RACONTE-MOI LE PRINTEMPS !

Publié le 13 Mars 2018

Il est des jours, avez-vous remarqué ?
Il est des jours, avez-vous remarqué ?
Il est des jours, avez-vous remarqué ?
Il est des jours, avez-vous remarqué ?

Il est des jours, avez-vous remarqué ?

 

 

Ma préférence irait peut-être à Stéphane Mallarmé sans pour autant sous estimer, ou mieux savourer, des textes et des poèmes d’un Arthur Rimbaud, que Verlaine qualifiait « d’époux infernal » enclin à nous emporter dans une sorte de folie des mots qui n’est pas sans se nourrir d’une existence marquée par une jeunesse aussi exubérante que hors normes au point d’avoir justement séduit – le terme est-il assez fort ? – cet autre prince de la poésie, Paul Verlaine. Ce dernier aux prises avec une tenace malédiction et qui, lui aussi, a su trouver les expressions propres à illustrer cette pesante nostalgie que l’alcool ne fera qu’amplifier.

Quelle est cette langueur qui pénètre mon coeur….

Dans ce sillon parfois tragique creusé par la justesse des mots pour exprimer la pesanteur du monde, j’aurais tout autant pu choisir un Charles Baudelaire et ses fleurs du mal auxquelles, d’ailleurs, Verlaine ne fut pas insensible ; ou encore un Guillaume Apollinaire sinon un Paul Eluard, pour chanter le temps qui, par saison interposée, donne la mesure d’un bonheur fugace.

En ce flamboyant printemps, ce ne sera donc pas à l’instigateur sinon à l’apôtre du symbolisme évoquant le vierge, le vivace et le bel aujourd’hui que reviendront les premiers vers du printemps mais à Paul Verlaine soi-même :

 

« Il est des jours - avez-vous remarqué ? - 
Où l'on se sent plus léger qu'un oiseau, 
Plus jeune qu'un enfant, et, vrai ! Plus gai 
Que la même gaieté d'un damoiseau.

L'on se souvient sans bien se rappeler... 
Évidemment l'on rêve, et non, pourtant. 
L'on semble nager et l'on croirait voler. 
L'on aime ardemment sans amour cependant

Tant est léger le coeur sous le ciel clair 
Et tant l'on va, sûr de soi, plein de foi 
Dans les autres, que l'on trompe avec l'air 
D'être plutôt trompé gentiment, soi.

La vie est bonne et l'on voudrait mourir, 
Bien que n'ayant pas peur du lendemain, 
Un désir indécis s'en vient fleurir, 
Dirait-on, au coeur plus et moins qu'humain.

Hélas ! faut-il que meure ce bonheur ? 
Meurent plutôt la vie et son tourment ! 
Ô dieux cléments, gardez-moi du malheur 
D'à jamais perdre un moment si charmant.
 »

 

Dans « Madame Butterfly », Giacomo Puccini exalte à sa façon et en musique un printemps « Tutti i fior »…Toutes les fleurs ! Toutes, toutes !  Fleurs de pêcher, violette, jasmin, tout ce qui fleurit comme buisson, herbe ou arbre.

Le printemps c’est ainsi le retour à la vraie vie, à la lumière.

Une authentique renaissance.

 

Bernard Vadon