Sur la route d’Orthez : rencontre musicale avec Philippe Pistole (ténor) et Yann Liorzou (organiste)

Publié le 1 Septembre 2015

A la tribune de l'église Saint Pierre à Orthez, le ténor Philippe Pistole et à l'orgue Cavaillé-Coll, Yann Liorzou.
A la tribune de l'église Saint Pierre à Orthez, le ténor Philippe Pistole et à l'orgue Cavaillé-Coll, Yann Liorzou.

Paul Verlaine et son art poétique étaient en filigrane d’un programme musical récemment proposé à Orthez dans le cadre des activités musicales organisées par l’association des orgues de cette tranquille cité des Pyrénées Atlantiques.

La température inhabituelle, en ce dimanche 30 du mois d’août, n’avait d’égale que celle d’un public d’amateurs venu écouter, quasi religieusement – les lieux obligent - deux artistes complémentaires par leur talent au service d’une sensibilité elle-même portée par le choix de pièces où la facture classique le disputait à une manière de romantisme autrement élaborée.

De la musique avant toute chose

Oui, à la manière de l’auteur des « Poèmes Saturniens » et autres « Fêtes Galantes », Philippe Pistole, entre élégance et rigueur, soutenu avec maîtrise sinon subtilement accompagné à l’orgue, par Yann Liorzou, nous a invité à appréhender un art en demi-teintes. Un art lyrique peaufiné tant au conservatoire de Cannes que celui de Paris, notamment :

« De la musique avant toute chose, et pour cela préfère l’impair, plus vague et plus soluble dans l’air, sans rien en lui qui pèse ou qui pose. Car nous voulons la nuance encor, pas la couleur, rien que la nuance ! »

Oh, la nuance seule fiance le rêve au rêve et la flûte au cor.

En somme, un clair-obscur à la Rembrandt.

Ainsi, comme chez Verlaine, la rime dans les textes pour Philippe Pistole et la juste note sur la partition pour Yann Liorzou, à l’orgue, ne sont plus que des éléments sonores – mais quels éléments sonores ! – dont ils usent avec intelligence pour traduire leurs impressions confusionnelles.

Tous deux – l’un en qualité de titulaire des grandes orgues et l’autre comme maître de chapelle - occupent des postes de référence en l’église Saint Honoré d’Eylau à Paris.

En deux temps sinon deux parties, au temple d’Orthez d’abord et en l’église Saint Pierre, la diversité des œuvres n’enlevait rien à une sorte de mystérieuse osmose musicale.

Une invitation, en ce temple d’Orthez, à l’oeucuménisme avec l’émouvant « Ave Verum » et « l’Ave Maris Stella » composé par Jean Langlais.

Un clin d’œil musical en direction de l’unité.

La musique n’adoucit-elle pas les moeurs ?

Du temple à l’église

On pourrait tout aussi bien se réjouir d’avoir apprécié pour la énième fois des œuvres standard mais incontournables et, en revanche, superbement revisitées par les deux artistes.

Avec Philippe Pistole, le « Et Misericordia » du Magnificat de J.S. Bach et ce bel aria «Bist Du Bei Mir» composé, dit-on, par le musicien allemand Gottfried et longtemps attribué à J.S Bach s’accommodent d’un registre où la tessiture du ténor rencontre étrangement mais avec bonheur celle du baryton.

Que dire de la prière pour la paix de Charles d’Orléans sur une superbe partition de Francis Poulenc. ?

Une intention qui, par les temps agités du moment, n’a pas pris une ride et reste d’une étonnante actualité.

Dans une autre atmosphère – celle de la belle église Saint Pierre – la voix de ce dernier révèlera toute sa dimension, sa puissance aussi sans pour autant perdre de sa rondeur et de sa richesse.

Notamment, avec l’émouvant « Ombra Mai Fu » de Haendel.

A la console de l’orgue du Temple mais surtout à celle du Cavaillé-Coll de l’église Saint Pierre, Yan Liorzou, interprétant des oeuvres de Bach et de Brahms mais aussi d’Alexandre Guilmant, de Vincenzo Petrali, de Louis James Alfred Lefebure-Wely (avec l’interprétation délicate des chœurs de voix humaines) a donné, si l’on peut dire, la mesure de son talent de soliste.

Jean-Adam Guilain, Hammerschmidt, Berthomieu, Stradella et Deodat de Severac complétant le programme.

Enfin, avec l’admirable « Ave Maria » de Caccini, il ne pouvait pas y avoir de meilleur « bis » et surtout de meilleure preuve sinon de confirmation de ces deux talents conjugués avec celui que m’inspira opportunément l’immortel Verlaine :

De la musique encore et toujours !

Que ton vers soit la chose envolée

Qu’on sent qui fuit d’une âme en allée

Vers d’autres cieux à d’autres amours.

Bernard VADON

Sous la très belle nef datant du 14ème siècle prolongeant le choeur de style gothique plus ancien (13ème siècle) et terminée (selon la légende)   grâce à Gaston Fébus,la tribune éclairée par un vitrail du 19ème, supporte l'orgue de style néogothique oeuvre d'Aristide Cavaillé-Coll. A droite, l'orgue du temple et au centre Yann Liorzou et Philippe Pistole. Sous la très belle nef datant du 14ème siècle prolongeant le choeur de style gothique plus ancien (13ème siècle) et terminée (selon la légende)   grâce à Gaston Fébus,la tribune éclairée par un vitrail du 19ème, supporte l'orgue de style néogothique oeuvre d'Aristide Cavaillé-Coll. A droite, l'orgue du temple et au centre Yann Liorzou et Philippe Pistole. Sous la très belle nef datant du 14ème siècle prolongeant le choeur de style gothique plus ancien (13ème siècle) et terminée (selon la légende)   grâce à Gaston Fébus,la tribune éclairée par un vitrail du 19ème, supporte l'orgue de style néogothique oeuvre d'Aristide Cavaillé-Coll. A droite, l'orgue du temple et au centre Yann Liorzou et Philippe Pistole.

Sous la très belle nef datant du 14ème siècle prolongeant le choeur de style gothique plus ancien (13ème siècle) et terminée (selon la légende) grâce à Gaston Fébus,la tribune éclairée par un vitrail du 19ème, supporte l'orgue de style néogothique oeuvre d'Aristide Cavaillé-Coll. A droite, l'orgue du temple et au centre Yann Liorzou et Philippe Pistole.

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