François : un pape pas si ordinaire … et que j’aime !
Publié le 23 Novembre 2014
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Il vit chichement, ne roule pas carrosse, déjoue la stratégie de sa garde rapprochée très inquiète pour la sécurité du pontife et remet à l’heure certaines pendules !
Les « mouvements de l’esprit », comme disait Saint-Ignace- de-Loyola , n’ont pas épargné les acteurs mitrés du dernier synode qui s’est tenu à Rome en octobre à l’initiative du pape François.
La réflexion sur la famille qui constituait le morceau de choix de ce temps d’échanges était à même de pousser certains traditionnalistes et autant de progressistes à la faute. Le tout sur fond de polémique larvée avantageusement entretenue par les médias en recherche du scoop vendeur.
Qui n’a pas connu l’ambiance des conférences de rédaction peut avoir quelques difficultés à comprendre le sens de cette recherche du sensationnel. En ces lieux feutrés où se concocte l’information on ne plaisante pas avec une actualité souvent passée à la moulinette par la volonté d’un rédacteur en chef qui devra rendre des comptes.
Gare à lui s’il ne fait pas le bon choix.
Le pape est un sujet médiatique de prédilection et chacun de ses faits et gestes est systématiquement décortiqué. Parfois non sans délectation.
Et l’on sait maintenant que François, ne fait pas dans la dentelle et ne s’embarrasse pas pour appeler un chat, un chat. Les plus exigeants s’en délectent..
« Qu’y suis-je pour juger ? »
Egalement de quoi défriser les prélats les plus aguerris aux turbulences d’une curie déstabilisée par ce pontife initiateur d’une doctrine tout simplement conforme aux principes d’une église – son église – qui ne tourne pas le dos aux publicains et aux prostituées.
Un pontife qui n’a pas accepté les clés de l’Eglise pour en fermer les portes mais au contraire pour les ouvrir toutes grandes à ceux qui sont dans le besoin moral et matériel.
Comme certains rêveurs l’ont un peu naïvement suggéré, il ne vendra pas pour autant les ors du Vatican … d’abord, parce qu’il n’en a pas le pouvoir (mais oui) et que, de toutes façons, le partage éventuel des richesses se situe à un autre niveau humain !
Un pape d’exception venu de l’autre bout du monde et qui s’emploie, sans ménagement, à faire le ménage parmi certains dignitaires socialement nantis et finalement asservis au matérialisme au point d’en oublier les notions élémentaires de compassion et de miséricorde qu’il leur appartient, pourtant, de mettre en pratique.
Ce pape d’exception qui, face à la curiosité des journalistes manifestée au hasard d’un voyage en avion et soucieux de connaître l’avis du Saint Père sur certains comportements de société, singulièrement l’homosexualité et qui répond avec un aplomb désarmant :
« Qu’y suis-je pour juger ? »
C’était il y a trente ans !
Un pape d’exception animé de ce véritable discernement spirituel qu’il recommande à ses Pères et qui reste en adéquation morale avec ses prédécesseurs Benoit XVI et surtout Saint Jean Paul II lequel, lors d’un mémorable discours au stade de Casablanca (où il avait été invité le 19 août 1985 par le Roi Hasan II), affirmait, en homme de paix réaliste et visionnaire, combien les chrétiens et les musulmans avaient de choses en commun en qualité d’hommes et de croyants.
Suivez mon regard notamment du côté du Moyen-Orient pour regrettable preuve du contraire :
« Nous vivons, estimait Jean-Paul II, dans le même monde marqué par de nombreux signes d’espérance mais aussi par de multiple signes d’angoisse. Abraham est pour nous un même modèle de foi en Dieu, de soumission à sa volonté et de confiance en sa bonté. (..) Dans ce monde, il y a des frontières et des divisions entre les hommes ainsi que des incompréhensions entre les générations, il y a également du racisme, des guerres et des injustices comme il y a aussi la faim, le gaspillage et le chômage. (..) Certains risquent de se décourager, d’autres de se résigner et d’autres encore de vouloir tout changer par la violence ou par des solutions extrêmes alors que la sagesse et l’amour sont les seuls leviers du renouveau désiré. »
C’était il y a 30 ans !
Aujourd’hui, si rien – malheureusement - n’a changé dans le comportement de nos semblables, François, en fidèle successeur de Pierre et notamment dans le même esprit que son illustre prédécesseur, continue, avec une obstination louable, d’en appeler à un monde plus humain plus juste et plus fraternel où chacun pourra trouver sa place dans la dignité et la liberté.
Le charisme de l’un vaut bien celui de l’autre. Et c’est bien ce qui enthousiasme les croyants mais aussi les non-croyants en recherche d’une paix au demeurant introuvable mais séduits par ce pape argentin conscient des ravages causés par la misère physique et morale.
Un pape qui a manifestement vécu.
Un pape qui entend séparer la lumière de ténèbres.
En somme, un pape de circonstance.
Un pape que j’aime !