De Paris à Bruxelles en passant par Marrakech LA GALERIE DURET : L’ART AU SINGULIER.

Publié le 21 Avril 2016

Espace et profondeur
Espace et profondeur

Paul Klee estimait que l’art ne reproduit pas le visible mais il rend visible.

A ceux qui, perfidement, seraient tentés de ne pas saisir les nuances pour le moins subtiles de cette appréciation d’un peintre que pour ma part je classe parmi mes préférés, j’en réfèrerais à un autre monument de l’art pictural planétaire – Pablo Picasso – qui ne manquait pas d’à propos et ne se prenait pas au sérieux - contrairement à ce que l’on peut dire parfois et à tort selon moi, qui eus la chance de le rencontrer au terme de sa vie - à une dame qui assimilait sa peinture à du chinois (manifestement incompréhensible) , il rétorqua sans ambages :

« Mais madame, le chinois, ça s’apprend ! ».

AURA EBLOUISSANTE

Les grands ténors du pinceau sont légions à considérer, à la manière de Giacometti, combien la ressemblance absolue prime sur l’apparence.

Contrairement à la science, qui aurait tendance à nous rassurer, l’art, à contrario, dérangerait plutôt. C’est ce qui d’ailleurs en fait son principal intérêt et accessoirement suscite l’émerveillement.

Jusqu’à ce que cette chose familière, par magie, ne devienne soudain « l’aura éblouissante de l’intensément neuf ».

Il est bien connu que tout métier mène à tout à condition d’en sortir. Jacques II de Chabannes de La Palisse n’aurait pas contredit cette évidence.

En tout cas, une manière de concept mis en pratique par Laeticia et Mickaël Adjadj , Il y a quelque six années de cela, décidant, après réflexion, de mettre en parenthèses leurs situations respectives pour se lancer dans le monde des arts via l’ouverture d’une galerie. Un courageux pied à l’étrier.

Pour Laeticia – comme dirait Picasso en souriant – la peinture n’était pas du chinois. En effet, un master d’art contemporain décroché à la Sorbonne, en poche, constituait pour elle une sorte de sésame pictural sinon une référence garantissant le jeune couple d’un avenir au demeurant prometteur.

2010 : première halte parisienne rue Duret – du nom du sculpteur Francisque Joseph Duret, prix de Rome - dans le quartier huppé de Chaillot. Ainsi, la galerie profitera le plus naturellement qui soit de ces fonts baptismaux de circonstance. Cela ne s’invente pas.

C’est aussi le premier jalon d’une aventure en pays d’art qui s’exportera quatre ans plus tard du côté de Bruxelles avant, Marrakech en cette année 2016. (1)

La boucle n’est certainement pas encore bouclée mais ces deux pacifiques explorateurs de l’art contemporain s’emploient non sans conviction et vraisemblablement du bonheur, à composer un triangle d’or au service de cette imagination dont Matisse affirmait qu’elle donne au tableau espace et profondeur.

Ma rencontre fortuite avec le monde singulier de Laeticia et Mickaël Adjadj , précisément à Marrakech, a subrepticement suscité ces deux éléments clés chers à Matisse : l’espace et la profondeur.

LUMINESCENCE

Le premier le doit à la conception même du lieu résolument contemporain je dirais un peu audacieux dans le conceptuel architectural et le deuxième s’inscrivant dans la nature propre des œuvres choisies et représentant le fond artistique et culturel autour de peintres et sculpteurs dont la personnalité n’élude en rien l’unité de pensée des concepteurs.

De David Gerstein (qui eut récemment l’insigne honneur de remettre au pape François une de ses sculptures murales) , Virginia Benedicto ; Nicolas Dubreuille, Paul Picka et, en ce 19 avril, un volet préférentiel à Katrin Fridriks présente à ce vernissage.

Une œuvre qui, en quelques toiles, situe cette artiste native de Reykjavik (Islande) au cœur même d’un pays d’exception à divers égards. Une œuvre qualifiée « d’expressionisme abstrait » où l’on peut distinguer, selon les sensibilités, des lignes et des traits qui ne sont pas sans rappeler la calligraphie japonaise ou arabe. Une œuvre qui restitue en demi teinte les caractéristiques de cette terre d’Islande faite de contrastes et de tant de richesses naturelles. Dans l’expression de ses sentiments, Katrin Fridriks ne se limite pas dans ses supports – formats surdimensionnés tant en taille qu’en épaisseur – qui ajoutent à la singularité de ses évocations, puissantes dans les couleurs et non dénuées de transparence picturale (manifestement, elle a un secret dans sa manière de concevoir et d’apposer sa peinture sur la toile) !

Le résultat n’est pas inintéressant. En tout cas, il ne manque pas d’originalité.

La luminescence portée autant par les couleurs que par les formes parfois géométriques des toiles et objets de sculpture habillant les murs ou garnissant les consoles pourrait, au fond mais aussi sur la forme, apparaître comme le dénominateur commun d’une galerie – en l’occurrence et pour la circonstance celle de Marrakech – que les concepteurs souhaiteraient voir métamorphosée (je les cite) en un lieu convivial où l’art reste simple et « fun » à la portée de tous. Au vu peut-être aussi d’un potentiel artistique et créatif non dépourvu d’intérêt.

Avec nos artistes - confiait récemment Laeticia à une consoeur - nous entretenons une relation suivie, nourrie, didactique. Un accompagnement qui s’inscrit dans le temps.

« Tout ce qui est important dans l’art se trouve au-delà des paroles, » confiait Georges Braque.

Ce pourrait être les mots de la fin.

Bernard VADON

(1) Galerie DURET à Marrakech

Ouverte du mardi au samedi de 11h à 19h

29 rue Ibn Aïcha quartier du Guéliz ( à côté de

la polyclinique du Sud)

Tel : 0660942288

Katrin Fridriks, une islandaise à Marrakech ... Laetitia et Michaël Adjadj, explorateurs de l'art contemporain ... David Gerstein, un permanent de la galerie Duret remettant au pape François une de ses sculptures murales.
Katrin Fridriks, une islandaise à Marrakech ... Laetitia et Michaël Adjadj, explorateurs de l'art contemporain ... David Gerstein, un permanent de la galerie Duret remettant au pape François une de ses sculptures murales.Katrin Fridriks, une islandaise à Marrakech ... Laetitia et Michaël Adjadj, explorateurs de l'art contemporain ... David Gerstein, un permanent de la galerie Duret remettant au pape François une de ses sculptures murales.

Katrin Fridriks, une islandaise à Marrakech ... Laetitia et Michaël Adjadj, explorateurs de l'art contemporain ... David Gerstein, un permanent de la galerie Duret remettant au pape François une de ses sculptures murales.

Rédigé par Bernard Vadon

Publié dans #J - 2 - B ( Journal )

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