Ecologie « LAUDATO SI » : Pour quelle raison l'Eglise n'aurait-elle pas son mot à dire ?

Publié le 19 Juin 2015

Demain sera t-il vraiment un autre jour ?
Demain sera t-il vraiment un autre jour ?

Une encyclique papale en forme de brûlot qui, à peine publiée, fait déjà des bulles en n’épargnant pas les acteurs du dérangement climatique.

Utopie ou réalité surtout en matière de climat : demain sera-t-il un autre jour ?

Il y a quelques mois, le titre interrogatif m’avait été inspiré par l’un de ces sommets internationaux rassemblant le nec plus ultra de « l’intelligentsia » mondiale mobilisée pour réveiller les consciences quant à des lendemains qui risquent de longtemps ne plus chanter.

En l’occurrence, il s’agissait du sommet sur l’écologie, à New-York.

La maison commune est en danger !

Une interrogation était alors assortie de l’espoir de ne pas voir sortir de ce rassemblement exceptionnel une mauvaise version de « Autant en emporte le vent ! » … En l’occurrence, celui porteur de ces promesses dont on sait, malheureusement, qu’elles font parfois les imbéciles heureux !

Sujet récurrent, s’il en est, avec les rendez-vous prochains et de nouveau à New-York en septembre - où d’ailleurs le pape interviendra à la tribune de l’ONU - puis en fin d’année à Paris.

Le document Laudato Si (Loué sois-tu !) est-il à peine publié fait déjà des bulles et que les critiques se font jour quant à conseiller, notamment, au souverain pontife de retourner dans ses églises pour y faire ce qu’il veut mais surtout pas de la politique.

Opinion d’autant plus déplacée que François (comme la plupart de ses illustres prédécesseurs) par ses origines et ensuite son parcours exemplaire, est mieux impliqué que quiconque pour apprécier le sujet et mesurer combien l’Eglise est concernée par une question qui met en danger, à très court terme, la maison commune (c’est sa belle expression pour désigner notre planète) si on ne prend pas rapidement les choses en mains. Une encyclique considérée, paradoxalement, comme joyeuse – en regard de l’espérance en l’homme – et dramatique – car la fameuse maison commune a commencé de brûler.

Dans le domaine de l’écologie intégrale l’Eglise de Rome s’est toujours responsabilisée. Précisément et cette fois plus encore par la voix de ce pape d’exception (sensibilisé plus que tout autre par ces origines franciscaines … on connaît l’amour sinon la dévotion de Saint François pour tout ce qui touche à la nature et à ceux qui la peuplent) invitant récemment « à se convertir à un développement qui respecte la création » et qui n’a pas dérogé à ce devoir d’homme citoyen du monde.

Les actions initiées par l’Eglise

Du Bangladesh - où Caritas s’implique dans la plantation de milliers d’arbres pour enrayer la déforestation - au Brésil et singulièrement en Amazonie avec la défense de la forêt et de ses habitants, en passant par Constantinople où le patriarche Bartholomée s’était employé à capter l’attention des chrétiens pour la défense de l’environnement mais aussi au Canada avec la dénonciation des gaz de schiste par les évêques canadiens sans oublier bien sûr le Saint-Siège qui exhorte l’industrie mondiale à respecter les peuples autochtones … en clair, une importante et large mobilisation générale et interreligieuse des autorités et communautés concernées. Pour n’en citer que quelques-unes.

Tout ce qui aujourd’hui est fait pour déplaire au géant américain plus enclin à protéger ses royalties en tous domaines et en particulier dans tout ce qui contribue à déstabiliser le climat, est condamnable.

Loin de moi, une fois encore, l’idée de mettre en évidence des situations difficiles comme c’est actuellement le cas et aller dans le sens de la théorie de certains exégètes en la matière, prônant – ils n’ont pas entièrement tort - le fait que le monde a perdu ses repères et que la boussole commandant la raison a quelque peu perdu le Nord.

Cependant, au-delà des faits répercutés par une médiatisation exacerbée, il faut bien convenir que par les temps qui courent tout ne va pas pour le mieux dans le meilleur des mondes.

Le climat qui conditionne en partie notre quotidien n’est pas en reste et bouscule quelques idées reçues abandonnant à la nature le dernier mot via quelques caprices et intempéries parfois dramatiques : tsunamis et autres bourrasques et cyclones dévastateurs, tremblements de terre avec, en prime, de terribles et catastrophiques inondations.

Certes.

Qu’en avons-nous fait ?

Autant de signes attestant de ce que la planète communément dite bleue est tombée dans un chaudron infernal qui met à rude épreuve le temps immémorial des saisons favorisant, paradoxalement, un courant froid dans les zones communément chaudes et réchauffant, en revanche, des contrées traditionnellement froides.

Le monde à l’envers dans l’attente de voir, si on n’y met pas un frein, la terre basculer sur son axe !

Sans adhérer aux prophéties de l’extrême, certaines situations leur donnent parfois raison par la réalité de nos malheurs présents et, qui sait, l’angoisse de la dernière heure arrivée. En tout cas, un grand nombre n’y ont pas échappé y laissant souvent leur vie.

Le pape François ne fait au fond que nous inviter à faire un examen de conscience sinon des lieux quant à la façon de reconsidérer nos mauvaises habitudes en ne faisant pas la part belle à la facilité.

En prenant aussi et particulièrement en compte le fait que le progrès nous a gratifié d’une qualité de vie au fond pas tellement négligeable en matière de confort et d’aisance quotidienne.

Qu’en avons-nous fait ?

Malheureusement, et nous le savons bien, la notion même de qualité au sens large du terme est aujourd’hui profondément dévoyée. Chacun se déchargeant sur l’autre de tous les dérapages qui affectent notre monde économique, social et culturel. Ceux et celles qui dénigrent la position papale ne sont pas les derniers à prendre leur bâton de pèlerin pour combattre celui qui ne fait que leur mettre le nez dans ce que l’on sait. Et le souverain pontife n’y va pas par quatre chemins usant, si besoin, d’arguments et de termes chocs pour secouer l’apathie de ses semblables.

Stigmatisant la pollution de l’air mais aussi celle des esprits par le fait d’une technologie communicative non maîtrisée.

La même question

Dans cette course contre la montre à la recherche d’un équilibre perdu, il se trouve encore quelques femmes et hommes, responsables et lucides, pour tirer la sonnette d’alarme et saisir toutes les opportunités pour dénoncer le laxisme général en matière d’irrespect total de l’environnement. Le pape ne manque pas de saluer au passage ces pourfendeurs des théories en opposition à tout ce que la nature nous offre pourtant de meilleur en ne laissant pas systématiquement la part belle au seul profit.

Alors, je me suis une fois encore surpris à rêver en Béarn, depuis la fenêtre de mon bureau, sur ce verdoyant spectacle campagnard offrant ses vallonnements gracieux caressés par les eaux à peine tourmentées du Gave, en contre-bas des Pyrénées au cœur desquels s’imbriquent, à perte de vue, les champs d’herbe et de maïs impeccablement tondus et lissés pour le plus grand bonheur de myriades de volatiles de toutes espèces.

Et si le véritable bonheur s’exprimait justement dans ces instantanés et pas forcément dans des prospectives à long terme dont on nous rebat actuellement, et sur tous les tons, les oreilles ?

La réalité se résume au temps présent plus qu’à celui du futur. Une réalité qui en appelle au respect de soi et des autres. Et par voie de conséquence naturelle, à notre environnement.

Aussi, ne fait-il aucun doute que la façon dont on résoudra au plus tôt les problèmes actuels conditionnera la qualité de nos lendemains. En d’autres termes, demain sera-t-il vraiment un autre jour ? Et pour la deuxième fois, je ne peux m’empêcher de poser cette même question.

Bernard VADON

Depuis la fenêtre de mon bureau en Béarn je me suis surpris à rêver ... climat : le rouge est mis ... sur la place Saint Pierre à Rome le salut d'un oiseau au pape franciscain.Depuis la fenêtre de mon bureau en Béarn je me suis surpris à rêver ... climat : le rouge est mis ... sur la place Saint Pierre à Rome le salut d'un oiseau au pape franciscain.Depuis la fenêtre de mon bureau en Béarn je me suis surpris à rêver ... climat : le rouge est mis ... sur la place Saint Pierre à Rome le salut d'un oiseau au pape franciscain.

Depuis la fenêtre de mon bureau en Béarn je me suis surpris à rêver ... climat : le rouge est mis ... sur la place Saint Pierre à Rome le salut d'un oiseau au pape franciscain.

Rédigé par Bernard Vadon

Publié dans #J - 2 - B ( Journal )

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