Propos sur la souffrance : « Ce qui détruit le monde, c’est l’indifférence ! »

Publié le 30 Juin 2015

Les temps ne sont pas accomplis et pourtant le monde va crescendo sur l’échelle de la barbarie.

D’aucuns s’en formalisent et s’en inquiètent.

Rois (et reines) incontestés du bla-bla organisé, particulièrement les politiques, surfent avec un aplomb parfois déconcertant sur cet océan de douleurs et de souffrances qui, de plus en plus, dépassent l’entendement.

Avec, en dénominateur commun, cette belle et détestable indifférence déguisée que chantait si bien et avec tant d’émotions Gilbert Bécaud :

« Les mauvais coups, les lâchetés, quelle importance,

Laisse moi te dire, laisse moi te dire et te redire ce que tu sais ;

Ce qui détruit le monde c’est l’indifférence »

Au diable la vérité

Il n’est que de voir le déferlement stupéfiant des informations dans le genre relayées par les adeptes acharnés de ces réseaux sociaux qui ont pris l’avantage sur une presse, qui se voulait au fond plus géopoliticienne qu’auparavant, et qui se retrouve à la traîne d’une information littéralement catapultée via ces réseaux sophistiqués mais pas systématiquement vérifiée comme cela est inculqué dans toutes les écoles de journalisme ou de communication du monde.

Au diable la vérité, il faut avant tout frapper. Vite et le plus fort sera le mieux même au détriment de l’exactitude des faits.

Certes, il faut bien reconnaître à ce système quelques avantages dont celui de mettre le feu aux poudres quitte à semer le trouble dans les esprits et favoriser inquiétude et suspicion.

Ainsi, s’instaure le fameux délit de faciès qui, même sous le coup de la loi, ne peut empêcher les dérapages de ces vieux démons qui ont conduit, au cours des siècles passés, à leur perte d’identité et de valeurs tant de civilisations humanistes.

L’histoire, et par voie de conséquence les exemples tout aussi historiques soient-ils, ne servent à rien.

Qu’importe le flacon pourvu qu’on ait l’ivresse.

En l’occurrence, celle qui permet aux détraqués de plus nombreux et déterminés – voir du côté des extrémistes de tous bords et des Djihadistes notamment qui sont les tristes vedettes du moment – à se mettre en scène de façon exponentiellement macabre.Obscurantisme

Chacun y va de sa petite analyse : de la troisième guerre mondiale annoncée à tout simplement (si on peut dire) une guerre de civilisation (Orient - enfin un certain Orient mais non des moindres - contre Occident).

Crime de lèse humanité que d’affirmer pareille ineptie.

Pourtant et n’en déplaise à ceux que ça pourrait gêner (on peut les comprendre), ce sont bien des occidentaux qui ont été visés et assassinés sur une plage tunisienne.

De la même façon qu’à Paris en janvier dernier les cibles sont précises.

Les exemples de cette discrimination criminelle ne manquent pas. Et ce n’est pas mettre de l’huile sur le feu que d’oublier ceux qui, partageant les mêmes convictions, n’interprètent pas - fort heureusement - les textes avec le même radicalisme et tout aussi aveuglément avec le même obscurantisme

A se poser la question de savoir où il vont et s’ils vont s’arrêter un jour.

Chaque communauté et celle qui à ce jour est en vedette tente de résister par la voix des plus modérés de leurs représentants.

Peine semble t-il et malheureusement perdue au nom d’une raison dont le plus grand nombre se moque.

Calmer le jeu ?

Certes, mais chacun sait bien, au fond de sa propre conscience, que le temps n’est plus à cette concession sinon tolérance pourtant élémentaires.

Il en résulte une extrême souffrance.

Une souffrance insupportable sous toutes ses formes, physiques et morales, et qui est devenue, au fil du temps et des temps, au même titre que la mort dont elle se fait souvent la triste alliée, un passage obligé.

L’être humain en est l’acteur-complice incontournable et souvent abject.

Source de souffrance

Une souffrance, comme l’agir sous toutes ses formes, dont le pape benoit XVI estimait qu’elle fait aussi partie de l'existence humaine et qu’elle découle, d'une part, de notre finitude et, de l'autre, de la somme de fautes qui, au cours de l'histoire, s'est accumulée et qui encore aujourd'hui grandit sans cesse :

« Il faut certainement faire tout ce qui est possible pour atténuer la souffrance : empêcher, dans la mesure où cela est possible, la souffrance des innocents ; calmer les douleurs ; aider à surmonter les souffrances psychiques. Autant de devoirs aussi bien de la justice que de l’amour qui rentrent dans les exigences fondamentales de l’existence chrétienne et de toute vie vraiment humaine. Dans la lutte contre la douleur physique, on a réussi à faire de grands progrès, mais la souffrance des innocents et aussi les souffrances psychiques ont plutôt augmenté depuis ces dernières décennies.

Oui, nous devons tout faire pour surmonter la souffrance, mais l’éliminer complètement du monde n’est pas dans nos possibilités humaines – simplement parce qu’aucun d’entre nous n’est en mesure d’éliminer le pouvoir du mal, de la faute, qui – nous le voyons – est continuellement source de souffrance. »

Au nom de la liberté d’expression

Pour l’ancien souverain pontife la réponse à propos de la souffrance est en parfait accord avec sa mission pastorale.

J’entends les cris d’orfraies de ceux qui contestent ce droit légitime à la parole sans pour autant être obligé de la partager. Au nom là aussi de la liberté d’expression farouchement défendue par les laïcs. Benoit XVI est clair :

« Eliminer le pouvoir du mal : seul un Dieu qui entre personnellement dans l’histoire en se faisant homme et qui y souffre est en mesure de l’accomplir. Nous savons que ce Dieu existe et donc que ce pouvoir qui « enlève le péché du monde » est présent dans le monde. Par la foi dans l’existence de ce pouvoir, l’espérance de la guérison du monde est apparue dans l’histoire. »

Au-delà de cette parole de pape c’est une autre réalité trop actuelle que je laisse à nouveau le soin à Gilbert Bécaud de dénoncer au travers de mots terribles de sens :

" L’indifférence, elle te tue à petit coup l’indifférence

Tu es l’agneau elle est le loup, l’indifférence … »

Suivez mon regard !

Bernard Vadon