L’ENFER EST-IL EXOTHERMIQUE … ET DE CE FAIT, A T-IL GELE ? AUQUEL CAS, ALLELUIA, NOUS SERIONS SAUVES !
Publié le 4 Avril 2018
L'enfer a inspiré bon nombre d'artistes et non des moindres. En littérature, La Divine Comédie de Dante reste sans aucun doute un modèle du genre ...
En filigrane de la sempiternelle hypothèse - en termes de données ou de démonstrations - à savoir si Dieu et partant le diable, itou, existent, nous avons retrouvé dans nos archives universitaires une question bonus de chimie précisément à propos de l’enfer dans sa version exothermique (évacuation de la chaleur) ou endothermique (absorption de la chaleur) proposée aux étudiants de l’Université de Nanterre et relative à la loi de Boyle-Mariotte. Celle-ci stipulant que si un gaz se dilate, il se refroidit et inversement.
Plus concrètement, cette loi permet de calculer la pression d’un fluide connaissant sa pression initiale et la variation du volume qu’il occupe. Plus simplement encore - si l’on peut dire - les gaz sont compressibles : ainsi, en plongée, ils se compriment à la descente, puisque la pression augmente, alors qu’ils se dilatent à la remontée car la pression diminue.
CQFD
Pour un étudiant autrement plus perspicace, le postulat sera plus ésotérique pour ne pas dire singulier mais pas moins intéressant et Dante nous en avait donné sa version bien aux limites de l’épouvante. Mais revenons à la démonstration de notre analyste en herbe :
« Nous avons besoin de connaître comment varie la masse de l’enfer avec le temps et à quel taux les âmes entrent et sortent de l’enfer. »
Et l’étudiant d’en déduire :
« Je pense que nous pouvons assurer sans risque qu’une fois entrées en enfer, les âmes n’en ressortiront plus. De même, pour le calcul du nombre d’entrées des âmes en enfer, nous devons regarder le fonctionnement des différentes religions de par le monde. La plupart des ces religions affirment que si vous ne figurez pas parmi leurs fidèles vous irez en enfer. Comme il existe plus d’une religion exprimant cette règle, et comme les gens n’appartiennent pas à plus d’une religion, nous pouvons projeter que toutes les âmes vont en enfer. »
CQFD.
Vous me suivez ?
Bref.
Et l’étudiant de poursuivre sa vision pour le moins originale, en tout cas inédite :
« Maintenant, regardons la vitesse du changement de volume de l’enfer parce que la loi de Boyle spécifie que pour que la pression et la température restent identiques en enfer, le volume de l’enfer doit se dilater proportionnellement à l’entrée des âmes. Par conséquent, cela donne deux possibilités : si l’enfer se dilate à une moindre vitesse que l’entrée des âmes en enfer, alors la température et la pression en enfer augmenteront indéfiniment jusqu’à ce que l’enfer éclate. Par contre, si l’enfer se dilate à une vitesse supérieure à la vitesse d’entrée des âmes en enfer, alors la température diminuera jusqu’à ce que l’enfer gèle. »
LA RAISON ET LE CONCRET
Enfin, notre génial jeune homme, au terme de son exposé pour le moins pertinent, de poser alors la question du choix de l’une ou l’autre possibilité.
Laissons-lui la réponse qui pourrait paraître, au premier degré, farfelue mais qui fait au demeurant un amusant clin d’œil à une manière de bon sens voltairien sinon plus directement, à l’évidence. On sait en effet combien le philosophe des Lumières aimait à s’appuyer sur la raison et le concret :
« Si nous acceptons le postulat de ma camarade de classe Jessica laquelle m’ayant affirmé, durant ma première année d’étudiant, qu’il fera froid en enfer avant que je ne couche avec elle et en tenant compte du fait que j’ai couché avec elle la nuit dernière, alors l’hypothèse doit être vraie. Ainsi, je suis sûr que l’enfer est exothermique … et a déjà gelé ! »
Le corollaire de cette théorie ?
« Comme l’enfer a déjà gelé, il s’ensuit qu’il n’accepte plus aucune âme et du coup il n’existe plus … laissant ainsi seul le Paradis, et prouvant l’existence d’un Etre divin … ce qui explique pourquoi, la nuit dernière, Jessica n’arrêtait pas de crier : Oh, mon Dieu ! ».
Sans surprise, l’étudiant s’est vu octroyer la note maximale. Quant à nous, eu égard nos angoisses existentielles, nous serions, grâce à Dieu, épargnés par les flammes de l’enfer au bénéfice d’un bonheur paradisiaque.
Qu’espérer de mieux ?
bq u
Bernard VADON
La Divine Comédie de Dante est l’une des expressions les plus pures de l’humanisme chrétien du XIII siècle pour lequel le mal n’est que la privation du Bien et l’Enfer, l’abîme engendré par le premier ange rebelle, Lucifer.
Dante prend l’image au pied de la lettre et nous expose la géographie intérieure de ce gouffre. Cette fresque morale « décrit l’univers de fond en comble » et assigne à chaque personnage, historique ou mythique, sa place dans l’au-delà… La divine comédie est en fait un prodigieux inventaire des crimes et des mérites qui suscita l’admiration de Balzac comme celle de Victor Hugo.
Car pour eux c’est là que réside la foule de ceux qui vécurent mollement trop attachés à leur petit confort pour oser de grandes choses ni dans le Bien, ni dans le Mal :
« Cet état misérable est celui des méchantes âmes des humains
qui vécurent sans infamie et sans louange et qui ne furent que pour eux-mêmes...
Les cieux les chassent, pour n’être pas moins beaux
et le profond enfer ne veut pas d’eux,
car les damnés en auraient plus de gloire ».