CHANGER D'AIR OU "COMMENT JE VOIS LE MONDE" !
Publié le 14 Mars 2017
D'Albert Einstein à Arthur Schopenhauer ou "De la quadruple racine du principe de raison suffisante" : à méditer !
J’y ai déjà fait référence. De façon quasi obsessionnelle remarqueront mes fidèles lecteurs.
Il s’agit de ma bibliothèque sur les rayons de laquelle un petit livre - parmi la multitude et la diversité des autres – a sa place depuis mes années lycée.
Un livre, petit, sinon modeste, par son nombre de pages, mais autrement grand par la portée universelle de son message étonnamment pérenne.
Son auteur, un certain Albert Einstein.
Déjà, le titre – « Comment je vois le monde » - résume la dimension du problème qui nous inquiète actuellement. Autant sur le plan international que national.
Un titre qui nous encourage à nous approprier la question de savoir comment nous voyons le monde. Et comment gérer nos angoisses.
Des angoisses qui ont pour noms, terrorisme, migrants et autres réfugiés fuyant les conflits et précédant les prochains réfugiés climatiques mais aussi le dérèglement qui en est la cause, les températures en hausses préoccupantes (une moyenne de dix degrés par rapport aux années précédentes et positives au pôle Nord au lieu des moins vingt degrés habituels) perturbant les saisons institutionnelles sans oublier les tornades, les inondations n’épargnant aucun pays ; les mers qui montent et les glaciers qui fondent. La violence et le désordre généralisé sans compter avec le mépris de plus en plus affirmé de la notion pourtant élémentaire d’autrui.
En clair, un égarement universel qui affecte un système de société qu’en ces temps de choix présidentiels et pas uniquement en France, on ne voit que difficilement l’issue par le truchement d’une femme ou d’un homme providentiels de toute évidence et malheureusement introuvables.
Plus que tirer la sonnette d’alarme ou défendre certaines valeurs, il convient d’insister sur le fait que le genre humain et la planète qu’il occupe sont de plus en plus fragilisés.
La lecture des chroniques d’Albert Einstein est à ce titre édifiante et troublante.
En tout cas, celle que j’ai opportunément retenue est manifestement de circonstance en ces temps placés sous le signe d’une interrogation universelle :
« Ma condition humaine me fascine. Je sais mon existence limitée et j’ignore pourquoi je suis sur cette terre, mais parfois je le pressens. Par l’expérience quotidienne, concrète et intuitive, je me découvre vivant pour certains autres, parce que leur sourire et leur bonheur me conditionnent entièrement, mais aussi pour d’autres hommes dont, par hasard, j’ai découvert les émotions semblables aux miennes. Chaque jour, mille fois, je ressens ma vie, corps et âme, intégralement tributaire du travail des vivants et des morts. Je voudrais donner autant que je reçois mais je ne cesse de recevoir. Puis j’éprouve le sentiment satisfait de ma solitude et j’ai presque mauvaise conscience à exiger d’autrui encore quelque chose. Je vois les hommes se différencier par les classes sociales et, je le sais, rien ne les justifie si ce n’est la violence. J’imagine accessible et souhaitable pour tous, en leur corps et en leur esprit, une vie simple et naturelle.
Schopenhauer estimait, quant à lui et sur le sujet :
« L’homme peut certes faire ce qu’il veut, mais il ne peut pas vouloir ce qu’il veut ».
En réponse à l’auteur de « La quadruple racine du principe de raison suffisante » Albert Einstein écrit encore :
« Face au terrifiant spectacle des injustices humaines, une morale qui apaise et éduque. J’apprends à tolérer ce qui me fait souffrir. Je supporte alors mieux mon sentiment de responsabilité. Je n’en suis plus écrasé et je cesse de prendre, moi ou les autres, au sérieux. Alors, je vois le monde avec humour. Je ne puis me préoccuper du sens ou du but de ma propre existence ou de celle des autres, parce que, d’un point de vue strictement objectif, c’est absurde. Et pourtant, en tant qu’homme, certains idéaux dirigent mes actions et orientent mes jugements. Car je n’ai jamais considéré le plaisir et le bonheur comme une fin en soi et j’abandonne ce type de jouissance aux individus réduits à des instincts de groupe. »
Et celui qui a inventé la célèbre formule E= mc2 de poursuivre :
« Des idéaux ont suscité mes efforts et m’ont permis de vivre. Ils s’appellent le bien, le beau, le vrai. Si je ne me ressens pas en sympathie avec d’autres sensibilités semblables à la mienne, et si je ne m’obstine pas inlassablement à poursuivre cet idéal éternellement inaccessible en art et en science, la vie n’a aucun sens pour moi. Or, l’humanité se passionne pour des buts dérisoires. Ils s’appellent la richesse, la gloire, le luxe. »
En manière de conclusion Albert Einstein ajoute :
« Le monde ne sera pas détruit par ceux qui font le mal, mais par ceux qui les regardent sans rien faire… J’ignore la nature des armes qu’on utilisera pour la prochaine guerre mondiale. Mais pour la quatrième, on se battra à coup de pierres.”
Sans se laisser aller à la désespérance, une analyse au second degré illustre une régression flagrante de la condition humaine plutôt que sa progression vers un idéal de vie dont on estime qu’il ne vise pas forcément la perfection dans une forme de réussite sociale mais la volonté d’être meilleur, au niveau de l’âme et du coeur. En somme, la bienveillance. Cherchez, là encore, l’erreur.
Notre société actuelle, de plus en plus égarée, est loin d’épouser cette philosophie de vie. Un fâcheux constat, mais c’est ainsi.
En d’autres termes plus cavaliers, "changer d’air" s’impose !
Bernard VADON