SOIXANTE DOUZE HEURES !
Publié le 3 Août 2014
C’est un lieu commun que de reconnaître - et de s’en émouvoir sinon de s’en offusquer - que l’argent et le pouvoir, par les temps actuels, sont au cœur des préoccupations du plus grand nombre.
Au delà de la théorie cyclique – qui, en bref, impliquerait le constat que notre univers serait le résultat sinon la « descendance » de dizaines d’univers avant lui qui se succèderaient de manière cyclique, thèse élaborée, notamment, par Albert Einstein mais qui ne fait pas pour autant l’unanimité dans le cercle relativement fermé des physiciens - il est indéniable que l’histoire du monde est en mouvement et qu’à ce propos la formule de Spinoza s’applique de façon implacable à savoir que les hommes, dans ce concept évolutif de la planète, sont plutôt conduits par le désir aveugle que par la raison.
Ce qui agite aujourd’hui les esprits, par voies médiatiques interposées, est significatif d’une perte générale de repères.
Au-delà des trêves ponctuelles et de principe mais généralement pas observées – 72 heures pour la dernière - le combat impitoyable que se livrent actuellement israéliens et palestiniens sans oublier les nombreux autres foyers de la Libye à l’Irak pour les plus préoccupants, le monde politique international est impuissant à trouver des solutions tout en illustrant le fait reconnu de ce que l’homme n’a que peu de pouvoir sur l’homme.
En principe ou philosophiquement parlant, car la réalité est tout autre lorsque ce pouvoir est associé à celui de l’argent qui reste un facteur de puissance et par voie de conséquence d’hypocrisie extrême.
L’attitude des grandes puissances expertes dans l’art de pratiquer le double langage en s’offusquant de la sauvagerie manifeste et réelle de ceux qu’ils encouragent indirectement à mettre un terme au conflit tout en les armant pour mieux se défendre, en est la preuve flagrante sinon moralement … désarmante !
Soixante douze heures de trêve c’était l’accord (de principe) accepté par les acteurs du conflit qui endeuille depuis trop longtemps l’inquiétant Moyen-Orient.
On ne peut même plus rêver car la trêve est rompue.
En ce domaine, comme en d’autres, plus que l’exception qui confirme la règle, on serait plutôt tenté de parler de tendance à faire et à dire n’importe quoi.
Il semble, pourtant, au-delà de ces exceptions qui nous aident à moins douter d’un avenir de plus en plus incertain, que l’on soit parvenu à un point de non retour ou de « turning point », comme disent les anglo-saxons.
On souhaiterait, en pareille situation où chacun est persuadé de détenir la vérité pour l’imposer, le cas échéant, à l’autre ou aux autres, que le monde prenne enfin conscience d’une forme de synthèse entre la platonisme et le christianisme, théorie chère à Saint Augustin lequel était parfaitement convaincu que le savoir peut conduire à Dieu et laisser cependant à l’homme le libre choix entre le bien et le mal.
Philosophie ou conviction fortement inspirée de la pensée cartésienne et du célèbre « cogito ergo sum » autrement traduit du latin : « Je pense, donc je suis » ?
La question est surtout posée de savoir avant d’exister si toutefois je pense … et dans quel sens.
On a de la peine à croire, en ces temps de folies guerrières qui affectent une des parties vitales de la planète, à cette faculté intrinsèque et mystérieuse d’humanisme et de pacifisme, crédo de tout homme de bonne volonté.
Le Moyen-Orient mais aussi l’Afrique – berceau de l’humanité – où le virus Ebola apparaît comme un facteur de mort imparable, préfigurent un monde sinon en irrémédiable déclin, en tout cas en recherche d’équilibre.
Le tocsin qui remet en mémoire, ce premier août, le triste souvenir du commencement de la première guerre mondiale et l’ombre de Jean Jaurès apporteur de paix par excellence mais froidement assassiné un 31 juillet, sont des signes également révélateurs d’une cité qui n’est pas de Dieu – comme celle célébrée par Augustin – mais bien terrestre avec ses montagnes de faiblesses et de trahisons et où tout homme est plus apte (je cite) à donner des ordres qu’à modestement en recevoir.
Bernard VADON