DU GRAND N’IMPORTE QUOI...
Publié le 16 Décembre 2014
… ou ces crèches qui dérangent !
Frédéric Dard n’avait pas seulement le secret du mot qui fait rire sinon sourire, il pouvait aussi, au détour d’un paragraphe ou d’une réplique, assainir des évidences qui faisaient mouche, du genre :
«Les cons ça ose tout, c’est même à ça qu’on les reconnait ! ».
A quelques jours du traditionnel « Minuit Chrétiens » l’information n’a pas manqué de faire, comme on dit aujourd’hui en langage moderne, le « buzz » sur le « Web ».
Elle concernait les crèches de Noël, un symbole et non des moindres dans un pays – la France - qui a fait de la culture chrétienne un socle essentiel de civilisation.
N’en déplaise à ceux qui vouent aux gémonies tout ce qui touche aux religions et particulièrement à la religion chrétienne.
L’objet du délit : la crèche traditionnelle et son apparition en des lieux «consacrés » – pour rester dans la note appropriée - à la laïcité.
Des institutions républicaines – tribunaux administratifs (celui de Nantes) et préfet (celui de l’Hérault) notamment - vont jusqu’à donner de la voix dans cette soudaine et stupéfiante diatribe et sont montées au créneau pour stigmatiser les crèches au prétexte pour le moins fallacieux qu’elles seraient en contraventions avec : « les dispositions constitutionnelles et législatives garantissant le principe de laïcité ».
On croit rêver.
Heureusement, la contre-réaction n’a pas tardé à se manifester principalement du côté d’un grand nombre d’élus qui ont fait des crèches un élément d’actualité circonstanciel… histoire de se démarquer d’un acte isolé mais socialement grave.
MESSAGE DE PAIX ET D’AMOUR
Pourtant, depuis des décennies, en raison de la laïcisation de la célébration de Noël, la représentation de la Nativité a franchi le parvis des églises et autres lieux de culte pour des espaces privés – les maisons – ou publics – les centres administratifs ou commerciaux.
Si ce n’était – entre autres - l’intervention, dans cette affaire, de l’Association de la libre pensée qui colore singulièrement sinon philosophiquement la démarche, on pourrait défendre le principe exclusivement religieux en reconnaissant que la place d’une crèche est naturellement dans une église.
C’est oublier le caractère universel de l’événement et de son implication sociale et culturelle. Accessoirement commerciale.
En lui associant la suppression des Pères Noël et autres arbres de Noël de circonstance (dont la portée spirituelle, culturelle et artistique fut en son temps mise en exergue par le pape Benoit XVI), on porterait aussi atteinte à la plus élémentaire et la plus touchante des croyances portée au travers de l’exceptionnel message de paix et d’amour associé à la naissance du Christ et de son implication universelle au plan de la morale.
La représentation de la crèche, au travers de ses personnages clés – bergers et rois mages – mais aussi les animaux, illustre symboliquement le vœu pieux d’une humanité en recherche d’un idéal de pensée.
Cela en gênerait-il certains ?
En écho, le pape François - dont personne, y compris les non-chrétiens, ne contestera le sens de l’humain qui l’anime - en prévision de la journée mondiale de la Paix, le premier janvier prochain n’affirme t-il pas haut et fort :
« Je prie de manière particulière pour que, répondant à notre vocation commune de collaborer avec Dieu et avec tous les hommes de bonne volonté pour la promotion de la concorde et de la paix dans le monde, nous sachions résister à la tentation de nous comporter de manière indigne de notre humanité ».
FETE PAIENNE !
Ce ne semble manifestement pas être l’avis de tout le monde.
Notamment de Pierre Bergé – l’amant d’Yves Saint Laurent – qui en a récemment remis une couche en affirmant, dans le cadre d’une émission de radio rassemblant, autour d’une table, des invités stupéfaits en l’écoutant déclarer :
« Je suis pour la suppression de toutes les fêtes chrétiennes ! »
il est vrai que le titre de l’émission « On refait le monde » est une manière d’invitation à dire n’importe quoi.
Et dans le genre, le célèbre milliardaire de la gauche caviar et pseudo libérale, fondamentaliste laïque forcené, n’en est pas à son premier coup de goupillon par voie (et voix) de cette presse qu’il affectionne
Curieusement, M. Bergé, qui par ailleurs ne porterait pas la France dans son cœur, semble paradoxalement souhaiter que l’on conservât la fête de Noël - qu’il considère comme une fête païenne (sic) - et qu’on supprimât toutes autres.
Vous avez dit bizarre ?
Nul doute que le businessman n’a pas perdu complètement le Nord sachant pertinemment que Noël est aussi la fête traditionnellement réservée aux cadeaux et que le chiffre d’affaires de ses sociétés – comme tant d’autres qui ne sont pas forcément d’obédience chrétienne mais qui n’ont pas de scrupules à exploiter le label « Noël » (voir également les fameux marchés de Noël qui fleurissent le bon temps venu - est tributaire de cet événement chrétien que manifestement il abhorre :
« Nous ne sommes pas que des chrétiens en France. Pourquoi ne pas en tenir compte ? »
On pourrait retourner la remarque en lui adjoignant le fait que l’anticléricalisme, même au nom de la … « sacro-sainte laïcité », a ses limites. Dans l’attente – pourquoi pas – de la suppression des processions solennelles en extérieur, des noms de rues, places, squares et établissements scolaires … avant, tant que nous y sommes, la mise au placard des statues de personnalités à connotation religieuse (saints et autres).
Quant à Mme Dounia Bouzar, membre de l’Observatoire de la Laïcité, elle n’est pas en reste dans le débat et lui emboîte opportunément le pas en proposant tout simplement de supprimer deux jours fériés chrétiens pour les remplacer par l’Aïd el Kippour !
Ben voyons !
M. Jean-Luc Mélanchon – l’autre pourfendeur du clergé et de ses pompes qui s’offusquait, il n’y a pas si longtemps, de l’intervention papale devant les députés européens (en qualité de chef religieux mais aussi et surtout de chef d’Etat, détail ayant, au demeurant, échappé au militant exalté du Parti de gauche français) fait figure d’enfant de chœur dans ce déballage haineux.
Face à ce problème de crèches qui dérangent qui osera maintenant ne pas reconnaître que sur cette planète on marche vraiment sur la tête !
Bernard Vadon
VIDÉO Les gestes du pape François
Qu'il s'agisse de sa visite improvisée à Lampedusa le 8 juillet 2013 ou de sa rencontre spontanée avec un jeune autiste en octobre, le pape François a en effet su imposer son style, par sa mani...
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