisme viennois (après GluckHaydn et Mozart), Beethoven a préparé l’évolution vers le romantisme en musique et influencé la musique occidentale pendant une grande partie du xixe siècle.

Inclassable, son art s’est exprimé à travers différents genres musicaux, et bien que sa musique symphonique soit la principale source de sa popularité, il a eu un impact considérable dans l’écriture pianistique et dans la musique de chambre.

Surmontant à force de volonté les épreuves d’une vie marquée par la surdité qui le frappera à vingt-sept ans, célébrant dans sa musique le triomphe de l’héroïsme et de la joie quand le destin lui prescrivait l’isolement et la misère, il sera récompensé post mortem par cette affirmation de Romain Rolland :

 « Il est bien davantage que le premier des musiciens. Il est la force la plus héroïque de l’art moderne »

Quant à Joseph Haydn il écrivait à son sujet  :

« Vous me faites l’impression d’un homme qui a plusieurs têtes, plusieurs cœurs, plusieurs âmes » 

Ce à quoi il répondait :

« Ce que je suis, je le suis par moi-même.
Des princes, il y en a eu et il y en aura encore des milliers. Il n’y a qu’un Beethoven »

Qui mieux que ce sublime musicien pouvait se permettre pareille outrecuidance ?

 

Quand il meurt, en 1827, il est "une star" adulée. Pas moins de trente mille personnes se pressent pour assister à ses funérailles. 

 

On lui doit 9 symphonies, huit concertos, 32 sonates pour piano, 17 quatuors à cordes et plus d'une centaine d'autres oeuvres. A la création de la 9e symphonie en 1824, il est sourd et n'entend pas l'ovation du public. Comment a t-il fait pour continuer à composer?

Tout simplement en serrant un crayon entre ses dents ce qui lui permettait de ressentir les vibrations des notes par résonnance.

 


Quant aux quatre premières notes de la cinquième symphonie passées à la postérité elles ont aussi servi de pâture, comme tant d’autres œuvres,  aux publicitaires en mal d’imagination. Des fameuses pâtes Panzani avec le quatrième mouvement de la 9ème symphonie molto vivace particulièrement mis à la sauce bolognaise ;  la société de location de voitures Ouicar s’appropriant quelques mesures de la 7èmesymphonie en la mineur ; LG Turbo Wash reprenant à son compte la cinquième pour vanter les qualités de ses machines à laver et la FNAC élevant le débat avec le deuxième mouvement de la 9ème symphonie.

Retour à une plus noble appropriation avec Chuck Berry et de nombreux groupes, notamment Electric Light Orchestra ( Roll Over Beethoven) et Ekseption qui ont donné une connotation pour le moins inhabituelle mais pas inintéressante de l’incontournable 5ème symphonie

En effet, lorsque Chuck Berry compose "Roll over Beethoven" et que le tube est repris par les Beatles au début des années 60, c'est un hommage que le rock naissant rend à l'un des plus grands compositeurs. 

En 1973, ce sera au tour du groupe Electric Light Orchestra de reprendre à sa façon le hit de Chuck en l'agrémentant de références à la 5e symphonie entre les couplets … ce qui ne manquera pas de faire hérisser quelques poils mais c’était aussi une façon de dire : "Voilà ce que la musique d'aujourd'hui vous doit cher Ludwig !"

Jacques Loussier dans les années 60 dans sa série culte « Play Bach » avait autrement  et plus élégamment et musicalement rendus accessibles les préludes et fugues de J.B Bach

 

Avec la  Symphonie nº 7 en la majeurop. 92 il s’agit de l’une des neuf symphonies du compositeur, pour orchestre symphonique, en 4 mouvements. Et non la moindre.

Le deuxième mouvement, plus recueilli, indiqué allegretto, mais que les contemporains préfèreront appeler andante, est une sorte de marche lente, presque funèbre, qui n’est pas sans faire penser à celle déjà écrite par le compositeur pour sa Symphonie n° 3.

Voici un Beethoven léger, aéré, d’un beau galbe et d’une grande clarté polyphonique où s’imposèrent les plus grands chefs d’orchestre  de Léonard Bernstein à Herbert Von Karajan en passant par Wilhelm Furtwängler.

Beethoven a transcrit pour piano seulement les quarante-six premières mesures de la Septième Symphonie. C'est le seul arrangement pour piano de l’une de ses symphonies . Il existe également une version pour deux pianos ainsi qu’une  version pour piano à quatre mains.

Une oeuvre largement exploitée par les réalisateurs de cinéma :

 

« Des hommes et des dieux » réalisé par Xavier Beauvois, inspiré librement de l'assassinat des moines de Tibhirineen Algérie en 1996 qui retrace la vie quotidienne des moines et leurs interrogations face à la montée de la violence durant les mois précédant leur enlèvement lors de la guerre civile algérienne à« Diplomatie » de Volker Schlöndorff  en passant par « Le discours d’un roi »  de Tom Hooper

 

 A suivre ...

 

Rédigé par Bernard Vadon

Publié dans #J - 2 - B ( Journal )

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