En ce temps pascal, le sacrifice du lieutenant-colonel Arnaud Beltrame prend une résonance singulière.

Publié le 26 Mars 2018

Un temps de réflexion inhabituel ...
Un temps de réflexion inhabituel ...
Un temps de réflexion inhabituel ...
Un temps de réflexion inhabituel ...

Un temps de réflexion inhabituel ...

 

Ainsi, Trèbes petite cité tranquille du département de l’Aude, à quelques lieues de la belle ville fortifiée de Carcassonne a t-elle pris, comme hier, Paris, Nice, Toulouse et plus modestement encore (pour la taille en tout cas) Saint-Etienne-du-Rouvray (la liste n’est malheureusement pas exhaustive), une place peu enviée dans le sinistre cortège des villes martyres.

 

Au-delà de la peine immense et de l’incompréhension, de la nécessité aussi de pallier ces débordements tragiques résultant d’une forme d’idéologie dévoyée et criminelle, la parole fut une fois encore libérée pour que s’expriment, sur différents registres, les sentiments des uns et des autres.

Les politiques de tous bords et de toutes tendances, pour la plupart experts dans l’art de la récupération et du copier/coller, n’étaient pas en reste, lesquels,  inconsciemment,  nous rappelaient, pour certains en tout cas, cette légende de l’Antiquité en référence aux fameuses larmes de crocodiles. Ces derniers, selon le conteur, faisant preuve d’une intelligence rare en amadouant leurs proies par leurs gémissements avant de les croquer. Ce n’est qu’un perfide clin d’œil comparatif qui ne fait que mettre en évidence le devoir « officiel » quant à manifester publiquement la sympathie et le cas échéant la colère de la collectivité face à de telles actes de sauvagerie.

 

Mais si l’unanimité est quasi totale quant à saluer l’héroïsme du lieutenant-colonel Arnaud Beltrame en sa qualité de militaire, elle se justifie plus encore de la part d’un homme dont on sait, aujourd’hui, combien il était animé d’une foi profonde au terme d’une conversion précoce vécue il y a seulement une dizaine d’années. Une autre et éventuelle explication dans ce choix d’offrir sa vie pour en sauver une autre. Exemplaire.

 

En ce dernier dimanche de l’office des Rameaux, à l’aube de la semaine rappelant la Passion du Christ et en prélude au temps pascal de la résurrection, la messe célébrée dans le cadre de l’émission « Le Jour du Seigneur » en appelait, par la voix du célébrant, à prendre autrement conscience du sacrifice de celui qui, de la façon la plus chrétienne qui soit, s’est en quelque sorte incarné au cœur du mystère pascal.

 

En l’église Saint Pierre de Pleurtuit, en Bretagne, le Père Luc Pialoux, dans son homélie faisant suite à la lecture de l’émouvant récit de la Passion, a prononcé des mots simples mais forts pour honorer la mémoire du lieutenant-colonel Beltrame. Un geste d’offrande qui n’est peut-être pas sans rappeler celui du Père franciscain Maximilien Kolbe qui, dans un bunker d’Auschwitz, prit, lors des années de guerre mondiale, la place d’un prisonnier condamné.

Un temps de réflexion inhabituelle. Surtout lorsque le Père Luc invita les fidèles et tous ceux qui devant leur télévision participaient à l’office, à s’unir au visage du Christ, représenté derrière l’autel de cette belle église sur une croix, pour dire intérieurement une prière en communion avec toutes les victimes du radicalisme religieux. Poignant.

 

La mort est un scandale me confiait un jour un vieil ami prêtre.

Peut-être parce qu’au delà de l’Espérance chrétienne elle est source de questionnements sans réponses et du renvoi - existentiellement parlant - dos-à-dos de la science et de la raison.

En filigrane de cette prise de conscience et en manière de consolation, comment, ne pas méditer cette pensée de la philosophe Simone Weil :

« Ce n’est pas parce que Dieu nous aime que nous devons l’aimer. C’est parce que Dieu nous aime que nous devons nous aimer. »

Peut-être une réponse parmi d’autres à ceux qui, parfois, et en prenant certains raccourcis idéologiques, stigmatisent systématiquement les religions.

Oubliant aussi que la foi en est aussi un pilier solide.

 

Bernard VADON