CLIN D’OEIL SORTIE LITTERAIRE ET SIGNATURE INATTENDUES EN PLEIN CŒUR … D’UNE DECHARGE PUBLIQUE !

Publié le 14 Septembre 2014

CLIN D’OEIL  SORTIE LITTERAIRE ET SIGNATURE  INATTENDUES EN PLEIN CŒUR … D’UNE DECHARGE PUBLIQUE !
CLIN D’OEIL  SORTIE LITTERAIRE ET SIGNATURE  INATTENDUES EN PLEIN CŒUR … D’UNE DECHARGE PUBLIQUE !

Voltaire, à tort ou à raison – n’est pas Voltaire qui veut aussi accordons-lui donc le privilège que l’on prête aux génies - estimait que l’art de la citation est l’art de ceux qui ne savent pas réfléchir par eux-mêmes.

Nous éviterons d’en user sinon d’en abuser surtout dans certains cas d’exception où la citation s’impose comme une sorte de raccourci facile menant aux sentiments ressentis par le plus grand nombre.

Le cœur a ses raisons que la raison ne connaît pas, écrivait pour sa part Pascal dans ses « Pensées » laissant à Héraclite d’Ephèse le soin d’affirmer qu’on ne se baigne jamais deux fois dans le même fleuve. Allez comprendre.

J’opterai plutôt pour cette autre citation de Lavelle à savoir que le plus court de soi à soi passe par les autres.

Les autres, en cet après midi radieux à l’ombre des Pyrénées sous le ciel béarnais inhabituellement couleur azur, représentent soudain tout ce qu’un auteur n’imagine pas.

Surtout lorsque les circonstances le conduisent à cet acte terrible de devoir sacrifier sur l’autel du traditionnel pilon un de ses livres qu’il a passionnément nourri dans la solitude du narrateur de fond. En somme, vie et mort annoncée d’une œuvre.

Pourtant, le miracle inattendu, en cette décharge offerte à tout ce dont la communauté ingrate des hommes rejette, s’est produit.

Le livre abandonné en quelques centaines d’exemplaires, dont il faut se débarrasser, lavés de la substantifique encre dont les effluves singulières émanant des livres scolaires tout frais sortis des imprimeries et qui ont caressé nos jeunes années, se révèle mystérieusement aux yeux émerveillés de la technicienne responsable des lieux.

Nostalgie quand tu nous tiens !

Autour d’elle, on s’agite de façon merveilleuse et naturellement sympathique.

L’inverse du climat caractérisant les séances de signatures traditionnelles en des endroits autrement feutrés

Le verdict libératoire on ne peut plus populaire (et ce n’est pas péjoratif mais plutôt admiratif) au terme de ces autographes dérobés au destin ne tarde pas à tomber, en contradiction totale avec le sort sinon la mort, quelques minutes auparavant réservés, à ces instants de vie consignés dans ces quelques pages.

« Le cœur en morceaux » (c’est le titre de cet ouvrage qui obtint le prix de la critique des Rendez-vous Littéraires de Cannes) retrouve ainsi ses moments de gloire et de seconde existence en un lieu – la décharge - où généralement le temps ne suspens même pas son vol mais s’arrête tout simplement. (1)

Je ne peux m’empêcher en ce moment d’émotion intense – allons pour le bonheur même fugace - de me remémorer ces mots de Balzac qui reconnaissait combien, à ses yeux, la beauté lui plaisait en quelque lieu qu’il la rencontrât.

Magiquement et à deux doigts de cesser d’être utile ce livre, la chose la plus fragile qui soit, illustrait magiquement ce que Simone Weil disait de la beauté : l’harmonie du hasard et du bien.

Le hasard et le bien ainsi conjugués à mon intention par celle que l’on appellera Lydie et qui n’avait que sa spontanéité pour livrer son sentiment au regard de cette situation un peu rocambolesque mais profondément émouvante :

« Et puis, vous savez Monsieur, ce livre ne terminera pas sa carrière dans cette benne. D’autres lecteurs ne fréquentant que rarement les librairies habituelles sont en attente de le découvrir dans diverses associations.»

Prémonition de survie ?

J’y crois ne serait-ce que pour ce merveilleux sinon ce rêve dont notre quotidien est de plus en plus orphelin.

A la veille des rentrées littéraires, une manière aussi de substituer aux adieux un au revoir moins traumatisant et de tirer élégamment sa révérence !

Bernard VADON

(1) Le livre, sous ce même titre, est l’objet d’une réédition numérique en ligne aux Editions Nuo.

Rédigé par Bernard Vadon

Publié dans #J - 2 - B ( Journal )

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