Au nom de la « sacro sainte » laïcité : Quand les religions se voient interdire l’espace public !

Publié le 4 Avril 2015

Un singulier refus de prendre parti en pays de liberté, égalité, fraternité !
Un singulier refus de prendre parti en pays de liberté, égalité, fraternité !

En matière de laïcité – à laquelle je tiens comme tout un chacun dans la mesure où elle ne s’accompagne pas d’ostracisme à la sauce athénienne sinon de ridicule - le religieux et tout ce qui s’y rapporte est systématiquement voué aux gémonies.

En ces temps où, au prétexte de laïcité, tout est quasiment permis, les caricaturistes qui ne sont pas dénués de talent mais toujours aux limites convenables de la moquerie méprisante, s’en donnent à cœur joie sur fond d’anticléricalisme souvent primaire qui n’est pas sans agacer ceux qui prennent la dérision au premier degré et donnent dans ce panneau d’un caractère primaire rare.

L’une des solutions consistant à prendre un peu de hauteur. Pas facile.

Les vieux filons anticléricaux

La décision stupide et réductrice de la RATP que de sacrifier sur l’autel de cette prétendue laïcité une simple affiche invitant à un événement musical organisé au bénéfice des chrétiens d’Orient (oh, le vilain mot !) est significative de cette société sécularisée où les références chrétiennes, selon l’archevêque de Paris, ne sont plus reconnues comme les repères de la culture commune.

Ce même cardinal affirmant encore que nous sommes devant un projet militant qui hérite, pour une part, des vieux filons anticléricaux du XIXe siècle en feignant de craindre que l’Eglise puisse exercer un pouvoir occulte et pour une autre part, de la difficulté des hommes à reconnaître une véritable transcendance.

Et le cardinal André Vingt Trois d’en rajouter, non sans délectation, une couche d’une extrême évidence – n’en déplaise à certains qui doivent admettre, peut-être à leur corps défendant, que « l’identité chrétienne est parfaitement compatible avec la méconnaissance, l’injustice, voire la brimade et la persécution » – en précisant que ce projet militant ne combat pas seulement le catholicisme comme une cible privilégiée mais vise aussi à l’élimination de toutes les religions de l’espace public et notamment de la religion musulmane.

De la croix au croissant en passant par l’étoile, il n’y qu’un pas pour stigmatiser le monde des religions.

Imbécilité révoltante

En tout cas, l’incident prend une allure de quasi affaire d’Etat dans un contexte de « christianophobie » manifeste.

Quelle mouche a bien pu piquer le président de la RATP, droit dans ses bottes de combattant laïque et qui refuse de capituler, se posant en défenseur incorruptible de cet espace public qu’il entend protéger à l'instar des oies du Capitole dont on sait qu'elles ne sont pas spécialement rusées... mais elles font du bruit !

La RATP ayant, donc et d’autorité, tout simplement refusé de prendre parti – on croit rêver – en occultant le bandeau concernant les chrétiens d’Orient considérés par cet ignorant comme des belligérants alors que le monde entier sait qu’ils sont victimes d’un conflit et au bénéfice desquels sera donné ce concert.

Une analyse d’une imbécilité révoltante !

« Quand l’ignorance culturelle assimile toutes les religions à un modèle unique de croyance et à un unique système de fonctionnement elle devient inapte à une laïcité authentique et elle ouvre le champ social à l’émergence d’un front de religions » estime encore le cardinal Vingt Trois.

Qui ajoute :

« Si la dérision et la caricature ont leurs auteurs qui doivent pouvoir s’exprimer, une société civilisée ne peut pas réduire le socle culturel de son unité à ce seul modèle. Elle doit sans cesse développer les capacités rationnelles et créatives de ses membres et les faire respecter, y compris dans leurs expressions religieuses qui ne sauraient devenir les seules victimes d’une nouvelle censure. »

En témoigne le silence « assourdissant » des médias et d’un grand nombre de politiques sur l’identité religieuse des victimes de Daech en février dernier et récemment à Garissa avec la bénédiction des cinglés d’Al Shabaab.

Consensus a minima

On n’a de cesse de nous bassiner avec la liberté d’expression mais est-ce trop demander que d’adjoindre à ce principe certes universel ceux non moins universels de la liberté de conscience et de la liberté de culte ?

Même si certaines revendications laïques ne sont souvent que l’habillage républicain d’un anti-islamisme ou d’un antisémitisme larvé et inavoué, elles ne sont pas sans effet sur l’attitude tenue à l’égard du christianisme dans notre société. Nous éprouvons, concrètement, combien ce militantisme aboutit à des aberrations, qu’il s’agisse des discussions oiseuses sur les crèches ou sur les menus des cantines.

Par exemple.

Aujourd’hui, la position stupéfiante de la RATP, qui « courageusement » se veut garante de l’espace public, est singulièrement le lâche comportement de trop dans une société qui, au fond et comme le remarquait encore André Vingt Trois, ne connaît que le consensus a minima comme marque de son « vivre ensemble ».

Bernard Vadon

En hommage émouvant aux chrétiens oubliés d'Orient, cet extrait du beau Requiem de Gabriel Fauré "Pie Jesu"

Sur un refrain connu ... la colère du cardinal ... un "assourdissant" silence médiatique et quasi politiqueSur un refrain connu ... la colère du cardinal ... un "assourdissant" silence médiatique et quasi politiqueSur un refrain connu ... la colère du cardinal ... un "assourdissant" silence médiatique et quasi politique

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