MARRAKECH : IMPROMPTU MUSICAL ET AMICAL SOUS LE SOLEIL DE DECEMBRE
Publié le 11 Décembre 2014
Depuis quelques années, au rythme des saisons et celui de leur humeur, quelques amis mélomanes – dont, cette fois, Eric Gérard, consul de France et son épouse Véronique - à l’invitation de Bernard Vadon et de Philippe Jayat se retrouvent avec Michel Chanard autour d’un piano pour célébrer ce que Verlaine, dans un poème évocateur, intitulait simplement :
« De la musique avant toute chose ».
Un moment privilégié pour apprécier d’abord les nourritures artistiques et culturelles et ensuite d’autres nourritures infiniment plus terrestres mais autrement agréables et délicieuses préparées pour la circonstance par la chef cuisinière marocaine, Mina et proposées aux invités, à l’issue du récital, par la jeune Awatef.
Mystère de la création
D’Arthur Rubinstein à Vladimir Horowitz en passant par Stéphane Grapelli, Isaac Stern, Ivry Gitlis et les plus contemporains,, Bruno Leonardo Gelber, Georges Cziffra, Claude Kahn, Gabriel Tacchino – l’initiateur des « Nuits du Suquet » à Cannes - , Jean-Marie Fournier, Bruno Rigutto, Cordelia Palm, Valéria Florencio, les organistes André Dubois et Henry Pourtau, le fidèle Michel Chanard, bien sûr … et la liste n’est pas exhaustive de ces artistes de grand talent aussi simples que disponibles rencontrés sur le plateau médiatique et rentrés spontanément dans le cercle des amis.
Laissons à Jean-Sébastien Bach la responsabilité de sa manière de penser – qu’en l’occurrence nous partageons – à savoir et selon lui : que le but de la musique devrait n’être que la gloire de Dieu et le délassement des âmes. Si l’on ne tient pas compte de cela, il ne s’agit plus de musique mais de nasillements et beuglements diaboliques.
Voilà pour le temps de réflexion qui émane d’un musicien et compositeur dont l’œuvre est toute entière tournée vers le mystère de la création et tout naturellement vers Dieu. En d’autres termes, le Verbe.
Mais revenons sur terre et tout particulièrement en ce dimanche 7 décembre à l’occasion de la rencontre de ces quelques amis autour d’un piano joué, ce jour là, par Michel Chanard initiateur, avec son hôte, d’un programme qui a fit la meilleure part à l’amour et à la non-violence.
Un choix délibéré mais significatif de la période de troubles affectant actuellement la planète.
Jean-Baptiste Kramer – compositeur et pianiste anglais du 19ème siècle - inspiré par les plaisirs d’amour de Martini … souvenons-nous : « Plaisirs d’amour ne durent qu’un moment. Chagrins d’amour durent toute la vie » a donné le ton sinon le traditionnel « la » de ce moment de ce délassement du cœur - pour paraphraser J.S Bach –
La grandissime Elisabeth Schwarzkpof ne fut-elle pas, entre autres, la remarquable interprète de cette pièce musicale universelle.
Quant à Frédéric Chopin, au travers de la Valse opus 64 N°2 » jouée par Michel Chanard, il instituait le fait que le piano était pour lui un exutoire mais aussi une manière de libérer ses sentiments.
Franz Liszt, quant à lui - qui estimait que sa vie n’avait été qu’un long égarement du sentiment de l’amour - apporta, par la brillance du jeu pianistique de Michel Chanard, cette évidence d’une existence – la sienne – quelque peu perturbée.
Temps d’exception
Un contexte éminemment émotionnel de ce temps de musique en amitié prolongé par deux autres pièces du compositeur anglais Edward Elgar (« Sérénade » et « Salut d’Amour ») avant la délicate interprétation du « Lac de Côme » composée par Gisèle Galos, musicienne à la réputation énigmatique au point d’avoir longtemps égaré les esprits quant à sa sexualité. Une évocation singulière avec, en filigrane, le souvenir de Mort Schuman … » J’ai tout oublié du bonheur. Il neige sur le Lac Majeur ».
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Le temps d’abandonner le clavier à une jeune pianiste marocaine, Wissal Ben Addi, qui, avec infiniment de délicatesse et de talent prometteur, interpréta la touchante « Valse de l’Adieu » de Frédéric Chopin.
Michel Chanard reprenait alors la main par le truchement d’œuvres tout aussi brillantes et révélatrices d’un amour aussi vrai que brulant. Notamment avec ce « Hello jeunes amoureux » de Richard Rodgers (l’homme aux 900 chansons, 43 comédies musicales et 5 Oscars à Hollywood) et enfin Manuel de Falla dont les mesures éclatantes pour ne pas dire explosives tirées de « L’Amour Sorcier » illustre musicalement une danse rituelle de transe et d’incantation où le feu est à même de chasser les mauvais esprits.
Edith Piaf, la grande Edith Piaf, par la voix de Mireille Picca-Audran, couronnait plus qu’elle ne clôturait cette célébration de l’amour au travers de quatre « standards » laissés par l’inoubliable artiste : « Les amants d’un jour » « Padam, Padam, » « Non, rien de rien, je ne regrette rien » et « Milord ».
Pourquoi ne pas laisser la conclusion de ce temps d’exception à Georges Braque et à sa conception originale des sentiments confiés aux sons :
« Le vase donne une forme au vide, et la musique au silence. »
Texte de Bernard Vadon
Instantanés photographiques du dernier et de l’avant dernier récital donné à la Résidence Katy’s. – Hivernage à Marrakech – :
Wissal Ben Addi, Mireille Picca-Audran, Michel Chanard et Bernard Vadon
Aperçus de l’assistance...
Et quelques vidéos en manière de « bis » sonores de la soirée :
Rêve d’Amour de F. Liszt, La Valse Opus 64 et la Valse de l’Adieu de F. Chopin. Sans oublier l’inoubliable Edith Pïaf célébrée par la voix de Mireille Picca-Audran avec un standard : « Non ,rien de rien , non je ne regrette rien »